Entre le 1er décembre 2022 et le 3 avril 2023, selon les chiffres de l’observatoire Pelagis, 1.380 cétacés ont été retrouvés échoués morts sur les côtes atlantiques. Le Conseil d’Etat a estimé que les mesures prises par le gouvernement français étaient insuffisantes pour protéger l’espèce et avait exigé la fermeture de certaines zones de pêche durant les mois d’hiver. Le gouvernement envisage de donner des dérogations aux bateaux équipés de dispositifs anti capture. Une décision qui exaspère les associations de défense de l’environnement.
"On va encore avoir un hiver meurtrier, s’inquiète Lamya Essemlali, la présidente de Sea Shepherd France. C’est terrible".
Selon les données de l'Observatoire Pelagis; 1.380 dauphins se sont échoués sur les côtes cet hiver. Ils étaient déjà 740 en 2022, plus de 1.000 en 2021 et 1.471 en 2020.
En mars 2023, le Conseil d’Etat, saisi par Sea Shepherd et France nature Environnement, a estimé que "les mesures actuelles, dont l'expérimentation de dispositifs acoustiques, ne permettaient pas de garantir un état de conservation favorable des espèces de petits cétacés, dont le dauphin commun et le marsouin commun sont menacés d'extinction, au moins régionalement."
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Le Conseil d’Etat avait alors donné six mois au gouvernement pour prendre des mesures afin de réduire les captures de cétacés et exigé la fermeture de certaines zones de pêche pendant l’hiver.
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Selon l’AFP, qui a pu consulter un projet d’arrêté, "le gouvernement envisage de permettre une dérogation totale pour les navires équipés de dispositifs à l'efficacité pourtant contestée par les ONG.
Le texte, qui doit être mis en consultation publique à brève échéance, prévoit d'interdire l'usage de plusieurs types de chaluts et filets "dans le Golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février inclus pour les années 2024 à 2026, compte-tenu de la recrudescence d'échouages de dauphins à cette période.
"Du foutage de gueule"
"Pour le dire poliment, c’est du foutage de gueule, s’agace Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France. Même quand la plus haute juridiction française se prononce, on voit bien que dans les faits, ce n’est pas suivi d’effets."
"Cela ne correspond pas du tout à la demande du Conseil d’Etat et aux attentes des scientifiques. Le Conseil d’Etat était très clair dans sa décision. Le gouvernement a cédé à la pression des pêcheurs et cherche à gagner du temps. On va encore avoir un hiver meurtrier. "
L’association estime qu’entre 5.000 et 10.000 cétacés trouvent la mort chaque année à cause des engins de pêche.
Un mois de fermeture au lieu de trois
Le projet d’arrêté porte sur un mois de fermeture contre "trois mois recommandés par les scientifiques". "Un scénario est manifestement insuffisant pour garantir un taux de mortalité qui soit soutenable sur le long terme pour les dauphins" déplore aussi Jérôme Graefe, juriste pour France Nature Environnement (FNE). On va réfléchir à toutes les suites juridiques qu'il convient d'apporter à cette décision qui est décevante. "
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Et une dérogation pour les bateaux équipés de dispositifs
"Pour l'année 2024, l'interdiction ne s'applique pas aux navires équipés de dispositifs techniques actifs de réduction des captures accidentelles ou d'un système actif d'observation électronique à distance", prévoit le projet d'arrêté, autrement dit pour les bateaux équipés de systèmes répulsifs acoustiques ("pingers" sur la coque ou balises sur les filets) ou bien dotés de programmes informatiques avec des caméras sous l'eau.
Le projet d'arrêté, émanant des services du secrétaire d'Etat à la Mer Hervé Berville, affirme que les systèmes de caméras "sont susceptibles d'apporter une contribution significative" à la lutte contre les captures accidentelles.
"Les pêcheurs qui mettront des caméras sur leurs bateaux ou utiliseront des Pingers pourront aller pêcher avec les méthodes de pêche destructrices en plein milieu du golfe de Gascogne pendant l'hiver", déplore Jérôme Graefe.
"Les caméras, c’est une bonne chose, mais les caméras n’empêchent pas les captures. Quant aux répulsifs acoustiques, les Pingers, on a filmé des tas de bateaux équipés de répulsifs qui ramenaient des dauphins dans leurs filets. L’efficacité de ce système est très relative et n’est pas à même de diminuer les captures."
D’ailleurs, "il n'y aura pas assez de matériels pour tout le monde" prévient Olivier Mercier, patron de pêche dans le golfe de Gascogne, dont la coque de l'un de ses bateaux est déjà équipée d'émetteurs de fréquences et de caméras. "Tous les bateaux ne seront pas tous immédiatement équipés car on n'est pas dans la fabrication d'usine", estime le pêcheur d'Arcachon qui déplore "une décision prise dans l'urgence, sans vision d'avenir".
Lamya Essemlali redoute maintenant que si la fermeture des zones de pêche soit effective un jour, cela n’arrive trop tard. "Et, il est déjà très tard ! " constate-t-elle
"Nous avons des signes avant-coureurs de risque d’extinction. Les dauphins se reproduisent de plus en plus jeunes et de plus en plus vite. Ce qui veut dire qu’ils essayent de s’adapter. L’impact de la pêche est tel que cela modifie leur cycle de vie."
"C'est un dispositif qui sera finalisé après la consultation du public qui se termine fin septembre" a simplement commenté auprès de l'AFP le secrétariat d'Etat chargé de la Mer.
(Avec AFP)