Le journaliste et écrivain bastiais Antoine Albertini revient avec un nouveau roman triste, sombre et poignant. Banditi, un polar tout aussi corse que noir, l’intrigue policière servant d’heureux prétexte à une description sociétale.
 

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On l’avait quitté alcoolique, malheureux, et curieusement bon flic. Complètement dans les canons du genre du polar américain. On le retrouve ... tout aussi perdu, mais en version détective. 

 La suite de Malamorte

Avec Banditi, Antoine Albertini donne une suite à Malamorte. Et offre encore une fois un roman mêlant savamment corsitude et codes du polar américain à l’ancienne. Le détective sans nom, référence aussi cultivée que discrète au continental op de l’écrivain Dashiel Hammett, boit comme une outre, mais c’est à la bière nustrale qu’il se saoule.
Il erre ivre, la nuit, à pied ou au volant de sa guimbarde, cigarette vissée au bec, mais cela se passe dans les ruelles de la vieille ville de Bastia et pas sur Hollywood boulevard.

Le polar américain, LA référence

 « C’est effectivement une collision entre deux ambiances, corse et polar américain. Mais c’est aussi une forme d’hommage. J’ai repris les codes du polar américain parce que ce sont des codes que je connais, et qu’on n’a pas fait mieux. Le polar américain, c’est quand même LA référence.  C’est la première fois qu’on a laissé tomber le colonel Moutarde avec un chandelier dans la bibliothèque pour s’intéresser à la noirceur effective des enquêtes policières. C’est à dire à se servir d’une intrigue policière pour décrire un arrière plan sociétal. C’est bien ça la fonction du roman noir américain ».

« La Corse d’un pessimiste nourri par 20 ans de journalisme »

Banditi décrit une Corse sale, rongée par les luttes intestines, les guerres de pouvoir et l’argent, bordées de montagnes d’ordures qui semblent vouées à grossir inexorablement.... Bref, la charge est lourde; Antoine Albertini assume.
« Je suis un pessimiste nourri par 20 ans de journalisme ici. Je pense beaucoup de bien de l’île où je suis né, où je vis, à laquelle je suis viscéralement attaché.
Cela ne m’empêche pas en même temps de souffrir de ce qu’elle devient ou semble devenir. Il y a une part complètement fantasmée dans Banditi, pour nourrir la narration, la progression de l’intrigue, mais c’est aussi ce que je pense. Je suis assez désespéré de constater ce que cette île devient ».
 

Sauvé par le drive

Banditi a survécu au confinement, et c’est déjà une prouesse à son actif. 
Le nouveau roman d’Antoine Albertini devait sortir le 18 mars. Quand « le confinement a été annoncé, il était trop tard pour reporter cette date », explique son attachée de presse aux éditions Lattès, Laurence Barrère. Résultat : les 10 000 exemplaires sont restés coincés deci-delà, dans des cartons à destination des librairies françaises condamnées à garder portes closes jusqu’au 11 mai. Portes closes oui, mais rien n’interdisait de mettre en place des drives. C’est ce qu’a fait Lory Massey à la librairie A Piuma lesta, à la sortie sud de Bastia. « Il s’est bien vendu même pendant le confinement avec ce système, explique la libraire. Il était très attendu, ça fait partie des livres qui ont permis de passer le confinement un peu plus tranquillement ».

Un des romans de l'été chez Lattès

Lory Massey a pu compter sur la fidélité des fans d’Antoine Albertini, nombreux après Malamorte. « J’avais beaucoup conseillé Malamorte à sa sortie l’an dernier,  j’avais annoncé qu’il y avait une suite. Quand on aime le polar, on aime retrouver le même personnage. Là, il est atypique, anti-héros total, en plus ça se passe en Corse avec toutes ces questions identitaires, nationalistes, c’est un combo gagnant ».

C’est aussi le sentiment des éditions Lattès qui en a tiré 10 000 exemplaires - les ventes de Malamorte. « Nous avons choisi d’en faire un de nos quatre ou cinq romans de l’été, indique Laurence Barrère. Mais polar de l’été ne veut pas dire « feelgood book » ni littérature de terroir. C’est un bon livre parce que c’est un polar avec une intrigue maitrisée ».
Les éditions Lattès présentent déjà Malamorte et Banditi comme une trilogie. A quand le troisième volet ? L’auteur botte en touche. Seule certitude : en fiction ou pour des enquêtes journalistiques documentées (« la femme sans tête », « les invisibles »), la Corse n’a très certainement pas fini d’inspirer Antoine Albertini.
 
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