Violences policières. La CRS 8 visée par une enquête après des arrestations musclées à Rennes

Après la plainte déposée par un homme de 33 ans, violemment arrêté le 15 avril 2023 en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites à Rennes, le parquet a ouvert une enquête préliminaire qui vise des policiers de la CRS 8.

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La scène, filmée par un témoin depuis le balcon de son appartement, montre un homme bousculé par les CRS, ce 15 avril 2023, boulevard de la Liberté à Rennes. Elle se déroule en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites.

LIRE : Violences policières. Plaquage ventral, clé d’étranglement : la vidéo qui interroge

Sa nuque heurte le trottoir. Il se relève puis est violemment plaqué au sol sur le ventre par six policiers de cette unité baptisée CRS 8. Il est également roué de coups de matraque. L'un des policiers va même jusqu'à monter à pieds joints sur sa cheville droite.

La CRS 8 visée par une enquête

Ces policiers de la CRS 8 sont aujourd'hui visés par une enquête préliminaire pour "violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique", selon une information de Mediapart, confirmée par le parquet de Rennes. Le procureur de la République, Philippe Astruc, précise que l'investigation est confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Cette enquête a été declenchée suite à la plainte déposée par l'homme de 33 ans qui confie à Mediapart "être encore choqué. Les faits sont trop graves pour être passés sous silence" dit-il. Lui même, selon le site d'information, est poursuivi pour "outrage". "Alors même qu'ils m'agressent, explique-t-il, ils rajoutent de fausses déclarations en disant que j'aurais craché sur eux".

Anna Margueritat, photo-journaliste présente au moment des faits, filme la scène. Elle déclare que "rien ne justifiait une telle violence”. Elle tente de s'interposer. "J’ai vu que les CRS utilisaient des gestes interdits, qui ont coûté la vie à George Floyd, à Amada Traoré. Je leur ai crié d’arrêter” relate-t-elle.

La journaliste sera à son tour violentée et mise en joue par un lance-grenade, comme le montre cette vidéo postée par Reporters sans frontières.

Le député d'Ille-et Vilaine, Frédéric Mathieu (LFI), a, de son côté, saisi le procureur de la République de Rennes, le 18 avril. Il a également adressé un courrier au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ainsi que les différentes vidéos prises ce 15 avril boulevard de la Liberté.

Il rappelle que "la technique du plaquage ventral est une méthode dangereuse, ayant déjà entraîné de trop nombreux décès en France". Le député signale aussi que le numéro d'identification (RIO) de certains policers de la CRS 8 "n'était pas visible" alors que c'est obligatoire. Frédéric Mathieu demande "le retrait de la CRS 8 au profit d'unités formées".

Si son courrier au ministre de l'Intérieur n'a pour l'instant reçu aucune réponse de ce dernier, son signalement au procureur, en revanche, a été joint à l'enquête en cours, indique Frédéric Mathieu.

Créée en juillet 2021 "pour lutter contre les violences urbaines", la CRS 8 est intervenue pour la première fois à Rennes le 17 mars 2023. Cette unité d'élite, composée de 200 CRS, est, selon Gérald Darmanin, "un outil à la fois souple et mobile par son organisation qui permettra d’assurer une grande rapidité d’intervention avec des moyens optimisés”. Ses méthodes de maintien de l'ordre, plus répressives, impliquent d'aller au contact avec les manifestants.

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