Le 1er mars dernier, mais encore fin janvier, ou au mois de novembre, des échouages de micro-billes plastiques étaient constatés sur les plages bretonnes. Un des effets d'une pollution majeure aujourd'hui : le plastique. 175 nations sont réunies à Paris pour une deuxième session de négociations, sur les cinq prévues d'ici à fin 2024. Leur objectif : signer un traité international ambitieux et contraignant contre cette pollution.
Elles s'échouent régulièrement sur nos plages, des arrivées massives de micro-billes plastiques, issues de l'industrie et avant même leur transformation en objet du quotidien. Des échouages catastrophiques pour le milieu.
Pour leur part, les scientifiques des expéditions Tara, la goélette basée à Lorient, se penchent, depuis une dizaine d'années, sur les microplastiques et leur impact sur la biodiversité. En 2019, la mission avait même pour objectif d'établir un diagnostic de cette pollution dans les grands fleuves européens, avant qu'elle n'arrive à l'océan.
Il y a ce qu'on voit et qui est alarmant, parce que le plastique est présent aujourd'hui dans tous les corpus de l'environnement, dans l'air qu'on respire, l'eau qu'on boit, les mers, les océans, dont on tire notre alimentation en grande partie. Mais c'est également des choses qu'on ne voit pas. C'est une problématique de santé majeure pour l'humanité, pour la biodiversité, pour les écosystèmes, dont on dépend.
Henri Bourgeois-Costa, Fondation Tara,
Ce sont aussi des problématiques de carbone très importantes, poursuit l'expert. La production de plastique devrait correspondre à 15% des émissions de carbone d'ici à 2060, c'est gigantesque et c'est ce sur quoi il faut agir !"
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40% du plastique pour des objets à usage unique
Le constat est clair, le plastique est omniprésent dans la nature, que ce soit au fond des océans, dans la banquise ou au sommet des montagnes, mais aussi dans les organismes animaux et humains. Sa production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait. Il faut préciser encore que 40% du plastique est produit pour des objets à usage unique et que moins de 10% des détritus plastiques sont recyclés.
Son rôle n'est par ailleurs pas négligeable dans le réchauffement climatique : il représentait 1,8 milliard de tonnes de gaz à effet de serre en 2019, 3,4% des émissions mondiales, chiffre qui pourrait plus que doubler d'ici à 2060 selon l'OCDE.
Un traité international contre la pollution plastique
Alors les États, sous l'égide des Nations unies, ont entamé des négociations afin d'aboutir d'ici à fin 2024 à un traité international juridiquement contraignant, pour mettre fin à la pollution plastique dans le monde. Ce lundi s'ouvre ainsi à Paris, la deuxième session de négociations, sur les cinq prévues au total.
Le député du Morbihan, Jimmy Pahun, rappelle que la France, de son côté, a d'ores et déjà adopté la loi AGEC, anti-gaspillage pour une économie circulaire, en 2020, notamment pour réduire la consommation de plastique, pour réparer et pour mieux recycler. Sur cette question des plastiques, 400 parlementaires français appellent d'ailleurs à un traité ambitieux et contraignant.
Deux approches au niveau international
Au niveau international, deux visions s'opposent entre les différentes nations, celles comme au sein de l'Union européenne, qui prônent une réduction de la production et de l'usage du plastique et celles plus timorées, à l'image des États-Unis ou de la Chine, qui préfèrent insister sur le recyclage ou la lutte contre l'abandon des déchets plastiques.
L'expert de la Fondation Tara, Henri Bourgeois-Costa, espère que ces négociations aboutissent à une réduction importante des volumes de plastiques produits, non seulement les monomères, qui sont à la base de la fabrication des plastiques, mais aussi ceux les plus toxiques, contenant beaucoup d'additifs, utilisés dans les secteurs électriques et électroniques.