Sur la route des Sanguinaires, les frères Amhan avaient été condamnés à mettre en conformité leur maison avec le permis de construire obtenu. En 2017, la justice leur avait ordonné de démolir les mètres carrés en trop. Depuis quelques jours, le propriétaire de l'une des deux villas est en train de réaliser les travaux.
C'est une première...
Plus de six ans après la condamnation, une des deux villas Amhan a entamé ses travaux de remise en état, sur la route des Sanguinaires à Ajaccio.
Le docteur Dia Damien Amhan s'est résolu à supprimer un étage, à combler les sous-sols en murant les fenêtres, et à abattre l'arrière du bâtiment qui débordait sur le terrain communal. L'infraction n'était pas anodine : 600 mètres carrés de trop.
"La maison devrait revenir à une surface d'environ 250 mètres carrés à laquelle il convient d'ajouter les annexes, explique Me Vanina Gennari, avocate de Damien Amhan. Mais quoi qu'il en soit, nous serons en dessous de la surface initiale autorisée de 319 mètres carrés."
Le reportage de Marie-France Giuliani, Stéphane Poli et Lionel Luciani :
Avec cette démolition, le contrevenant espère la suspension des astreintes financières. Le tribunal les a fixées à 6 000 euros par mois de retard. Il a déjà versé 80 000 euros, sans parler des 60 000 euros d'amende.
"Mes clients souhaitent être tranquilles dorénavant, précise Me Gennari. Ils ont subi des pressions, des insultes, des intimidations. On a tiré sur leur maison, en leur présence, la nuit alors qu'ils dormaient dedans. Ils ont porté plainte. Je pense qu'il y a eu une enquête mais effectivement il n'y a pas eu de suites."
Pour éviter de détruire, des permis de construire et de démolir ont été déposés et refusés. Toutes sortes de procédures ont été enclenchées.
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De son côté, son frère, Majdi Michel Amhan n'a quant à lui rien modifié sur site. L'infraction était encore plus grande : 900 mètres carrés de dépassement.
Ses démêlés avec la justice ne sont pas finis : en juin, il a été mis en examen pour corruption active, tout comme Johann Carta, suspecté d'être proche de la bande du "Petit bar". Sont-ils intervenus et comment pour que la municipalité vende ces terrains ?
Deux cadres de la Ville sont poursuivis pour "corruption passive".
Vente annulée
Cette cession des terrains illégalement occupés par les villas Amhan avait été votée en 2020.
Retoquée, la justice avait annulé la vente à la suite d'un recours déposé par Jean-Paul Carrolaggi, conseiller municipal dans l'opposition ajaccienne.
"Les terrains derrière les deux villas appartiennent à la commune d'Ajaccio et n'ont pas été vendus, indique l'élu nationaliste. J'étais intervenu au tribunal administratif pour demander que la vente ne se fasse pas parce qu'il me paraissait anormal que des élus veulent passer au-dessus de la justice. On ne s'attendait pas à ce que l'enquête aille si loin. A priori, elle n'est pas terminée. On verra bien ce que ça donne."
En 2025, une des deux villas devrait être enfin conforme au permis qui lui avait été accordé en 2010. L'autre, personne ne peut le dire. Les astreintes courent toujours : elles sont fixées à 75 euros par jour depuis 2020...
