Le premier tour des élections départementales et régionales du 20 juin est entré dans la continuité des municipales 2020. Si cette fois il n'y a pas eu de "vague verte", la participation au vote est toujours en chute libre, et les partis traditionnels remontent la pente, à gauche comme à droite.
Malgré un fort maintien des candidats sortants, le premier tour des élections régionales et départementales a réservé son lot de surprises. Donné gagnant par les sondages, le candidat RN Aleksandar Nikolic a terminé la soirée avec un score bien en-deçà de ses attentes, tout comme le ministre et ancien député MoDem Marc Fesneau. Mais le sujet principal, au lendemain du scrutin, était celui de l'abstention, qui a encore dépassé le niveau atteint au moment des municipales, à la veille du premier confinement.
Un record absolu pour l'abstention
En Centre-Val de Loire, moins d'un tiers des électeurs inscrits ont voté aux municipales et aux régionales. C'est plus que dans le Grand Est, où le taux d'abstention atteint 70%, mais de peu. En région Centre-Val de Loire, c'est l'Indre-et-Loire qui obtient la palme de la plus faible participation, avec une moyenne de 69% d'abstention entre l'élection régionale et son pendant départemental. A l'inverse, le Loir-et-Cher et l'Indre se sont abstenus "seulement" à 64%.
Si l'abstention se maintient au second tour, le conseil régional et les conseils départementaux seront donc probablement élus par 15 à 20% des électeurs de la région, ce qui risque de rendre leur légitimité bien fragile, toutes choses égales par ailleurs.
Car, contrairement à un cliché répandu, les abstentionnistes ne sont pas dépolitisés. A l'inverse, une étude publiée par Ipsos/Steria sur les raisons de l'abstention tend à montrer que les raisons du phénomène sont nombreuses : manque d'information, mais aussi perte de confiance dans les candidats proposés et geste de protestation contre le gouvernement en place font partie des principales motivations invoquées.
Les défaillances du distributeur Adrexo, préféré à la Poste pour distribuer professions de foi et propagande électorales, a aussi pu jouer un rôle important dans la démotivation des électeurs. "Le vote n’a plus la même signification" analyse Vincent Tiberji, professeur à Science-Po Bordeaux, dans un article publié sur le site de la Ligue des droits de l'homme. "Pour les personnes nées avant-guerre c’est un devoir civique, mais pour les post-baby-boomers c’est un moyen de participer comme un autre; et il est sans doute moins intéressant, puisque le message que le votant envoie ne lui appartient plus, une fois le bulletin dans l’urne."
Aux régionales, gauche et les écologistes remontent, le RN et le centre-droit plongent
Si les départementales ont vu le centre-droit assez largement favorisé, le scrutin régionale marque un double record. Toutes élections confondues, il s'agit à la fois du plus bas score de l'extrême-droite depuis la percée du RN aux européennes de 2014 (26,52%), du plus faible résultat d'un parti allié à LREM depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron, et du meilleur score de la gauche dans la région depuis les législatives de 2012.
Il n'y a certes pas eu de "vague verte", comme aux municipales. Mais la liste des écologistes et de LFI, (10,85% au premier tour) et celle du président sortant François Bonneau (PS) allié au PCF (24,81%) ont annoncé leur fusion le 21 juin. A l'inverse, Nicolas Forissier (LR) et Marc Fesneau (MoDem) n'ont pas réussi à s'accorder sur une alliance, et le candidat RN Aleksandar Nikolic ira lui aussi au second tour de son côté.
L'importance de l'ancrage territorial
Dans ce contexte de forte abstention, les listes les plus favorisées sont aussi les mieux implantées dans leur territoire. A titre d'exemple, dans le Loir-et-Cher, tous les vices-présidents qui se sont présentés à leur propres succession (à une exception près) ont récolté entre 50 et 60% des suffrages et ne sont encore en ballottage qu'à cause du faible taux de participation. A l'inverse, le faible ancrage du RN a vu le parti d'extrême-droite dévisser, et être battu dans un grand nombre de cantons où il était attendu au second tour.
Sans grande surprise, le constat est similaire pour les régionales. Ancien député du Loir-et-Cher, c'est dans son ancien département que Marc Fesneau (MoDem) fait son meilleur score avec 23,98% (à comparer à ses 16% dans le reste de la région). Même phénomène pour le député de l'Indre Nicolas Forissier (LR), qui accumule dix points de plus dans son département que dans le reste de la région, avec 28% des voix. Quant à François Bonneau (PS), le président sortant, il réalise ses meilleurs scores dans son Loiret natal (27,52%) ainsi que dans le Cher (27,01%)