Un poste de professeur, des outils multimédia et un plan de formation. Voilà les trois mesures annoncées par le président du Conseil régional en faveur de la transmission des langues de Bretagne. L'association Kelenn Omp attend des engagements concrets, notamment financiers.
Dans son discours ouvrant la session budgétaire de la Région, le président Loïc Chesnais-Girard a fait état "des discussions avec Pap NDiaye, ministre de l’Éducation nationale, et Emmanuel Ethis, recteur de l’académie de Rennes" sur la convention dite « des langues » signée en mars 2022. Il a ainsi annoncé trois mesures en faveur de la transmission des langues de Bretagne.
Dans un communiqué de presse, le Conseil régional détaille ces annonces, qualifiées "d'avancées notables".
Un poste de formateur, des équipements multimédia et un congé formation
Les trois mesures annoncées sont :
- L'ouverture d’un poste supplémentaire pour permettre la continuité du Parcours préparatoire au professorat des écoles bilingues Français-Breton (Licence PPPE) au lycée de l’Iroise à Brest.
- La mise en place d’équipements multimédia permettant la formation distancielle multi-sites des enseignements depuis l’INSPE de Saint-Brieuc.
- La mise en place, dès la rentrée 2023, d’un congé formation pour les professeurs souhaitant enseigner en langue bretonne (après recensement des candidatures sur le territoire breton).
Les associations attendent des précisions sur les budgets
L'association Kelenn Omp, qui regroupe tous les professeurs et formateurs de et en breton, reste très mesurée. "On attend des précisions avant de dire que c’est une belle annonce" réagit Renan Kerbiquet, coordinateur de la structure.
Un poste supplémentaire pour l'académie, ce n'est pas un cadeau !
Renan Kerbiquet, coordinateur Kelenn Omp
Concernant l'ouverture d'un poste supplémentaire au lycée de l’Iroise à Brest, le coordinateur de Kelenn Omp est cinglant. "Ce n’est pas un cadeau ! C’est un poste qui aurait dû être en place dès septembre 2022. C’est juste un rattrapage".
Renan Kerbiquet ne se satisfait pas non plus de l'annonce de la mise en place d'équipements multimédia à l'INSPE de Saint-Brieuc. "De quoi parle-t-on au juste ? D'un système de vidéo-conférence ?" interroge-t-il. Il explique que ce n'est pas cela qui fera revenir des étudiants à l'INSPE de Saint-Brieuc.
Ce n'est pas avec un outil multimédia que l'on formera de nouveaux enseignants
Renan Kerbiquet, coordinateur Kelenn Omp
Selon lui, le problème est avant tout géographique. "Les personnes qui passent le concours sont souvent en reconversion professionnelle. Elles habitent majoritairement à Brest, Rennes ou en Bretagne-sud et ne veulent pas aller passer deux ans à Saint-Brieuc".
Kelenn Omp estime qu'il faut ouvrir d'autres centres de formation ailleurs en Bretagne pour attirer des candidats. "Ce n'est pas avec un outil multimédia que l'on formera de nouveaux enseignants" résume le salarié de l'association.
En 2022, il y a eu moins de 10 candidats au concours de professeur de breton ou bilingue, alors qu'une quarantaine de places étaient proposées.
Quant au plan de formation évoqué dans le communiqué de presse, les acteurs de la transmission de la langue attendent de savoir quels moyens financiers vont être débloqués pour permettre la formation des futurs professeurs. À ce stade, ils estiment que rien ne permet de se réjouir réellement.
Renan Kerbiquet estime que ce ne sont pas ces trois annonces qui vont permettre d'atteindre l'objectif de 30 000 élèves apprenant le breton en 2027, pourtant inscrit dans la convention État-Région