"Ne parlons plus de déserts médicaux !" : au congrès des maires, l'épineuse question du maillage hospitalier

Alors qu'Edouard Philippe vient d'annoncer ce mercredi 20 novembre un plan de 1,5 milliards d'euros pour sortir l'hôpital public de la crise, le maillage territorial des hôpitaux et des professionnels de santé reste une préoccupation majeure des élus.

Comment préserver et faire revenir l'accès au soin, dans des territoires frappés de plein fouet par la désertification médicale ? Un premier élément de réponse a été apporté par le gouvernement ce mercredi 20 novembre. Dans le plan annoncé par Edouard Philippe : 1,5 milliards d'euros d'augmentation du budget de l'Assurance maladie et une reprise de 10 milliards d'euros sur trois ans par l'Etat de la dette de l'hôpital, qui s'élève à 30 milliards. Au niveau local, cette nouvelle concession a été saluée par les élus de la majorité, comme Stéphanie Rist, députée du Loiret.
 


Cela suffira-t-il à préserver le maillage hospitalier, de plus en plus distendu en région Centre-Val de Loire ? Pas sûr, d'après Isabelle Maincion, rapporteure santé de l'Association des maires de France et maire (UDI) de la Ville-aux-Clercs, au nord du Loir-et-Cher. "On a demandé un tel effort aux hôpitaux ces dernières années. Je crois qu'ils attendaient un retour plus important", estime l'élue, citant notamment la revalorisation des salaires.

 

Les hôpitaux, "colonne vertébrale" de l'accès au soin

Pourtant, il est "absolument important" de préserver ce maillage hospitalier, véritable "colonne vertébrale du système de santé", insiste la maire. Or ce système a été malmené dans la région ces dernières années, avec des maternités qui ferment, des jeunes médecins qui rechignent à rester dans la région et un accès au soin structurellement difficile dans les territoires ruraux, particulièrement dans le Berry. Or, "s'il n'y a plus d'hôpital, les médecins généralistes ne viendront pas s'installer", complète Isabelle Maincion.

"On a une vraie métropolisation de l'architecture institutionnelle française", diagnostique quant à lui Nicolas Sansu, maire (PCF) de Vierzon et référent de l'AMF sur la relation ville-hôpital. Comprenez que l'accent a été mis sur la mis en place de services de pointe dans les grandes villes, au détriment de la proximité, sur plusieurs plans dont celui de la santé. "Là où, il y a 30 ou 40 ans, on faisait de l'irrigation des services depuis les grosses villes, maintenant on draine les territoires vers ces métropoles", schématise l'édile vierzonnais.

Et les hôpitaux de proximité voulus par le gouvernement dans le plan Ma Santé 2022 ? "Ils ne feront rien", tranche le maire, qui fait valoir qu'ils ne pourront faire ni de maternité, ni de chirurgie, ni de gériatrie. Lui préfère insister sur la sauvegarde d'hôpitaux de premier recours, capables d'offrir une médecine de proximité plus simple, mais aussi "plus humaine". "Il faut se poser la question : est-ce que vous faites un plan santé pour les médecins et l'administration, ou est-ce que vous le faites pour la population et ses représentants ?"

 

Renouer le dialogue entre communes et hôpitaux

Pourtant, malgré les fermetures de maternité, comme celle du Blanc, qui oblige les femmes enceinte à aller accoucher à Châteauroux, Poiters, voire à domicile, des solutions existent. Fin 2018, Vierzon a ainsi obtenu de haute lutte le maintien de la maternité au centre hospitalier.

Dans le Vendômois, où la baisse de la démographie médicale est ressentie très durement, comme l'explique Isabelle Maincion, la sauvegarde de l'accès au soin s'appuie sur "un partenariat très fort entre le public et le privé". "Nous sommes en train de reconstruire, au sein de la communauté d'agglomération Territoires vendômois une maison de santé pluridisciplinaire et universitaire, nous sommes en train de soutenir une autre maison de santé qui était privée et qui a fait une SISA, soutenue aussi par le territoire."

L'étape suivante, ce serait "à partir de ces centres-là", essaimés à travers le territoire, "d'emmener les médecins dans les territoires et de les faire travailler en toile d'araignée." La décentralisation de la santé au service de la proximité, en somme. Et surtout, insiste la maire, "ne parlons plus de déserts médicaux ! On a un pays merveilleux, venez y travailler !"
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