Selon une enquête de France 2, des témoignages accablent des élèves officiers de la prestigieuse académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Ils seraient les auteurs d’agressions sexuelles et de sexisme envers des élèves de l'institution. L'école affirme ne pas avoir connaissance des faits. Trois enquêtes sont ouvertes par la justice.
"Lors du week-end du Triomphe (NDLR : 22-23 juillet 2023), un officier a collé une élève contre le mur pour l'embrasser de force, relate un membre de Saint-Cyr-Coëtquidan dans l'émission L'Œil du 20 heures. Elle a réussi à s'extirper pour aller rendre compte directement à son chef de section. La réponse de ce dernier a été explicite : 'Vous avez pensé à la carrière de ce gradé ? À sa famille ?' Il l'a dissuadée de parler."
Le témoignage fait froid dans le dos. Il ne relaterait pourtant pas un acte isolé au sein de l’académie militaire. Selon un autre témoignage, "depuis l’automne dernier, sur 18 filles, deux sont en arrêt maladie, une a tenté de mettre fin à ses jours et deux autres ont vécu des agressions sexuelles."
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Trois enquêtes ouvertes
À la suite de plusieurs signalements, l’académie militaire assure avoir pris des mesures administratives. L’école affirme aussi avoir transmis des signalements au procureur de la République de Rennes. D'après France 2, trois enquêtes ont été ouvertes en novembre dernier par la justice.
Sur une page Facebook intitulée "Poupée de Cyr", des internautes se présentant comme des élèves proposent des t-shirts “PAC”, autrement dit “Pute à cyrard”. Cette injure désigne les compagnes des élèves. La direction de l’académie indique que la page a été signalée à la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense. Mais le service de renseignement des armées n’aurait cependant pas réussi à identifier les créateurs de la page.
Un sexisme répandu et protégé ?
Pour Guillaume Ancel, officier à la retraite et auteur d'un ouvrage sur Saint-Cyr (Saint-Cyr, à l'école de la Grande Muette, Flammarion, 2024), les abus seraient tolérés par le commandement au nom de la protection de l’institution.
Saint-Cyr est un bocal étanche à tout. Et c'est surtout le silence qui s'impose bien plus que les lois de la République.
Guillaume Ancel, ex-élève de Saint-Cyr
Le général Hervé de Courrèges, qui commande actuellement Saint-Cyr Coëtquidan, dément toutes ces accusations.
Le ministère des Armées quant à lui dit découvrir la situation. Il assure que ceux qui prendront la parole seront écoutés et que, s'il y a fautes, elles seront lourdement sanctionnées.