Dominique l'assume. Elle est alcoolique. Un mot si difficile à prononcer. Une ombre qui ne la quitte pas. L'alcoolisme c'est sa maladie. Une partie de sa vie devenue son passé. Aujourd'hui, Dominique vient en aide aux autres.
Le décès de son mari a été le choc de sa vie. Un plongeon immédiat dans la solitude. Ce jour-là, Dominique perd ses repères, son quotidien bascule et elle se noie dans son mal-être.
Cela a commencé par un verre de whisky, seule le soir. Puis, l’unique verre ne suffit plus. Rapidement les doses augmentent, elle passe à deux verres, trois verres. Et c'est l'engrenage. L'alcool prend le dessus, mais Dominique ne se sent pas malade.L'alcool a été mon antidépresseur.
"Je n'étais intellectuellement pas capable de me dire que j'étais alcoolique. Pour moi, j'étais une bonne vivante. Je pouvais arrêter à tout moment". Dominique faisait erreur. La maladie la rongeait déjà. L'alcoolisme s'était installé, durablement. Et avec lui c'est la honte qui débordait. Son statut de femme, intelligente, cadre supérieure dans les télécommunications, mère de famille, lui interdisait son penchant incontrôlable pour l'alcool.
Alors Dominique boit en cachette, loin des autres, loin des jugements. En 2015, une amie alcoolique lui parle de l'ANPAA. "Elle me disait qu'elle n'y mettrait jamais les pieds. Que l'association se trouve sur un grand boulevard, à la vue de chacun." Mais si Dominique décide de sauter le pas c'est pour préserver sa vie. Elle commence alors son chemin vers l'abstinence totale. Pour l'épauler, elle peut compter sur des psychologues, des infirmiers, aptes à l'écouter, à la soutenir. L'ANPAA, comme rempart à la solitude.Quand on annonce avoir un cancer, les gens sont dans l'empathie. Quand on annonce son alcoolisme, pour eux c'est un vice. En plus, un homme qui boit, c'est un bon vivant, mais une femme qui boit, c'est une pochtronne.
"Je suis en rémission !"
Dominique, désormais ancienne alcoolique, est devenue bénévole à l'ANPAA. Comme une revanche et comme un clin d'œil. Désormais, elle soutient ces femmes addicts à l'alcool.Aujourd'hui si elle témoigne de son passé alcoolique, c'est encore pour les autres. Sans honte, sans tabou, libre et abstinente. Une leçon de vie et de courage, pour donner des clés à celles et ceux qui traversent le même désert. "Combien de fois, j'ai donné le numéro de l'ANPAA à Bourges ? Des dizaines, je le connais par cœur : 0248707979", conclut-elle dans un sourire.Mon alcoolisme je n'en fait pas une gloire, je ne le porte pas comme un étendard. Mais je sais la douleur de ces femmes. On est des copines de galère, on parle le même langage.