Deux élèves ont fait irruption dans un cours d'espagnol au lycée Grandmont de Tours, cagoulés, mardi 11 juin. Le professeur est aspergé à l'aide d'un extincteur, et la scène filmée puis diffusée sur les réseaux sociaux. Dans l'établissement, les enseignants déplorent un manque de moyens humains.
"Il ne faut pas se tromper de sujet" assure Anne Du Peyrat, enseignante au lycée Grandmont de Tours et responsable départementale de la CGT éducation. Deux jours après un "canular" qui a tourné à l'agression au lycée Grandmont de Tours, les professeurs déplorent un "manque de moyens humains".
Baisse du nombre d'enseignants et surveillants
La représentante CGT éducation égraine : trente professeurs en moins, mais aussi quatre assistants d'éducation. Ces derniers ont notamment pour mission de surveiller les couloirs des établissements "aujourd'hui on leur ajoute des fonctions administratives". En résumé : faire plus, avec moins.
C'est justement d'un couloir qu'ont surgi deux élèves de seconde, cagoulés, pendant un cours d'espagnol, mardi 11 juin, selon une information publiée par nos confrères de la Nouvelle République. Le premier muni d'un extincteur, le second, d'un pistolet à eau. La "dinguerie de l'année", telle que l'appellent ceux qui ont filmé la scène, a ensuite été diffusée sur les réseaux sociaux.
Le professeur y est aspergé de mousse d'extincteur, puis se débat avec l'élève. "Il y a dix ans, on avait les moyens d'encadrer les élèves, ce n'est plus le cas" souligne Anne Du Peyrat.
Il faut un pays qui mette les moyens pour éduquer et encadrer les enfants, et pour que les professeurs viennent travailler en sécurité.
Anne Du Peyrat, enseignante au lycée Grandmont et responsable départementale de la CGT éducation
Un débat au-delà du téléphone chez les ados
La vidéo est notamment reprise par des comptes identitaires sur le réseau social X, ce que regrette Anne Du Peyrat.
Le contexte n'est pas anodin, moins de trois semaines avant des élections législatives anticipées, annoncées par Emmanuel Macron suite à la dissolution de l'Assemblée nationale.
Les jeunes ont envie de défier l'autorité, mais ça a toujours été le cas.
Anne Du Peyrat, enseignante au lycée Grandmont de Tours et responsable départementale de la CGT éducation
"Le problème, c'est ni les jeunes mal élevés, ni les portables. Ils sont 35 dans les classes, et nous n'avons pas les moyens de faire notre boulot correctement"maintient l'enseignante "les élèves concernés ne posaient pas spécialement de soucis dans l'année" estime-t-elle.
Rassemblement en soutien au professeur agressé
Pour marquer leur soutien au professeur agressé et choqué, les enseignants du lycée et syndicats ont décidé de se rassembler devant l'établissement, vendredi 14 juin, à midi, à la suite de l'épreuve de baccalauréat de Français. "Nous aurons tous et toutes une cravate, un clin d'œil à notre collègue qui en porte toujours une" détaille Pierre Viardin, professeur de mathématiques et représentant local SNES-FSU.
Il souligne la réaction de la direction de l'établissement, qui a encouragé le professeur d'espagnol à porter plainte. C'est ce qu'il a fait. Une seconde devrait être déposée par l'administration. "Ce sera ensuite à la police de faire son travail" poursuit Pierre Viardin.
Les élèves en question n'ont clairement pas mesuré les conséquences de leurs actes. Face à une pareille intrusion en classe, on est renvoyé aux meurtres de collègues ces dernières années. Ca nous rappelle que nous pouvons être des cibles.
Pierre Viardin, professeur de mathématiques au lycée Grandmont et représentant local SNES-FSU
En interne, un conseil de discipline aura lieu en juillet "le temps que le processus se mette en place". Trois élèves de seconde sont pour l'instant concernés, celui qui s'est introduit avec l'extincteur en classe, ainsi que deux auteurs de vidéos. "L'immense majorité des lycéens n'approuve pas ce qu'il s'est passé", poursuit Pierre Viardin "le collègue a reçu des messages de soutien, notamment d'anciens élèves".
Des réunions entre enseignants, direction et le rectorat, sont encore prévues dans la journée ce 13 juin. Les cours, quant à eux, ont pris fin pour les élèves de seconde, comme le prévoyait le calendrier. Les établissements sont désormais mobilisés sur les épreuves de baccalauréat.