Alors que l'hiver 2022 avait mis de nombreuses entreprises en difficulté, les coûts de l'énergie ne vont probablement pas baisser en 2023. Coup de projecteurs sur ces boîtes aux dépenses énergétiques toujours plus élevées.
"La dernière facture a été de 22 000 euros, donc c'est fini, nous n'avons plus les moyens d'aller plus loin." En cette saison, l'activité d'Olivier Rivet, gérant des champignonnières de Sologne à Vierzon, bat normalement son plein. Mais cette année, l'entreprise a dû cesser son activité. La faute à une hausse des prix du gaz et de l'électricité "de près de 50%".
En effet, si les vagues de chaleur se sont succédé jusqu'au cœur de l'automne, le mercure est formel : l'hiver approche. Et avec lui, des besoins en énergie qui font exploser les factures. D'habitude, "à partir de septembre et jusqu'à mai-juin, on produit énormément de champignons", s'inquiète Lenny Lefebvre, le seul des sept salariés de l'entreprise à avoir pu venir travailler le jour où l'équipe de France 3 s'est rendue sur place.
Les journées sont longues, on se demande si on va toujours avoir notre emploi. C'est dramatique.
Lenny Lefebvre, salarié des champignonnières de Sologne
Des factures salées
Pour les entreprises comme pour les particuliers, la question du chauffage et du coût de l'énergie se pose en effet dès l'automne. En 2021, avant l'augmentation fulgurante des prix de l'énergie, 12 millions de Français n'avaient déjà pas les moyens de se chauffer correctement.
Et pour les entreprises, le constat est le même, comme en atteste l'exemple emblématique de Duralex. En 2022, l'usine de la Chapelle-Saint-Mesmin avait cessé la production pendant 5 mois à compter du 1er novembre en raison d'un coût de l'énergie prohibitif. Les salariés avaient alors été placés au régime du chômage partiel.
Pour passer l'hiver, la verrerie s'était ensuite vu accorder par l'État un prêt de 15 millions d'euros. Contactée par France 3 le 18 octobre, l'entreprise explique toutefois que, cette année et malgré une hausse substantielle du coût de l'énergie, "la production se poursuit normalement".
Les boulangers dans le pétrin
Mais pour de plus petites entreprises, la marge commence à devenir serrée. Durement touchées en 2022, de nombreuses boulangeries s'étaient effondrées financièrement, comme à Greneville-en-Beauce, près de Pithiviers.
"Les boulangeries les plus fragiles ont été obligées de fermer", se désole Thierry Villard, président de la fédération des boulangers du Loiret et de la région boulangère Centre-Val de Loire. "Mais maintenant, même les entreprises les plus saines ont commencé à rogner leur marge."
La période de renégociation des contrats approchant, les opérateurs ne sont "pas très enclins" à revoir leurs prix à la baisse, regrette le boulanger. Beaucoup d'entreprises ont déjà augmenté leurs prix, mais "on sait très bien que la période est aussi difficile pour le consommateur", dont le porte-monnaie ne suivra pas éternellement le cours des charges. En 2022, huit Français sur dix ont été contraints de baisser le chauffage pendant l'hiver.