Témoignage. Faute de structure pour son fils autiste, cette famille a mis sa vie entre parenthèse

Publié le Écrit par Nicolas Corbard

Depuis 1 an et demi, Anne-Sophie Lemarchand se bat pour trouver un institut médico-éducatif dans le Morbihan pour son fils Lucas. Sans solution, ils sont contraints de vivre à Brest alors que le deuxième fils de la famille vit à Lorient à 135 km de là, avec son père. Les parents et les deux frères ne supportent plus cette séparation.

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C’est une mère courage. Le ton est pugnace. Elle se battra jusqu’au bout pour ses enfants, nous dit-elle. "Je ne lâcherai rien". Pourtant, c’est aussi d’une voix lasse qu’Anne-Sophie Lemarchand raconte pour la énième fois la situation de sa famille.

Tout a commencé en septembre 2022, lorsque le père militaire, marin d’Etat, est muté à Lorient. Le couple est séparé sous le régime de la garde alternée. Ils ont deux enfants. Lucas, autiste sévère, et Alban ; tous deux sont âgés respectivement aujourd’hui de 17 et 13 ans. Anne-Sophie n’a aucune attache à Brest, elle avait suivi son mari et, justement, ses proches à elle vivent dans le Morbihan.

Aide-soignante, elle sait qu’elle retrouvera du travail sans difficulté, elle décide donc de déménager elle aussi. Alban rejoint un collège à Lorient. Reste à trouver une place en IME (Institut médico-éducatif) pour Lucas. C’est là que les ennuis commencent.

Pas assez de place en IME dans le Morbihan

Lucas est scolarisé dans l’IME de Plabennec depuis 8 ans. "Un établissement remarquable, avec des professionnels dévoués", souligne Anne-Sophie. Les éducateurs, l’assistante sociale, tous tentent de trouver une place pour Lucas dans le Morbihan.

Le PCPE (pôle de compétence et de prestations externalisés) est contacté. Ce dispositif permet justement de trouver une solution pour accompagner les enfants handicapés. Problème : Lucas n’est pas le seul mineur à chercher une structure dans le 56. "On nous a répondu qu’il n’était pas prioritaire car il avait déjà un IME dans le Finistère. On nous a proposé de le déscolariser mais c’était impossible."

Une décision incompatible avec la vie professionnelle d’Anne-Sophie et contraire au bien-être de Lucas, autiste sévère, qui ne parle pas. "Lucas c’est mon Petit Prince, il est dans sa bulle. Il a besoin d’être accompagné. Vous imaginez ce que ce serait de lui faire quitter son école sans prise en charge derrière ?"

Deux frères qui vivent à 135 km l'un de l'autre 

De l’autre côté, à Lorient, Alban est privé de sa mère et de son frère toute la semaine. Un week-end sur deux, les parents font chacun la moitié du chemin le vendredi, puis le dimanche soir, pour que les enfants puissent passer quelques heures ensemble, une fois chez leur mère, une fois chez leur père. « C’est invivable. C’est près de 4 heures de route tous les week-end ».

Le problème viendrait du manque de places disponibles dans les IME du Morbihan. La liste d’attente est longue. Beaucoup de famille sont dans la galère.  " Nous savons qu’il y a des situations encore plus compliquées que la nôtre mais nous voulons faire comprendre que les deux frères sont séparés."

Tout le monde compatit à notre situation, mais ça ne bouge pas. Le problème c’est qu’il n’y a pas assez de structures en France. On a 40 ans de retard sur l’autisme.

Anne-Sophie Lemarchand, mère de Lucas, autiste sévère, et d'Alban

Sans relâche, Anne-Sophie Lemarchand continue de solliciter les élus, le préfet, les députés, l’agence régionale de santé. Elle a même écrit à Brigitte Macron, à la ministre chargée des personnes handicapées ou encore à Gabriel Attal.

Anne-Sophie voudrait se reconvertir professionnellement, redémarrer une nouvelle vie près de ses enfants, mais les projets sont sur pause depuis plus d’un an. Une fois de plus, elle lance un appel à l’aide : "Nous voulons juste que nos enfants soient enfin réunis. Les défendre c’est mon job de mère".  

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