L'ARS a essayé de répondre aux préoccupations des habitants de la région, notamment sur la désertification médicale et la question des aidants.
Services saturés, désertification médicale, concurrence pour attirer les médecins... La région Centre-Val-de-Loire concentre de nombreuses problématiques auxquelles sont confrontés le monde médical en France.A la fin du mois de Juin, l'Agence Régionale de Santé (ARS) a publié son Plan Régional (PRS). Ce document définit les axes prioritaires de travail jusqu'à 2022. Pour ce plan, l'ARS avait lancé une vaste consultation citoyenne pour l'aider à définir ses priorités.
Nous nous sommes plongés dans ce document un peu cryptique de 300 pages, pour explorer les réponses proposées par l'ARS sur les problématiques soulevées par les habitants de la région.
La consultation citoyenne
Beaucoup de ces préoccupations concernent directement la problématique de la désertification médicale. Le premier autre axe évoqué concerne le quotidien des aidants, ces personnes qui soutiennent un proche malade ou handicapé.
Nous avons donc choisi de nous plonger en priorité dans ces deux thématiques : qu'en dit l'ARS ?
Sur la désertification médicale : le temps de se retrousser les manches
Dans son PRS, l'Agence s'emploie d'abord à poser le contexte, et souligner le travail qui a déjà pu être fait, puisque le sujet ne date pas d'hier. Elle constate d'abord que "des territoires sont repérés comme ayant une très faible démographie médicale dans un contexte de vieillissement de la population".
Ce vieillissement implique, évidemment, une augmentation du nombre de maladies chroniques et de personnes en perte d'autonomie. Face à cela, une offre de santé raréfiée et clairement insuffisante. "La démographie des professionnels de santé de la région est nettement inférieure à celle de la France métropolitaine" constate le document.
La région compte en effet 76 médecins pour 100 000 habitants contre 91 en moyenne France, avec "des écarts de l'ordre de 30 points" entre les départements. Face à ce constat, la région a déjà tenté d'apporter des réponses, en constituant des Maisons Pluridisciplinaires de Santé (MSP) et des centres de santé.
Ces dispositifs portent un autre nom : il s'agit d'exercice coordonné. L'ARS affirme son intention de soutenir ce type de projets, menés "par les professionnels eux-mêmes". L'objectif : constituer d'ici 2022 au moins 50 équipes de "soins primaires", articulées autour des médecins généralistes.
"Des projets mixtes associant les professionnels de santé libéraux et salariés gagneraient à se développer" note aussi l'Agence.
L'ARS s'engage aussi à soutenir des projets plus larges, associant aussi entre autres des "acteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux". Les médecins isolés seront eux aussi soutenus dans leurs activités.
"Aujourd’hui, alors même que la ressource médicale est rare, nous assistons parfois à des projets d’exercices collectifs concurrents à quelques kilomètres l’un de l’autre. L’enjeu est ici de mieux coordonner les initiatives, les financements pour un maillage du territoire le plus efficace possible" a clarifié l'ARS, interrogée par France 3.
Sur la problématique des aidants : le début du travail
Le focus sur ce sujet, l'ARS le reconnaît, vient directement de la consultation citoyenne. Une "problématique qui pouvait paraître a priori moins prégnante pour la population".
C'est peut-être la raison pour laquelle les travaux sur le sujet semblent bien moins avancés. L'objectif global de l'ARS : développer l'offre de soutien aux aidants, et mieux coordonner pour ce faire l'action des politiques.
"Les dispositifs existants sont peu connus des différents acteurs entre eux et des bénéficiaires" écrit l'Agence, mais elle avoue les connaître assez mal elle-même. "De nombreux dispositifs existent tant à l’initiative de collectivités, des organismes de retraite et sécurité sociale, que d’acteurs associatifs", explique-t-elle.
La première action entreprise sera donc de recenser et cartographier les acteurs qui se dédient déjà à cette problématique. Cet objectif doit être réalisé d'ici 2019. En 2020, l'ARS veut "construire un programme d'actions coordonné en faveur de l'aide aux aidants".
L'Agence cite quelques initiatives qu'elle souhaiterait voir se multiplier, comme les plateformes d'accompagnement et de répit, mais aussi les dispositifs MAIA (au nombre de 16 sur notre territoire), ou encore les cafés des aidants.
Problème : là encore, "la répartition de la réponse à l’accompagnement des aidants sur les territoires apparaît hétérogène et inégale". Les actions envisagées dépendront donc du diagnostic réalisé en 2019.
L'ARS qualifie elle-même son Plan Régional d' "ambitieux". Interrogée pour savoir si il se verra attribué les moyens de ses ambitions, l'Agence botte en touche : "l’enjeu est précisément de mieux utiliser les ressources de notre système de santé, au premier rang desquelles la ressources humaine". Bon courage donc aux humains.