Dans son discours prononcé dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, jeudi 28 septembre, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à une “autonomie à la Corse”. Un domaine a été largement occulté par le président de la République par les partis de gauche insulaires : le volet social.
Un article dédié dans la Constitution, une « autonomie à la Corse », l’enseignement de la langue corse, la spéculation immobilière… Ces thèmes, tous défendus par les élus nationalistes, ont été abordés par Emmanuel Macron lors d’un discours prononcé au sein de l’Assemblée de Corse, jeudi 28 septembre. Un manquant : le social.
Pour Michel Stefani, secrétaire régional du Parti communiste, « la question sociale demeure la grande absente ». « Cherté de la vie, bas salaires, pénurie de logements sociaux, domination économique et sociale du consortium des patrons corses, remise en cause du service public de desserte maritime et aérienne… Emmanuel Macron a occulté cette dimension politique pour se focaliser sur le seul aspect de la réforme institutionnelle et constitutionnelle », précise-t-il.
Une absence aux lourdes conséquences pour Michel Stefani. « Sans s’attaquer à cette réalité qui détermine la vie quotidienne des Corses et aggrave les inégalités, l’autonomie dont il est question ne peut pas être à l’avantage de l’immense majorité d’entre eux et particulièrement celles et ceux vivant sous le seuil de pauvreté. »
« Le chemin va être très long »
Un manque également soulevé par les représentants de La France Insoumise (LFI) en Corse-du-Sud. « Nous n’avons pas appris grand-chose, le grand pas attendu n’a pas eu lieu. Ce discours ne tient pas compte des difficultés insulaires. Maintenant ce qui nous intéresse, c’est le pas d’après : quelles mesures au service de l’intérêt général ? Quelles mesures en faveur de la défense du bien-être du peuple et des services publics ? », s’interrogent-ils.
S’ils s’attendaient « un peu » à ce résultat au vu de la « politique d’Emmanuel Macron en matière de logement ou concernant les retraites au niveau national », les représentants de LFI en Corse « restent avec plus de questions que de réponses ». « On ne s’attendait pas à une grande avancée, mais on se rend compte que le chemin va être très long sur le combat de la justice sociale et environnementale », concluent-ils.
« Est-ce que la loi organique va tenir compte des problèmes sociaux ? »
Lorsqu’il répond aux questions, Jean-Marc Ciabrini, 1er secrétaire général du Parti socialiste de Corse-du-Sud rappelle une chose : « le PS a toujours été décentralisateur ». Il constate cependant : « Il n’y a jamais eu d’évaluation des manques dans le cadre des précédents statuts qui ont été accordés à la Corse précédemment. Je le dis pour Emmanuel Macron, mais le Parti socialiste ne l’a pas fait non plus. »
Comme le PC et LFI, il a observé qu’aucune mention des questions sociales n’avait été faite. « Est-ce que cela veut dire que dans la loi organique, on va tenir compte de la pauvreté, du mal-logement, des questions environnementales qui me paraissent essentielles aujourd’hui ? J’ai bien peur que cela ne soit pas au rendez-vous », indique Jean-Marc Ciabrini qui préfère lire « favorablement » l’hommage rendu par le président de la République aux Résistants corses dans le cadre du 80e anniversaire de la Libération de l’île.
« Donner plus de responsabilité à la Corse est louable », à condition…
Le parti radical de gauche (PRG) note quant à lui que « l’examen des difficultés concrètes de la population et des meilleurs moyens d’y remédier n’a pu être conduit dans les 18 mois ». Le PRG souligne que le chef de l’État a « opportunément placé son propos sou le signe de l’enracinement de la Corse dans la République. »
En ce qui concerne l’inscription de la Corse dans la Constitution, le PRG commente : « Nous serons très vigilants sur la rédaction et la portée juridique de la notion de communauté ». Il continue : « Donner plus de responsabilité à la Corse est louable, mais à condition de les exercer efficacement. »
Emmanuel Macron a donné six mois aux élus insulaires pour arriver à un « accord » avec le gouvernement sur un « texte constitutionnel et organique » afin de modifier le statut de la Corse.