"J'y vais mais j'ai peur". La course au large racontée dans une bande dessinée à travers les yeux de Clarisse Crémer

Coécrite avec la bédéaste bretonne Maud Bénézit, la bande dessinée intitulée "J'y vais mais j'ai peur. Journal d'une navigatrice" revient sur l'aventure du record de Clarisse Crémer lors du Vendée Globe 2020. La skippeuse y raconte ses doutes, ses efforts et ses joies avec humour et beaucoup d'autodérision. Une manière unique de découvrir l'univers de la course au large.

Pour expliquer la genèse de ce projet, il faut remonter au 3 février 2021, date à laquelle Clarisse Crémer est entrée dans l’histoire de la navigation en solitaire et du Vendée Globe après quatre-vingt-sept jours, deux heures, 24 minutes et 25 secondes en mer. Ce jour-là, elle vient de disputer son premier tour en solitaire et elle devient surtout la femme la plus rapide de l'histoire du Vendée globe. 

Une incroyable aventure humaine qu'elle a souhaité retranscrire de manière unique. Elle choisit donc la bande dessinée et contacte en juillet 2021 l'autrice et illustratrice de bande dessinée Maud Bénézit. Cette ex-ingénieure agronome de formation reconvertie dans la BD et qui réside à Betton près de Rennes, a notamment publié "Il est où le patron ?", une BD documentaire féministe sur l'histoire de jeunes paysannes combatives et passionnées

"Ce projet, c’était à la fois l’envie pour Clarisse de mettre ses aventures en BD parce qu’elle aime l’idée de transmettre, explique Maud Bénézit. Et le faire sous forme de BD, c’est parce qu’elle s’est vraiment rendu compte que c’était un média assez grand public." 

Un travail de deux ans

Pendant deux ans, Maud Bénézit s'est donc immergée dans l'univers de la course au large, un univers qui lui était jusque-là presque totalement inconnu. "J'avais fait un peu de bateau mais je n'avais jamais suivi de course."

Dès la première journée de travail, la navigatrice lui a donc donné un cours en accéléré de voile. "Elle m'a dessiné un bateau pour m'expliquer les lois de la physique et comprendre les différents points de réglage à bord du bateau."

En parallèle, la bédéaste se documente et plonge dans l'univers de la navigatrice en écoutant ses interviews ou en regardant les vidéos de la skippeuse. Clarisse Crémer s'est aussi prêtée facilement, durant tout ce temps, au jeu des questions-réponses. "L'idée n'était pas de m'accorder des interviews mais véritablement d'écrire ensemble. C'était vraiment un travail d'écriture collective."

Journal d'une navigatrice

Mais pour s'imprégner encore plus de l'histoire de Clarisse, Maud va avoir accès à son journal de bord écrit pendant le Vendée Globe 2020. "J'ai eu accès à cette progression de pensées qu'elle a posée avec son stylo dans un carnet. Cela a été un support pour rentrer dans sa tête et dans son monde. J'ai eu vraiment le sentiment de vivre sa vie par procuration et un peu l'impression d'avoir fait ce tour du monde avec elle."

Un personnage de BD avec beaucoup d'autodérision

Armée de ses carnets de dessins, l'illustratrice a donc passé beaucoup de temps à Lorient auprès de Clarisse Crémer pour croquer et représenter la navigatrice en personnage de bande dessinée. On y découvre une skippeuse très dynamique mais surtout drôle et bourrée d'autodérision. 

"L'humour, c'est un outil super chouette pour faire passer des messages et accrocher les lecteurs à notre récit, souligne Maud Bénézit. C'est venu naturellement car Clarisse, quand elle parle de son expérience, elle a le sourire et le rire facile. C'est une composante claire dans notre BD mais qui est venue tout naturellement. On avait envie que ce soit un truc joyeux et que cela fasse rire."

Un manuel de course au large

Cette bande dessinée documentaire est aussi l'occasion de découvrir et d'expliquer ce qu'est le monde de la course au large à la manière de ce qu'a pu raconter Marion Montaigne sur l'histoire de l'astronaute français Thomas Pesquet avec "Dans la combi de Thomas Pesquet". 

"Clarisse avait l’impression d’avoir déjà dit beaucoup de choses sur son parcours. Au tout début, son idée principale, c'était de l’utiliser comme un outil pour vulgariser et expliquer les bases de ce qu’est le monde de la course au large, relate Maud Bénézit. Comment on gère la chaleur, le sommeil ? On a vraiment lié le niveau de l'intime et de l'émotion pour explorer des sujets plus larges de vulgarisation."

La navigatrice revient également à la fin de la bande dessinée sur son éviction du Vendée globe 2024, suite à sa maternité et la polémique qui a suivi avec son ancien sponsor Banque Populaire. "On n'a pas très envie de s'en souvenir même si c'est un thème très important. On a quand même réussi à intégrer ces questions de sexisme et de féminisme, comment être une sportive de haut niveau aujourd'hui sans que le projet de maternité ne stoppe la carrière ?"

LIRE. Route du Rhum 2022. Pourquoi si peu de femmes dans cette course en solitaire ?  

Une séance dédicace à Lorient le 23 janvier

Alors que la navigatrice est prête à repartir, avec deux transats en solitaire au printemps et un Vendée Globe en 2024 aux côtés de son nouveau sponsor, Maud Bénézit a également d'autres projets de bande dessinée mais "au stade embryonnaire". 

Il sera possible de les rencontrer lors d'une séance de dédicaces à Lorient le 23 janvier prochain au café Code Ø  à 18h.

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