Témoignages. Aux Journées d'été des Écologistes, "un nouvel espoir" porte les militants du Nouveau Front populaire

Publié le Écrit par Thomas Hermans
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3 500 visiteurs, majoritairement des militants écologistes, se rassemblent pendant trois jours, du 22 au 24 août, sur l'île Balzac de Tours pour les Journées d'été des Écologistes. L'occasion pour les militants de se congratuler des derniers succès de la gauche et d'exiger la nomination de Lucie Castets à Matignon. Tout en se demandant comment poursuivre l'élan.

"Aux législatives, vous avez dit votre refus du Rassemblement national, mais aussi votre espoir dans notre projet. Nous n'avons pas le droit de décevoir cet espoir. Il faut le porter, qu'il soit soutenu par un élan populaire dans tout le pays." Sur la scène, le député écolo d'Indre-et-Loire, Charles Fournier, harangue une large foule. Tous sont venus assister au meeting clôturant le premier jour des Journées d'été des Écologistes, organisées sur l'île Balzac, à Tours, ce jeudi 22 août.

Selon les officiels, l'évènement (qui dure jusqu'à ce samedi 24 août) accueille 3 500 inscrits. Un record pour le parti Les Écologistes (LE), nouveau nom d'Europe Écologie-Les Verts. Derrière le changement d'identité et de logo, le mouvement n'a pas vraiment bougé. Sauf que EELV était un parti avec 21 députés à l'Assemblée nationale. Le nouveau groupe des Écologistes, lui, en compte 38, depuis la victoire inattendue du Nouveau Front populaire au deuxième tour des élections législatives, le 30 juin.

Un cap clair

Cette bonne santé du parti se sentait, ce jeudi, dans l'atmosphère qui régnait sous le soleil tourangeau aux Journées d'été. Attablés sous les arbres, quatre militants des Jeunes écologistes parlent d'espoir autour d'une table. "Quand on voit les organisations politiques de gauche capables à nouveau de travailler ensemble, ça donne espoir", lance Guillaume, venu de Nantes. Un espoir qui essaime chez "des gens qui ne sont pas du tout dans la sphère politique, mais qui sont venus faire campagne avec nous". "Grâce au NFP, plein de gens se sont mobilisés. Pas juste contre le RN, mais pour une vision claire", estime, face à lui, Zéphyr, 24 ans.

À quelques tablées de là, un groupe de jeunes (et moins jeunes) militants venus de région parisienne confirment cet état d'esprit. Sonia, élue dans le Val-d'Oise, se souvient de son "effarement face au résultat du Rassemblement national aux Européennes", lors duquel la liste de Jordan Bardella est arrivée largement en tête avec 31% des voix. Ce jour-là, les écolos passent proche du désastre, leur liste ne récoltant que 5,5% des voix. À moins de 5, ils n'avaient même pas de député européen.

La positive attitude

Et puis, "dès le lendemain, le NFP a été créé, et ç'a été un soulagement énorme". S'en sont suivies quatre semaines d'une campagne express, qui semblent avoir requinqué la gauche. Et en particulier Les Écologistes. Avant, Sonia est passée par le Parti socialiste. "Je me suis intéressée aux Écologistes après un passage récent sur France Inter de Marine Tondelier", la secrétaire nationale du parti.

Avant, pour moi, ils disaient : "On doit pas prendre l'avion et manger bio", et c'était tout. Enfin, c'est ce que je pensais.

Sonia

Mais, pendant les dernières semaines, elle s'est plus intéressée au discours sur "la justice sociale, plus que juste l'écologie", que porte selon elle le parti.

Leur discours, justement, les ex-Verts tentent de réinventer leur manière de le délivrer. "On est encore coincés dans ce tableau de l'écologie punitive, déplore Charles Fournier auprès de France 3. Il faut un travail de fond pour que, dans la société, plus jamais on ne doute que travailler à l'écologie, c'est répondre à l'urgence sociale, et vice versa."

