25 000 euros d'amende requis contre l'ancienne préfète du Loiret poursuivie pour "prise illégale d'intérêts"

Régine Engström, l'ancienne préfète du Loiret, était jugée ce lundi 16 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris, pour "prise illégale d'intérêts". Elle est soupçonnée d'avoir soutenu le projet immobilier de son ancien employeur Nexity qui concerne la Caserne Gudin de Montargis.

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Une amende de 25 000 euros et une interdiction d'un an d'exercer toute fonction publique ont été requises ce lundi (16 octobre) à Paris contre l'ancienne préfète de la région Centre-Val-de-Loire, Régine Engström. Elle comparaissait pour prise illégale d'intérêts, soupçonnée d'avoir soutenu un projet de son ancien employeur. Une peine d'inéligibilité d'un an a également été réclamée.

Au cœur des débats, le sort de la caserne Gudin, bâtie au XIXe siècle à Montargis (Loiret). Désaffectée depuis 2009, Nexity voulait détruire une partie des bâtiments pour y construire une résidence seniors haut de gamme. Or, elle avait œuvré, avant sa nomination comme préfète en février 2021, comme directrice des partenariats stratégiques et de la responsabilité sociale et environnementale chez le groupe immobilier. Rachetée en avril 2019 par l'agglomération, la caserne avait fait l'objet en juin de la même année d'une promesse de vente conclue avec Nexity, qui a été contestée par plusieurs recours faisant valoir qu'il y avait une atteinte au patrimoine.

Citée à comparaître devant le tribunal correctionnel par le Parquet national financier, Régine Engström assure avoir, dès son arrivée dans la région, informé qu'elle se déportait en faveur du secrétaire général de la préfecture du Loiret et de la secrétaire générale aux affaires régionales (SGAR) sur ce sujet.
Toutefois, ce déport n'a pas été "formalisé puisque le secrétaire général du département m'avait dit que la délégation de signature en sa faveur permettait d'exercer ce déport", a-t-elle expliqué à la barre. Mais "j'ai vraiment mis en place un déport réel", a-t-elle insisté. Finalement, un arrêté de déport n'interviendra que le 11 mai 2022, à la suite d'une injonction de la Haute autorité de la transparence pour la vie publique et après la publication d'articles, notamment dans Mediapart.

"Manque de transparence"

"Est-ce que vous comprenez qu'avec un arrêté de déport et toutes ces règles liées au conflit d'intérêts (...), l'objectif c'est une certaine transparence ? En ne prenant pas d'arrêté de déport, ça manque quand même de transparence votre histoire...", lui a lancé la présidente. Lors d'une réunion de la Commission régionale du patrimoine et de l'architecture, la SGAR, qui affirmait représenter la préfète, s'était prononcée contre le classement de la caserne, contre l'avis des autres membres de la commission.

Parmi les autres éléments troublants, un mail envoyé par Régine Engström en octobre 2021 au cabinet de la ministre de la Culture de l'époque Roselyne Bachelot, contestant les arguments des opposants au projet de Nexity. "Je n'ai pas écrit ce mail", a-t-elle assuré au tribunal, indiquant qu'il avait été rédigé par le secrétaire général du département et le sous-préfet de Montargis, mais que pour des raisons de protocole, c'était elle qui l'avait envoyé.

"Je n'ai pas franchi de ligne rouge"

Selon le représentant du ministère public, Régine Engström, qui en tant que préfète était "le personnage le plus puissant de la région", a compromis "son indépendance, son impartialité et son objectivité" par les interventions qu'elle aurait effectuées dans le dossier. Si elle n'avait pas d'intérêt financier dans cette affaire, elle y avait "un intérêt moral considérable", en raison de ses relations avec Véronique Bédague, PDG de Nexity, avec laquelle elle avait eu des liens, bien des années auparavant, lorsqu'elles travaillaient toutes les deux à la mairie de Paris.

Son avocat Christophe Ingrain a pour sa part plaidé la relaxe, estimant qu'elle s'était "tenue à l'écart du processus de décision dans ce dossier". "À aucun moment, je n'ai franchi de ligne rouge", a-t-elle déclaré, retenant ses larmes, pour conclure l'audience. "Si ça devait se reproduire demain, évidemment que je prendrais cet arrêté de déport", a-t-elle reconnu, soulignant que pour elle, "le respect des règles" était "un axiome de base". La décision sera rendue le 11 décembre. Régine Engström, qui a quitté ses fonctions de préfète en août, est depuis chargée de mission auprès du ministère de la Transition écologique.

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