"Les excès ne doivent pas rester impunis", un putois, espèce menacée, découvert mort de faim dans une cage

Au printemps 2023, des promeneurs ont découvert à Bubry, dans le Morbihan, deux animaux sans vie, un surmulot et un putois, enfermés dans des cages. L'association One Voice a porté plainte. L'affaire sera jugée le 2 avril 2024 devant le tribunal de Lorient.

En avril 2023, des promeneurs ont découvert, sur le territoire de la commune morbihannaise de Bubry, un putois et un surmulot, morts de faim et de soif à l'intérieur de deux cages.

Avertie des faits, l'association One Voice a décidé de porter plainte. "Ce genre de pratique est très répandu, prévient Nicolas Yahyaoui, juriste et chargé de campagne pour One Voice. Ici, le dossier est considéré comme important : la personne a été identifiée, les faits sont a priori indiscutables car ils ont généré l'ouverture d'une enquête." Ils seront jugés au tribunal judiciaire de Lorient le mardi 2 avril 2024.

Obligation de relever les pièges au quotidien

En Bretagne, cette affaire est loin d'être la première mais ce type d'audience est rare et les condamnations le sont encore plus. "Le temps et les moyens à disposition des enquêteurs sont limités, et les pièges sont souvent sans numéro d'identification, constate Nicolas Yahyaoui. Pour poser des pièges, une autorisation de la préfecture est nécessaire, après avoir suivi une formation, ainsi qu'une déclaration en mairie. C'est en fait très facile de ne pas respecter les règles."

"Il faut aussi relever quotidiennement les pièges de type 1, pour voir si des espèces protégées n'ont pas été piégées, abonde Thomas Le Campion, chargé d'études et de conservation pour le Groupe mammalogique breton. Nous avons régulièrement des doutes sur le terrain à propos de la relève, ou non, de ces cages pièges. Mais il peut aussi y avoir une mauvaise identification de l'animal ou du braconnage, ce qui est illégal, contrairement au piégeage."

Selon la Fédération régionale des chasseurs de Bretagne, "le piégeage n'est pas une pratique de chasse. Les piégeurs peuvent être des chasseurs mais tous les chasseurs ne sont pas des piégeurs."

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"Un sujet de masse"

À la réglementation sur les pièges s'ajoute celle sur les animaux. Le surmulot n'est concerné par aucune réglementation. Au contraire du putois, auparavant classé comme espèce nuisible, qui ne figure plus sur la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts (ESOD) depuis août 2023, suite à une décision du Conseil d'État.

Le petit mammifère est en effet considéré en état de conservation défavorable. Dans le cas de l'affaire qui sera jugée à Lorient, le putois aurait donc dû être "immédiatement relâché", après vérification de l'intérieur de la cage, selon un arrêté en date du 3 août 2023.

La grande hypocrisie, c'est que ces pièges sont censés être sélectifs

Nicolas Yahyaoui

Juriste et chargé de campagne pour One Voice

"Les pièges qui tuent les animaux sont interdits près des cours d'eau, rappelle Thomas Le Campion. Certaines espèces, comme les loutres d'Europe ou les campagnols amphibies, sont assez grosses pour les déclencher. Les animaux peuvent aussi subir de grosses blessures, alerte-t-il. Les pièges sont plus dangereux aujourd'hui, ces incidents pourraient se multiplier. Les cages pièges sont lourdes à porter et on est obligé de les relever tous les jours, donc les pièges ont tendance à appartenir à des catégories plus élevées."

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"La grande hypocrisie, c'est que ces pièges sont censés être sélectifs, conclut Nicolas Yahyaoui. C'est un sujet de masse, qui concerne des centaines de milliers d'animaux chaque année. Nous recevons des témoignages qui indiquent que des chiens et des chats ont été tués ou amputés. Il faut faire prendre conscience de la réalité du piégeage, qui est un vrai danger, pour que les excès ne restent pas impunis."

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