Il y a près de 200 ans Meusnes (Loir-et-Cher) était le centre européen de la taille du silex, 7 à 800 familles en vivaient en partie.
Aujourd'hui les 2 derniers tailleurs de pierre à fusil en France y sont toujours installés.
D'abord il y a la géologie.
Il y a plus de 60 millions d'années la future commune de Meusnes se trouvait à quelques dizaines de mètres sous le niveau de la mer des Faluns. En se retirant, pour former peu à peu notre actuel Val-de-Loire, cette mer fut remplacée par une marne argilo-calcaire dans laquelle se créa le plus important gisement de silex du continent européen.
Ensuite la préhistoire.
Ce formidable réservoir de silex servit de terrain de jeu à nos lointains ancêtres du Paléolithique. Entre 4000 et 2500 ans avant JC les hommes fabriquent ainsi les tous premiers outils et découvrent le "briquet" en heurtant des silex taillés.
Puis le fusil.
Aux XVIII et XIXème siècle le fusil est une arme répandue et la guerre un moyen récurrent de gagner des territoires et d'affirmer son pouvoir sur l'Europe.
Napoléon est le symbole de cette époque sanglante. Les guerres qu'il mène nécessitent des milliers de fusils et des millions de pierre à fusil, le silex qui déclenche l'étincelle mettant le feu à la poudre noire et projetant la balle hors du canon.
Et une économie de la pierre à fusil.
A la fin du 18ème, mais surtout lors de la première moitié du 19ème siècle, 7 à 800 familles de cultivateurs des communes de Meusnes, Couffy, Lye ou Châtillon-sur-Cher, vivent en partie grâce aux commandes de pierres à fusil destinées à l'armée. Un âge d'or de la pierre qui s'achève avec l'arrivée d'armes modernes lors de la deuxième moitié du 19ème siècle.
Enfin la Renaissance.
Il faudra plus de 100 ans pour voir à nouveau des artisans tailler le silex à Meusnes, mais en ce début de 21ème siècle ils sont deux, Jean-Jacques Dutrieux et Kévin Chartier, a poursuivre cette histoire locale de la pierre à fusil. Leur atelier-Musée se visite au 3 place Marguerite Jourdain à Meusnes.