Depuis la mise en place du système actuel en 2004, les élections régionales peinent à mobiliser. En 2015, l'abstention a atteint 50% au premier tour et 40% au second en Centre-Val de Loire. Pourtant, la Région prend des décisions qui peuvent avoir des conséquences concrètes sur votre quotidien.
Les 20 et 27 juin prochains, les électeurs du Centre-Val de Loire seront appelés aux urnes pour choisir le nouveau Conseil régional, qui devrait rester en place six ans. Lors du dernier scrutin en 2015, seule la moitié des inscrits ont voté au premier tour, et la participation n'a atteint que 60% au second tour. Pourtant, les décisions prises par la Région peuvent directement affecter votre quotidien.
Héritières des anciennes provinces, les régions ont connu une construction plus récente que les départements, à partir des années 50 et surtout après 1982, lorsqu'elles acquièrent un statut de collectivité territoriale et plus seulement celui d'échelon administratif. Le Centre-Val de Loire, qui regroupe notamment les anciens Berry, Orléanais et Touraine, existe dans ses frontières actuelles depuis 1956 et n'a pas été agrandi par la réforme de 2016, même si ses compétences ont évolué. Aujourd'hui (et surtout demain), la Région est responsable d'un certain nombre de domaines.
Du TER aux bus scolaires, c'est la Région qui gère
Si vous avez déjà voyagé dans un train express régional, utilisé une gare routière ou tout simplement effectué un déplacement en car entre deux villes de la région, vous êtes probablement passé par la plateforme Rémi (le Réseau de mobilité inter-urbaine). A travers ce réseau, la région Centre-Val de Loire organise et finance les services de transports ferroviaires et par autocar, ce qui comprend également l'accompagnement de certains projets de travaux. Cette mobilité inclut aussi la mise en place du site JV Malin, qui centralise les informations des transports urbains (Fil Bleu à Tours, Tao à Orléans...) et des transports inter-urbains, qui dépendent de la région. En 2021, la région Centre-Val de Loire va consacrer plus de 600 millions d'euros aux transports, dont 241 millions correspondent à des investissements, notamment dans la "mobilité durable".
Les lycées et la formation, c'est aussi la région
Au-delà des lignes régulières de passagers, la Région est aussi en charge des lignes de cars scolaires hors agglomération. C'est d'ailleurs aussi aux régions qu'incombe la prise en charge des lycées, qu'ils soient d'enseignement général ou agricole. La construction, l'entretien et le fonctionnement de ces établissements relèvent tous de l'échelle régionale. Il s'agit du deuxième budget de la région avec plus de 300 millions d'euros alloués en 2021, dont la moitié est affectée à des investissements, notamment près de 103 millions d'euros pour le patrimoine des lycées.
Dans le Loiret par exemple, les lycées devraient recevoir 8% d'élèves supplémentaires entre 2020 et 2025. Pour faire face à cette hausse démographique, le Conseil régional a lancé de grands travaux afin de "pousser les murs" du lycée Maurice-Genevoix d'Ingré (12 millions d'euros) afin d'accueillir 400 élèves de plus. En centre-ville d'Orléans, les lycées Pothier, Benjamin-Franklin et Jean-Zay ont également fait l'objet d'investissements pour accueillir davantage d'élèves, mais aussi réduire leur facture énergétique. A une trentaine de kilomètres de là, c'est aussi le Conseil régional qui a pris la décision, avec les élus locaux et le rectorat, de construire un nouvel établissement à Châteauneuf-sur-Loire.
Sur l'économie, l'aménagement et l'insertion : grandes orientations et petits coups de pouce
Une fois sorti du lycée, et quel que soit son diplôme, encore faut-il réussir son insertion professionnelle. Là encore, il s'agit d'une des prérogatives de la Région, qui est responsable de l'insertion des jeunes en difficulté, de la formation des demandeurs d'emploi ou encore de la gestion de la filière apprentissage et des centres de formation en alternance (CFA). Cette formation professionnelle s'intègre plus largement à une autre compétence régionale qui a pris tout son sens lors de la crise du covid-19 : le développement économique. Au-delà de l'animation des pôles de compétitivité, comme l'agriculture, l'aéronautique ou les industries pharmaceutiques et cosmétiques (comme par exemple la Cosmetic Valley), la région définit les grandes orientations en matière d'aides aux entreprises, à l'investissement immobilier et à l'innovation.
