La chambre d'application des peines antiterroriste de la cour d'appel de Paris a rendu ce mardi 31 janvier sa décision. Le projet de semi-liberté présenté par Pierre Alessandri a été accepté.
Ce mardi 31 janvier, la chambre d'application des peines de la cour d'appel de Paris a rendu son arrêt : la juridiction donne son accord au projet de semi-liberté présenté par Pierre Alessandri, a annoncé le parquet général à l'AFP.
Ce projet prévoit une autorisation de sortie la journée pour travailler dans une entreprise agricole située à Ponte-Novu, avec un retour en détention chaque soir.
À partir du 13 février
Dans un communiqué, le procureur général de Paris, Rémy Heitz a indiqué que cette mesure de semi-liberté probatoire "prendra effet le 13 février 2023, pour une durée d'une année. Sous réserve de la bonne exécution de cette mesure de semi-liberté, Pierre Alessandri sera ensuite admis au régime de la libération conditionnelle, pour une durée de dix années", a-t-il précisé.
Condamné à la perpétuité en 2003 pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, Pierre Alessandri est incarcéré depuis près de 24 ans. Libérable depuis 2017 après avoir purgé ses dix-huit ans de période de sûreté, il réclamait un aménagement de peine depuis plusieurs années.
"Pour la première fois, l’État a appliqué un principe de neutralité"
"C’est un énorme soulagement après tant d’années de combat pour obtenir cette libération conditionnelle", a réagi son avocat Éric Barbolosi.
"Ce n’est que la stricte application de ce qu’est le droit attaché à l’aménagement de peine, ce n’est pas du tout une mesure de faveur, Pierre Alessandri remplissait tous les critères, souligne-t-il. C’est tout à fait normal et logique qu’il bénéficie de cette libération conditionnelle, ce qui n’était pas normal et logique, c’était qu’il n’en bénéficie pas. Tout cela a été rendu possible parce que pour la première fois, l’État a appliqué un principe de neutralité. Et cela, c’est grâce à la mobilisation de l’ensemble du peuple corse, des élus, toutes tendances confondues."
Parquet national antiterroriste
Trois fois, le tribunal d'application des peines antiterroriste (Tapat) avait donné son feu vert à une libération conditionnelle avec semi-liberté probatoire, mais les décisions avaient été systématiquement infirmées en appel après un appel suspensif du parquet national antiterroriste (Pnat).
Cette nouvelle décision intervient après que la Cour de cassation a, en octobre dernier, cassé l'arrêt de la cour d'appel de Paris en date du 7 octobre 2021. Pour la haute juridiction, la chambre de l'application des peines de la cour d'appel de Paris n'avait pas suffisamment motivé son refus d'une remise en liberté, justifié par un risque de "trouble à l'ordre public". Elle avait donc ordonné le réexamen de cette demande.
Vers une décision similaire pour Alain Ferrandi ?
Pour rappel, Pierre Alessandri comme Alain Ferrandi, les deux membres du commando Erignac toujours incarcérés, ont été transférés en avril 2022 à la prison corse de Borgo après la levée de leur statut de "détenus particulièrement signalés", une promesse de l'exécutif après l'agression mortelle d'Yvan Colonna à la prison d'Arles.
Alain Ferrandi, qui s'est aussi vu refuser plusieurs aménagements de peine, sera fixé le 23 février sur sa dernière demande de libération conditionnelle.
Gérald Darmanin bientôt en Corse ?
Les refus réitérés des demandes de libération conditionnelle des deux hommes ont fortement pesé dans l’arrêt les négociations autour de l'évolution institutionnelle de l'île. Le 29 septembre dernier, l’Assemblée de Corse avait suspendu ses travaux après un nouveau rejet de la demande de Pierre Alessandri.
Après cette nouvelle décision, cette fois favorable, les discussions entre Paris et la Corse reprendront-elles ? Selon nos informations, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pourrait organiser son prochain déplacement en Corse le 6 février prochain, à l'occasion de la commémoration des 25 ans de la mort du préfet Erignac, assassiné le 6 février 1998 à Ajaccio.
Retrouvez le portrait de Pierre Alessandri réalisé par Marc-Antoine Renucci :