Logement. En justice pour avoir squatté une résidence secondaire inoccupée depuis plusieurs années à Belle-Ile en mer

C'est un peu le procès des résidences secondaires et de la crise du logement qui s'est tenu au tribunal de Lorient ce jeudi. Celui d'un travailleur saisonnier, pour avoir squatté une maison inoccupée depuis des années. Il était soutenu par des militants du droit au logement.

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Ce jeudi 13 janvier 2022, il y a du monde devant le tribunal de Grande instance de Lorient. Elus, associations et citoyens sont venus soutenir Pascal, 44 ans, jugé pour avoir occupé quelques semaines une résidence secondaire inhabitée. Un squatteur pour certains, pour d’autres, un défenseur du droit au logement.

Le 19 juin dernier, Pascal travailleur saisonnier sur Belle-Ile-en-mer, pénètre dans une maison secondaire de la commune de Bangor, inhabitée depuis plusieurs années. Avec deux autres personnes, il décide d’occuper illégalement le logement  situé dans le sud de l’île. 

Il pleuvait, cela faisait des semaines que je cherchais un toit sur Belle-ile-en-mer, la maison était abandonnée, je devais me mettre à l’abri

Pascal, travailleur saisonnier à Belle-île

Travailleur précaire, l’homme enchaîne les contrats courts et selon son avocate n’avait pas les moyens de se loger sur l’île

Paradoxalement, c’est bien Pascal, qui le 5 juillet dernier a décidé de se rendre à la gendarmerie pour faire constater l’occupation de la maison. Le lendemain, la propriétaire âgée de 86 ans porte plainte pour violation de domicile. Elle n’était pas venue depuis 2019 du fait de la pandémie mais "l’avait fermée soigneusement dans l’intention d’y revenir".

Le 16 juillet, Pascal est expulsé du logement après un arrêté préfectoral. Aujourd’hui, il est jugé pour soustraction frauduleuse d’eau, d’électricité, détériorations de biens et violation de domicile. 

Un procès en forme de tribune politique

Le procès sert aujourd’hui de tribune politique. La pénurie de logement sur le littoral breton, les maisons secondaires en augmentation constante amènent à une flambée des prix. Les logements sur la côte ou dans les îles sont ainsi devenus difficilement accessibles pour les habitants ou les travailleurs locaux.


Les élus régionaux de l’UDB ont décidé d’être présents devant le tribunal, pour défendre ce droit au logement. "Le droit de se loger doit primer sur le droit d'avoir une résidence secondaire" explique Nils Caouissin, élu régional UDB et promoteur du statut de résident.

Un avis partagé par Bertille, 22 ans et insulaire. La jeune femme a souhaité se déplacer pour soutenir Pascal dans cette épreuve et exprimer aussi sa colère. 

C’est un problème et il faut en parler. Toute l’année, je passe devant des logements aux volets fermés. Les maisons se dégradent, on a envie de les faire vivre !

Bertille, jeune insulaire, soutien de Pascal

Dans la salle vide, pour cause sanitaire, Pascal répond de manière hésitante aux questions de la présidente : "Vous semblez avoir l’habitude de ces occupations sans biens, ni titres. Vous avez prévenu les gendarmes, les voisins, vous dites n’avoir pas utilisé l’électricité et l’eau".

Face à ces interrogations, l’homme nie "Ce n'était pas mon intention au départ, j’avais trouvé un travail, mais je n’avais pas assez pour trouver un logement".

Un militant en croisade "à l’assaut des maisons secondaires", selon le procureur

Le procureur n’est pas convaincu et voit dans le prévenu, un militant en croisade "à l’assaut des maisons secondaires", et c’est pour lui un élément aggravant. Il requiert trois mois de prison avec sursis et une amende de 100 euros. 

 

A Belle-Ile-en-Mer, le nombre de maisons secondaire atteint 60 %, un taux que l’on retrouve régulièrement sur le littoral breton. 


La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 3 février prochain.

 

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