Emmanuel Macron a promis un "plan d'investissement massif" pour l'hôpital, face à l'aggravation rapide de l'épidémie de coronavirus, dans son discours depuis Mulhouse. Au CHU de Rennes, le comité Inter-Hospitalier reste prudent face à l'annonce et demande des actes concrets.
Hier mercredi, le Président Emmanuel Macron a promis des primes exceptionnelles à l'ensemble des soignants fonctionnaires mobilisés, pour saluer leur mobilisation générale. Il a aussi annoncé "un plan massif pour les hôpitaux" d'investissement et de revalorisation des carrières.
À Mulhouse, aux côtés des femmes et des hommes mobilisés en première ligne pour protéger les Français du COVID-19. https://t.co/CTas1KjRJd
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 25, 2020
Ce discours a été accueilli avec circonspection par les comités-inter-hopitalier, constitués l'an dernier pour réclamer déjà, avant l'épidémie de coronavirus, des aides d'urgence de l'Etat.
Au CHU de Rennes, 51 chefs de service avaient décidé de démissionner de leurs tâches administratives pour alerter le Ministère de la Santé. La grève est bien évidemment suspendue dans le contexte actuel.
Parmi eux, Cécile Vigneau, chef du service néphrologie, réagit aux annonces présidentielles, alors que, comme ses collègues, personnels médicaux et para-médicaux, elle attend depuis un an des mesures qui n'ont pas été attribuées.
"Aujourd'hui, on veut des bras, des embauches, de meilleurs salaires, tout de suite, mais aucun chiffre n'a été précisé dans le discours d'Emmanuel Macron ! " rajoute Cécile Vigneau.Le 20 novembre dernier, Agnès Buzyn, Ministre de la Santé à l'époque, a annoncé un plan d'aide pour les hôpitaux. Il en a résulté uniquement des aides pour les EHPADS et les hôpitaux d'Ile-de-France. Egalement un financement unique de plusieurs millions d'euros, qui n'a servi qu'à permettre la reprise de la dette des centres hospitaliers. Il n'y a rien eu de pérenne à l'époque.
Quand à la prime exceptionnelle pour les personnels soignants, là aussi, la cheffe de Service s'insurge : "On ne veut pas d'une prime, mais la revalorisation des bas salaires. Nous avions demandé notamment une augmentation de 300 euros pour le personnel non-médical. Il faut que ce soit tout de suite. Sans eux, l'hôpital s'effondre. Les secrétaires, les ambulanciers, les cuisiniers de notre cantine, le service de blanchisserie qui lave nos blouses, sont indispensables !"
Tout le monde est mobilisé, y compris eux.
"L'hôpital public doit répondre aux nécessités du Service Public et non à des questions de rentabilité"
"L'enveloppe de l'ONDAM (objectif national de dépense maladie) est cette année de 2,3%", explique Cécile Vigneau. "Alors que les dépenses prévisionnelles étaient de 4 %. Nous demandons son réajustement."
Par ailleurs, pour se concentrer sur l'accueil des patients atteints du coronavirus, beaucoup d'activités dans les services ont été déprogrammées. Comme les hôpitaux publics sont tarifés à l'acte, la question se pose de savoir comment ce manque de manne financière sera pris en compte. Une situation ubuesque pour la porte-parole du collectif inter-hospitalier de Rennes.
"Des actes concrets : seuls les gens, le public, nous en proposent aujourd'hui"
Face à l'urgence de la situation et aux annonces du Président de la République, Cécile Vigneau souligne :
Dans cette crise, c'est le public qui nous aide concrètement. Un grand merci aux Mairies, aux professeurs volontaires des écoles et aux personnels du CHU qui gardent nos enfants pendant que nous sommes au travail . Un grand merci aux gens qui nous applaudissent et nous encouragent chaque jour ! Un grand merci à notre Direction qui est aussi en première ligne à nos côtés !
Et de préciser que le CHU de Rennes se prépare à la vague d'épidemie, en espérant que le confinement limite le nombre de cas.