Haro sur la farine ! Les particuliers sont au fourneaux : crêpes, gâteaux, tartes ou gougères dansent en cuisine. Seulement voilà, le paquet individuel de farine est devenu une denrée rare. La faute au conditionnement qui se fait en majorité à l'étranger.
Rien de mieux pour se remonter le moral que de préparer une tarte aux pommes ou des pancakes au petit-déjeuner, sans parler du plaisir retrouvé de faire son pain !
Seulement voilà, pour employer un mot à la mode en ce moment, les paquets de farine individuels sont en tension, aussi bien sur les étalages de la grande distribution que dans les épiceries de quartiers.
Les ventes ont bondi de 147% la semaine dernière, de 229 % la semaine précédente. Difficile de suivre le mouvement !
Pourtant, en Bretagne, les moulins tournent, les minoteries ne sont pas en rupture d’activité. Le problème viendrait surtout du conditionnement de cette farine : les meuneries sont équipées pour ensacher la farine par 25 kg, alors que les particuliers achètent la farine principalement en paquet d'un kilo.
Jean Paulic, directeur de la meunerie éponyme, est témoin de ce changement :
On fait un peu d’ensachement en 5 kg, mais ce n’est pas suffisant. Pour l’avenir, nous avions déjà prévu de faire ce genre de conditionnement. Les machines ne sont pas encore arrivées.
Les petits sachets viennent de loin
Aujourd'hui, le conditionnement en petite quantité est tributaire de fournisseurs situés à l’étranger (Italie, Portugal, Allemagne). En raison de la crise sanitaire, les transports sont plus aléatoires et les livraisons deviennent moins régulières.
« Depuis longtemps, nous nous fournissons en matière première aux alentours, en Bretagne ou Pays de Loire, ce qui fait que nous n’avons pas de soucis. En revanche c’est le transport lointain qui pose problème », explique Jean-Loïc Guenego, directeur du moulin de Cadillac, à Noyal Muzillac.
On doit faire face au problème des transporteurs, qui ne nous impacte pas directement, mais fragilise la filière pour les particuliers.
Jean-Loïc Guenego se définit comme un meunier artisan. Quand ses clients habituels de la GMS (Grandes et moyennes surfaces) l’ont sollicité pour leur fournir de la farine en petits conditionnements, la machine s’est mise en marche :
« Nous, on ne sait pas faire des masques, alors on a décidé d’aider à notre manière, en essayant de mettre en place une chaîne spéciale pour faire des sacs de 5 kilos, afin de dépanner les consommateurs des grandes surfaces situées à proximité. Les sachets vont être fabriqués à la main, on va utiliser une machine à coudre pour fermer les sacs. On a envie d’aider à l’approvisionnement de la population ». Le meunier espère pouvoir sortir rapidement 5 tonnes de farine standard T65 chaque jour.
Les machines doivent être entretenues
Les réseaux de distributions sont le maillon faible de cette filière, ce que confirme le patron des Moulins de Rennes, Fréderic Logeais. Pour lui, le problème pourrait venir de la maintenance, puisque beaucoup de machines et de pièces détachées viennent de l’étranger : « Les activités périphériques sont elles aussi essentielles à l’activité, j’entends par là l’entretien des machines, des camions. Ces petits grains de sable peuvent faire grincer la machine à un moment donné ».
Le chemin est long et les obstacles nombreux, avant de poser fièrement son propre pain sur la table !