L'activité n'a pas cessé cet été dans l'historique verrerie de La Chapelle-Saint-Mesmin, mais l'entreprise marque le coup de la rentrée, ce lundi 2 septembre. Désormais propriété de ses salariés, Duralex va devoir absolument trouver de nouveaux marchés pour se maintenir à flot.
Duralex a connu des jours difficiles, avec six dépôts de bilan ces dernières décennies. La détermination de ses salariés semble les avoir éloignés, du moins un temps. Ce lundi 2 septembre, l'entreprise de La Chapelle-Saint-Mesmin, près d'Orléans, faisait sa rentrée en grande pompe.
Acteurs institutionnels et économiques, clients, responsables politiques locaux sont venus marquer le coup avec les salariés. Ces derniers sont, depuis la décision du tribunal de commerce du 26 juillet, les propriétaires de Duralex, devenue une Scop. Le projet a fait grand bruit, une vague de soutien local et national s'est propagée jusqu'à Orléans.
"On a réussi notre mois d'août, mais ça ne va pas durer longtemps comme ça"
Ce lundi, l'entreprise voulait prouver que ce soutien n'est pas parti aux oubliettes, et qu'il était bien mérité. Duralex a donc présenté officiellement son projet de redynamisation, chargé de replacer l'entreprise au premier plan. Au moins, lui permettre d'être rentable.
Objectif : "Se développer et faire du chiffre" pour "investir dans les machines", lance Steven, salarié et désormais associé. Pour y parvenir, "on va reprendre les basiques", explique François Marciano, le directeur général de la verrerie :
On va aller chercher de nouveaux marchés, redistribuer sur certains pays où on n'est plus.
François Marciano, directeur général de la Scop Duralex
Et le défi est de taille pour l'entreprise, dont 75% du chiffre d'affaires dépend de l'international. Pour repartir à la conquête, "on va remettre de la distribution et des commerciaux, parce qu'il ne reste plus que moi et le directeur commercial, souffle François Marciano. On a réussi notre mois d'août, mais ça ne va pas durer longtemps comme ça." Concrètement, Duralex doit recréer entièrement "une équipe qui tienne la route", et envisage huit recrutements en vente et marketing. En tout, l'entreprise envisage l'embauche d'une trentaine de personnes.
"Achat citoyen"
Si le principal est à l'international, les derniers mois ont aussi permis aux salariés de constater l'attachement du pays à la marque, emblème de l'histoire industrielle de l'Hexagone. Cet été, les Français ont acheté en masse les produits Duralex, jusqu'à mettre la boutique en rupture. Heureusement, l'usine avait des stocks, et a pu fournir tous ses clients habituels.
La verrerie compte bien surfer sur cet élan. "Ce n'est pas notre usine, ce n'est pas l'usine des salariés, c'est l'usine des Français", assure le directeur. Pour bien lancer son année, Duralex lance l'opération "Allons enfants de la cantine", un pack collector de six verres élaboré en partenariat avec Le Slip français, pour vendre la marque comme du 100% bleu blanc rouge. En gros, faire des verres Duralex un "achat citoyen pour soutenir la marque", plutôt que du "made in ailleurs".
Les premiers chiffres tiennent la route : les distributeurs de Duralex estiment que l'annonce du passage en Scop peut avoir, encore à l'avenir, un effet positif sur les ventes en France. La verrerie affiche son ambition : augmenter de 30% son chiffre d'affaires en cinq ans.
Durement touchée par la hausse des prix des matières premières et de l'énergie consécutive à l'invasion russe en Ukraine, Duralex avait vu son chiffre d'affaires s'effondrer d'un tiers entre 2022 et 2023.