L'installation d'une exploitation viticole est à l'étude sur la commune de Locmaria à Belle-Île-en-Mer. Or les parcelles sont classées Natura 2000. Sur l'île, les opposants au projet se mobilisent et dénoncent une opération "financière" et "marketing".
A Belle-Île-en-Mer, un dossier suscite l'émoi. Un projet viticole à l'étude depuis 2017, envisage de s'installer sur 7 hectares de la commune de Locmaria dans l'est de l'île.
Mais certaines parcelles visées sont classées Natura 2000, d'autres sont en zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) ou sur un site inscrit zone côtière, récifs, îles, archipels. Une parcelle se situe même dans le périmètre de protection d'un monument historique (le réduit de la Biche). Toutes ou presque devraient être déclassées par l'Etat pour permettre l'installation des vignes.
Les adversaires vent-debout contre l'installation de vignes sur Belle-Île
Sur l'île l'opposition s'organise, l'association "La Bruyère Vagabonde" a été créée. Son porte-parole Gilles Smadja interpelle directement le porteur du projet dans une lettre ouverte :"Le maintien de votre projet sur des sites de la côte sauvage (...) serait source de divisions et de tensions. C'est pourquoi, par mesure d'apaisement, nous vous demandons de renoncer à ces projets avant que l'Etat n'ait à se prononcer."La préfecture du Morbihan a confirmé qu'un dossier pour ce projet viticole était en cours d'instruction et qu'une enquête publique était prévue. "Le rapport établi par le commissaire enquêteur, ainsi que l'avis de l'autorité environnementale, seront des éléments complémentaires à l'analyse de mes services pour prendre la décision relative à cette demande d'autorisation," a écrit le préfet aux opposants dans un courrier en date du 20 juillet.
Les opposants à l'installation de ces vignes dénoncent le choix du bord de mer pour des raisons marketing. La vigne "détruira la
biodiversité (...) dans un contexte climatique extrêmement hostile avec les tempêtes et les embruns qui nécessitera de protéger les plants pendant l'hiver. Il faudra aussi construire des infrastructures," énumère le porte-parole de l'association.
Un non-sens pour la biodiversité locale et le tourisme
L'association La Bruyère Vagabonde dénonce un projet hors-sol, "qui n'a rien de bellilois. Nous sommes tout à fait favorables au développement de l'agriculture insulaire, une agriculture respectueuse de la nature et qui part des besoins locaux, comme le maraîchage, l'élevage ou la production de lait," complète Gilles Smadja auprès de l'AFP..Avec 380 000 touristes par an, Belle-Île-en-Mer est une destination vantée pour sa nature et son côté sauvage. Le déclassement des parcelles classées Natura 2000 pour l'installation de ces vignes est inconcevable pour les opposants."Il n'est pas vraisemblable que l'Etat déclasse des sites de la côte sauvage, cela irait à l'encontre de l'attractivité de Belle-Ile et de tout ce que les touristes viennent y chercher", considère l'association.
Les vignes de Kerdonis
Le dossier de vignoble est porté par l'homme d'affaires Christian Latouche, fondateur de Fiducial (une société française spécialisée dans l'expertise comptable et la gestion de patrimoine pour les entreprises). Il a créé en 2017 la SCEA (Société Civile d'Exploitation Agricole) des vignes de Kerdonis du nom d'un des lieux-dits visés par le projet de vignoble. Le but de cette future société viticole serait de produire 70.000 bouteilles par an selon l'association adversaire.
D'après un document de l'autorité environnementale soumettant le dossier à une évaluation plus approfondie (datant de février 2018), la SCEA annonce vouloir produire du vin "biologique, voire biodynamique," et qu'elle envisage "prioritairement l’exploitation de cépages blancs, classiques ou indigènes, ne nécessitant que peu de traitements."
La SCEA des vignes de Kerdonis est domiciliée dans le golfe du Morbihan, sur l'île de Boédic qui appartient à la commune de Séné. L'ile de Boédic a été acquise par Christian Latouche en 2013.