Et encore, le parti semble revenir de loin. Face à Sonia, Dominique, élue Les Verts pendant 30 ans à Nanterre, se souvient d'un parti jadis "centré sur lui-même". Avec des dirigeants "intéressants mais très négatifs, qui donnaient envie de se tirer une balle". Depuis, le parti et sa direction se sont reconstitués "avec plein de gens positifs". De quoi faire perdurer l'espoir des militants de voir leur mouvement grandir ?

Écolos des villes, écolos des champs

Reste que les écolos font encore et toujours leurs meilleurs scores dans les grandes villes, comme à Tours. "Il y a une fracture à réparer entre la France des préfectures et celle des sous-préfectures", acquiesce Charles Fournier, qui regrette l'absence d'un vrai "réseau militant écologiste en ruralité". Là, justement, où le RN fait ses meilleurs scores. Ainsi, en Centre-Val de Loire, les deux députés du groupe écologiste ont été élus sur une circonscription à 100% urbaine (Charles Fournier à Tours) et sur une autre mi-urbaine mi-rurale (Emmanuel Duplessy dans la 2e circonscription du Loiret).

Les militants et les élus semblent conscients du défi. "On ne peut pas, de là où nous sommes dans les villes, nous adresser aux territoires ruraux", estime Charles Fournier. Qui veut leur "redonner la parole". Et "se remettre à hauteur de la vie des gens" :

Il faut une France à 100% d’énergies renouvelables. Une fois que j’ai dit ça, on a perdu 95% de la population. Mais si on dit : "Vous allez prendre part aux projets, vous allez être fournis par des énergies renouvelables proches de chez vous, vous allez voir votre facture diminuer…" On dit la même chose, mais on le construit avec les habitants.

Charles Fournier, député LE d'Indre-et-Loire

Zacharia, venu de Nanterre pour participer aux Journées d'été, semble perplexe. "On mène un combat politique pour les gens qui sont les plus déclassés, relégués. Et on doit mal leur expliquer", souffle-t-il, constatant que le RN grimpe en ruralité, mais aussi dans les quartiers populaires traditionnellement classés à gauche. "Tout ce qu'on propose en matière d'économie d'énergie par exemple, ça les concerne... Il y a quelque chose qui ne passe pas, et je n'ai pas la réponse."

À la base

Tous semblent pourtant s'accorder sur la nécessité de "repartir de la base", comme le dit Julie, 19 ans, militante aux Jeunes écologistes à Bordeaux. "Il faut parler aux syndicats, aux gens de terrain, construire des projets avec eux", estime-t-elle, citant l'exemple de la Convention citoyenne pour le climat. "Ici à Tours, il y a eu une belle expérience : un collectif citoyen auquel se sont agrégés des politiques, la Nupes avant l'heure", ajoute à ses côtés Emmi, 23 ans, parisienne passée par Tours.

Julie souhaite aussi une meilleure représentation au sein des élus, avec "plus de personnes de la diversité, plus de LGBT, de femmes, que les gens se sentent représentés". Les plus jeunes semblent rejeter l'idée d'aller directement parler aux électeurs du RN, et préfèrent viser "les gens qui ne vont plus voter, avec un discours offensif".

Et si Les Écologistes ont été "efficaces dans la séquence électorale qui vient de se passer, si nos propositions ont été mieux entendues, c'est grâce à l'union de la gauche", estime Zéphyr. Car l'espoir né avec le NFP semble avant tout devoir se prolonger par le NFP, à en croire les militants. "Ça a mobilisé plein de gens", assure le jeune homme.

"Quand on voit le dépassement des clivages au sein de la gauche, on ne peut qu'être optimistes, ça a attiré des gens sans étiquette pendant la campagne", ajoute Ali, élu du Val-d'Oise dans la même commune que Sonia. "On espère que ça va durer", dit-elle.

Ce n'est pas pour rien que Lucie Castets, candidate du NFP au poste de Première ministre, a été accueillie comme une rock star aux Journées d'été ce jeudi. Militants comme responsables politiques n'avaient que son nom à la bouche. "Elle doit être Première ministre", "elle est notre future Première ministre". Comme un catalyseur de l'espoir du peuple de gauche. Et comme un moyen d'oublier qu'Emmanuel Macron tente tout pour empêcher le Nouveau Front populaire de détricoter son bilan.

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