Ce 5 juin, dans le Morbihan, le thermomètre a grimpé jusqu’à 26 degrés. Des fortes chaleurs, une absence de pluie depuis presque un mois font remonter les craintes des éleveurs. Après un été 2022 terrible sur le plan climatique, Camille Guillo redoute le pire et cherche des solutions pour maintenir leurs productions.
"Le 2 juin l’année dernière, j’avais écrit sur le cahier de l’élevage que les prairies étaient jaunes. Cette année, c’est donc mieux ", respire Camille Guillo, paysan fromager à la ferme La Bêle Listoir à Landevant dans le Morbihan.
Mais quand il marche dans ses parcelles, le jeune éleveur ne cache pas son inquiétude. Pas une goutte de pluie n’est tombée sur ses prairies depuis le 11 mai. Presque un mois. L’eau commence à manquer. "Ça ne pousse plus, on sent que ça bloque, ça manque de flotte ! "constate-t-il.
Si l’herbe ne pousse plus, que vont manger les brebis ?
Déjà, pour s’adapter au changement climatique, l'éleveur a avancé les agnelages dans la saison. Désormais, les brebis mettent bas en décembre et arrivent donc en fin de lactation en juin. "Du coup, ces temps-ci, elles ont un peu moins de besoin, ça permet de réduire l’impact du changement climatique", explique Camille Guillo.
Des prairies différentes
L’éleveur cherche aussi des solutions pour ses cultures. "On essaye de trouver des variétés fourragères plus adaptées à la nouvelle donne climatique. On abandonne petit à petit le Ray grass anglais qui était jusqu’ici la star des prairies. C’est une variété très productive mais elle arrête de pousser quand le thermomètre dépasse 25 degrés."
L’agriculteur observe ce qui se fait dans le sud de la France dans les régions plus chaudes. C’est ainsi qu’à la place du ray grass, il a semé de la fétuque, qui elle continue de croitre par 35 degrés et de la luzerne, fort peu gourmande en eau.
Des haies pour faire de l'ombre
Camille Guillo a aussi planté des haies autour de ces parcelles. "Ca coupe le vent de Nord-est qui sèche tout, détaille-t-il, ca fait de l’ombre pour les animaux et pour les prés. L’an dernier, quand tout était grillé, les seules taches de vert, on les voyait à l’ombre des haies."
Des orages sont annoncés pour la fin de la semaine, Camille Guillo espère mais sait qu’ils peuvent passer à côté… les pluies abondantes du mois de mars sont déjà presque oubliées. L’heure n’est pas à la sécheresse, mais déjà à la vigilance.
(Avec Yoann Etienne)