Salon de l'Agriculture 2020 : il y avait le boum du Bio, voici le boum du “biocontrôle”

Il y avait le boum du Bio, désormais près de 8% de la surface agricole utile en France, il y aura prochainement celui du "biocontrôle". Pour réduire l'utilisation des pesticides, cet ensemble de techniques utilise des mécanismes naturels pour protéger les végétaux.

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En prélude au Salon International de l'Agriculture 2020 (Paris-Porte de Versailles, 22 février/1er mars), un forum majeur s'est déroulé à Paris le 21 janvier dernier. Il s'agissait des 6èmes "Rencontres annuelles du biocontrôle", parrainées par le Ministère de l'agriculture et de l'alimentation.
C'est le ministre lui-même, Didier Guillaume, qui a ouvert l'évènement et qui lui a donné une importance particulière en affirmant que le biocontrôle était désormais un enjeu national de premier plan :

Les produits de biocontrôle sont vraiment un levier fondamental pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires.


Réduire les produits chimiques, un défi pour les grandes cultures

Ces déclarations du Ministre de l'Agriculture se voulaient symboliques et fortes, afin de répondre aux polémiques issues de la publication, le 7 janvier 2020, des chiffres de vente et d'utilisation des pesticides agricoles en France. 
Une publication concernant l'année 2018 et montrant une croissance du NODU (nombre de doses unités de pesticides) de + 24%.
Pour respecter les ambitions de la France, l'outil "Ecophyto 2+", qui intègre le plan de sortie du glyphosate au plan Ecophyto 2, confirme l'objectif de réduction de -25 % en 2020 et -50 % de pesticides en 2025.
Cette ambition se heurte à de vrais difficultés techniques dans certaines filières et notamment en Grandes Cultures (céréales et oléagineux). En Centre-Val de Loire, il s'agit du secteur numéro 1.

Les Grandes Cultures occupent plus de 70% de la surface agricole, concernent 60% des exploitations et représentent près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaire pour les agriculteurs du Centre.
L'enjeu de la réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires y prend donc un aspect crucial, en raison des conséquences économiques possibles.
 


Exploitant céréalier à Intréville (Eure-et-Loir), Edouard Billard a décidé de se lancer dans l'aventure scientifique et technique du biocontrôle pour faire face aux exigences du gouvernement et de la société de trouver des alternatives aux pesticides.
Revenu il y a un peu plus de 3 ans sur l'exploitation familiale, Edouard Billard avait déjà l'exemple de son père, curieux de nouveautés efficaces et soucieux de l'environnement.
L'usage de produits de biocontrôle est donc apparu comme une évidence sur cette exploitation céréalière.

Il y a une vingtaine d'années, mon père a introduit le premier biocontrôle sur l'exploitation, c'étaient les trichogrammes (..) Fort de ce premier succès, nous avons continué dans cette démarche avec l'introduction du phosphate ferrique, nous l'avons utilisé pour remplacer un insecticide et gérer nos problèmes de limaces (..) Aujourdhui 4 biocontrôles sont utilisés sur l'exploitation, nous continuons à nous former pour savoir si d'autres solutions apparaissent et nous avons une efficacité identique voire meilleure (qu'avec les pesticides de synthèse) car nous avons préservé les auxilliaires (les insectes naturellement protecteurs des cultures) (..) Cela m'a permis de participer, en tant que citoyen, à la protection de l'environnement et à l'objectif de réduction de notre impact sur la planète. 



 

 
Le biocontrôle, thématique majeure au Salon International de l'Agriculture 2020
Selon IBMA France, l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle, "Pour la troisième année consécutive, le marché du biocontrôle enregistre, en France, une croissance à deux chiffres avec des ventes en hausse de + 24 %. Il s'établit en 2018 à 170 M€ et représente plus de 8 % du marché de la protection des plantes."
Cette envolée prédit une année 2020 record pour cet ensemble de réponses à la problématique de la nécessaire baisse de l'usage des pesticides.
Denis Longevialle, secrétaire général d'IBMA France, avoue que le biocontrôle est encore démuni face à la question du remplacement du glyphosate, en revanche le développement des techniques de biocontrôle, qui ne concernent encore que 10% des exploitations, associées à d'autres solutions, notamment mécaniques et agronomiques, sont parmi les leviers les plus crédibles et efficaces pour atteindre les objectifs de réduction des produits phytosanitaires.
En France une quarantaine d'entreprises travaillent sur les produits de biocontrôle, mais les sociétés les plus performantes sont internationales et l'enjeu des années à venir est de trouver les moyens financiers d'une recherche française en pointe sur cette thématique.
Des annonces seront faites en ce sens, au SIA 2020, par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation.
 
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