Cet étudiant veut utiliser l'urine des festivaliers pour produire de l'électricité : "on pourra même recharger son téléphone portable"

Étudiant ingénieur à Lorient, Louison Jannee s'est lancé le défi de mettre au point une pile à combustible microbienne permettant de transformer l'urine en électricité. Il compte expérimenter le procédé dès cet été dans plusieurs festivals bretons.

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À seulement 21 ans, Louison Jannee a de la suite dans les idées. Après avoir suivi une prépa scientifique technologique et sciences de l'ingénieur à La Rochelle, il a intégré, en septembre dernier, la première promotion énergie, hydrogène à l’École nationale des sciences de l’ingénieur de Bretagne-Sud (Ensibs), à Lorient, dans le Morbihan.

Il vient aussi d'être récompensé du prix de l'Agitateur pour son projet "Collecte d'urine by L". Derrière cette appellation, une ambition : créer des urinoirs pour femmes et hommes dans les grands événements, type festivals, afin de collecter l'urine pour la transformer en électricité. Un projet qui a séduit la Fondation Université de Bretagne-Sud (UBS).

Pile à combustible microbienne

Louison s'est inspiré de son expérience de bénévole et responsable développement durable au sein du festival Au Pont du Rock à Malestroit. Un événement durant lequel le futur ingénieur a mis en place des urinoirs pour les femmes. "Ma problématique, c'était de savoir comment gérer les flux des toilettes chez les femmes, dit-il. Et ça, c'est la première partie de mon projet, commercialiser des urinoirs féminins. Je me suis posé ensuite une deuxième problématique : comment valoriser cette urine ?"

La pile se nourrit de bactéries pour fabriquer des électrons et produire de l'électricité

Louison Jannee

Étudiant ingénieur

Pour mener à bien son projet, Louison s'est orienté vers la mise au point d'une pile à combustible microbienne capable de générer de l'électricité ou de l'hydrogène à partir de l'urine. Son principe ? "Avec l'urée, on utilise une pile à combustible pour générer cette électricité. L’urée, l’ammoniac et l’azote qui sont contenus dans l’urine nourrissent les bactéries, explique Louison. La pile se nourrit de bactéries pour fabriquer des électrons et produire de l'électricité. On peut également créer de l'hydrogène avec l'électrolyse de l'urée."

Utiliser l'urine pour charger son téléphone

De la même façon que les plantes se nourrissent d’eau, les piles à combustibles vont se nourrir d’urine, la croissance des microbes générant la production d’électricité.

Quelques watts suffisent pour éclairer des toilettes, des panneaux led ou recharger des téléphones portables. "On pourrait également éclairer une partie d'un festival ou pourquoi pas remplacer les groupes électrogènes qui sont, au niveau carbone, très néfastes pour l'environnement. On pourrait même éclairer une scène très énergivore  parce que si on urine en continu, cela alimente en continu la scène."

Une technologie déjà testée en Angleterre

Ce procédé technologique n'est pas nouveau. Une équipe scientifique du centre de bioénergie de Bristol a également développé "l’urine tricity" ou "Pee power". Et elle a déjà en Angleterre des applications bien réelles. Désireux de réduire toujours davantage leur empreinte carbone et d’orienter leur stratégie vers la durabilité et la sensibilisation aux problématiques écologiques, les organisateurs de festivals voient justement en cette "urine tricity" l’opportunité d’amortir leurs dépenses énergétiques gargantuesques.

C’est pourquoi le festival de Glastonbury, en Angleterre, renouvelle chaque année, depuis 2015, l’expérience "Pee Power" en intégrant ces urinoirs innovants à leurs infrastructures.

Une installation de 40 toilettes utilisées par les 135 000 festivaliers a permis d'alimenter les dix panneaux d’affichage diffusant les dernières nouvelles du festival.

Une seconde installation a été placée à proximité du coin presse et des loges, permettant aux artistes et journalistes de recharger leurs téléphones portables aux bornes elles-mêmes auto-éclairées par leur urine.

Le Pont du Rock, ça va être mon festival test

Louison Jannee

Étudiant ingénieur

Louison veut aussi l'expérimenter à grande échelle en Bretagne et ce, dès cet été, lors des festivals comme Au Pont du Rock les 2 et 3 août. Avec, pour première étape, la commercialisation de ses urinoirs. "Le Pont du Rock, ça va être mon festival test, indique l'étudiant. Je me suis dit qu'il me fallait un produit brut pour être cohérent vis-à-vis de mes clients pour ensuite développer cette partie microbienne et à la fin commercialiser le tout."

En sachant qu’un être humain produit entre 1 et 1,5 litre d’urine par jour, on saisit tout le potentiel que représente cette nouvelle source d’énergie presque gratuite et renouvelable.

Nommé aux Oscars du Morbihan

En parallèle de ses recherches suivies de près par Philippe Mandin, chercheur spécialiste de l’électrolyse et de la pile à combustible, Louison est en train de créer son entreprise, "Collecte d’urine by L", dont l'objectif est la vente ou la location des urinoirs pour les grands événements. 

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Pour son projet, le jeune homme est nommé aux Oscars du Morbihan. Ce concours récompense chaque année les start-up, les jeunes entrepreneurs et les entreprises du département. La soirée de remise des prix aura lieu le 11 avril 2024. 

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