Première région agricole de France, le Centre-Val de Loire met par exemple des aides à disposition pour les projets liés à l'adaptation et la compétitivité des exploitations. Ces aides sont d'ailleurs en partie financées par l'Union européenne. Au plus fort de la crise sanitaire, la Région a mis en place le fonds Renaissance pour assister les entreprises sous la forme d'un prêt sans taux d'intérêt de 5000 à 20 000 euros, majorable de 20% pour les projets liés à la transition écologique. Le Conseil régional peut aussi agir sur la solidarité, par exemple en investissant des sommes importantes dans des projets associatifs.
Aménagement du territoire et environnement sont aussi au programme de la Région
Enfin, l'échelon régional est également responsable de l'aménagement du territoire, de l'environnement, parfois via des programmes européens. Dans une logique de décentralisation, la Région est aussi en charge du schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET). Cela peut paraître abstrait, mais très concrètement la Région peut peser lourd sur des dossiers comme le développement de l'énergie éolienne et solaire qui progresse à grands pas dans les zones rurales du Berry, d'Eure-et-Loir et du Val de Loire. C'est aussi la Région qui a fini par adopter en 2020 de nouvelles réglementations pour lutter contre l'engrillagement de la Sologne et la confiscation de l'espace naturel par les grands propriétaires. Plus largement, le sujet de l'artificialisation des terres, enjeu majeur de la transition écologique, est aussi à rattacher au SRADDET.
Ce que la Région ne fait pas, ou pas toute seule
En revanche, plusieurs thèmes mis en avant lors de la campagne ne dépendent pas de la Région, ou pas seulement. C'est le cas notamment de la sécurité et de la lutte contre la délinquance, qui dépendent des communes, des directions départementales de la sécurité publique (DDSP) et de l'État, mais sur lesquelles la Région a assez peu de prise. D'autres compétences sont partagées par les autres échelons territoriaux, comme le sport, la culture au sens large, et la santé, avec la lutte contre les déserts médicaux. La région entreprend aussi des partenariats avec d'autres acteurs dans des domaines variés, comme la recherche spatiale.
Le 20 juin 2021, sept listes seront au rendez-vous du premier tour des élections régionales. Dans leurs prises de paroles et interviews, certains candidats ont abordé pêle-mêle des mesures liées directement aux compétences régionales et d'autres qui n'en font pas partie. En faisant campagne sur la sécurité et la délinquance, Aleksandar Nikolic (RN) et Nicolas Forissier (LR) sortent par exemple du cadre d'action de la Région. Les deux candidats affirment vouloir renforcer les conditions de sécurité dans les transports et dans les lycées, copiant ainsi le "bouclier de sécurité" mis en place, par Valérie Pécresse, dans la région voisine d'Île-de-France. De son côté, la liste du président sortant François Bonneau (PS) met en avant le bilan de sa gestion régionale au cours des 15 dernières années, notamment sur la santé et la lutte contre les déserts médicaux avec l'arrivée de 150 médecins salariés, un objectif que le président sortant compte doubler s'il est élu. La liste de la majorité présidentielle, portée par le ministre Marc Fesneau (LREM), mise quant à elle sur la relance économique, avec le développement de pôles d'excellence dans les secteurs de l'hydrogène et du numérique notamment, et un soutien aux secteurs en difficulté comme l'hôtellerie. Autant de domaines dans lesquels la Région possède effectivement des leviers d'action, comme c'est le cas du vaste plan de transition écologique et agricole porté par Charles Fournier (EELV) et sa liste écologiste. Sur une ligne proche, du point de vue environnemental et social, la liste citoyenne de Christelle de Crémiers et Jérémy Clément veut, elle, renforcer la démocratie participative. |