Les résultats de ces législatives sont cataclysmiques notamment pour le parti des Républicains. Ils pourraient néanmoins se trouver en situation d’arbitres dans la nouvelle Assemblée nationale. Plusieurs pontes ont appelé, dès ce 19 juin, à un pacte de gouvernement avec la majorité relative d'Emmanuel Macron. Une proposition écartée par les instances des LR quelques heures plus tard.
"Un pacte de gouvernement". Voilà la proposition rapide faite dans les médias par le maire de Meaux Jean-François Copé, figure du parti de droite Les Républicains, au soir du deuxième tour des élections législatives. Des élections qui n'ont permis à Emmanuel Macron de ne disposer que d'une majorité relative. Pour disposer d'une majorité absolue, Ensemble aurait dû remporter 44 sièges de plus.
Des sièges qui, en fonction, pourraient venir de la droite. C'est en tout cas ce souhait qu'a exprimé Jean-François Copé, qui fut président de l'UMP, à l'instar de plusieurs personnalités LR qualifiées de constructives, ou de Macron-compatibles. Depuis plusieurs semaines, c'est notamment le cas de Gil Avérous, maire de Châteauroux, pour qui Renaissance et Républicains "ont intérêt à travailler ensemble". Une position qui l'avait poussé à démissionner de ses fonctions de président du comité des maires au sein des Républicains le 10 avril pour protester contre la stratégie du ni-Macron ni-Le Pen de son parti avant le second tour de la présidentielle.
"Il va falloir discuter"
Cette stratégie de l'alliance pourrait trouver de l'écho en Centre-Val de Loire, où le camp LR a été décimé par les législatives 2022, passant de sept à deux députés. Sur ces deux députés, il y a Nicolas Forissier, proche de Gil Avérous, qui se qualifie lui-même de "constructif". Durant le mandat écoulé, il assure être resté droit dans ses bottes, tout en étant d'accord de temps en temps avec LREM, ce qui n'est pas si rare que ça. "On a été un groupe assez constructif, mais moi plus que les autres, c'est ma réputation en tout cas", nous confiait-il avant les élections.
Et il compte bien tenir cette réputation sur la prochaine mandature. Car, avec 89 députés LR et UDI, la droite pourrait incarner une force d'appoint pour la majorité présidentielle, en fonction des dossiers. "Il va falloir discuter", réagissait ainsi à chaud Nicolas Forissier ce dimanche soir, peu après l'annonce de sa victoire dans l'Indre, au micro de France 3. Car, à l'en croire, Les Républicains ont -dans leurs différences- le programme le plus proche de celui d'Emmanuel Macron :
Il va falloir qu'on privilégie l'intérêt national face à une Nupes qui va exploser en vol, et un Rassemblement national qui a des valeurs contraires.
Nicolas Forissier, député LR de l'Indre
Vers une guérilla à l'Assemblée ?
Car, pour lui, "il y a trop d'urgences dans ce pays pour rentrer dans une politique de guérilla à l'Assemblée nationale, et on est suffisamment responsables pour faire des choix dans l'intérêt du pays ". Il "plaide pour qu'on soit respectés" à l'Assemblée. Sous-entendu : que Les Républicains ne soient pas la cinquième roue d'un carrosse gouvernemental hétéroclite et penchant à droite.
C'est d'ailleurs cette hypothèse qui semble avoir décidé les grands pontes du parti à dire : non ! Christian Jacob, patron des LR, a clairement assuré que le parti resterait dans l'opposition. Une position sur laquelle l'autre député de droite de la région, Olivier Marleix en Eure-et-Loir, vice-président du parti, devrait s'aligner. Avant les législatives, il se définissait ainsi comme un "agent de contrôle", travaillant pour "qu'un gouvernement par nature coupé du terrain puisse entendre ce que pensent et vivent les Français".
De son côté, Nicolas Forissier prophétisait dès ce dimanche soir "beaucoup de réunions politiques" au sein de sa formation. Preuve que l'affaire, malgré la parole officielle, est loin d'être bouclée.