Le nouveau préfet de Corse et de Corse-du-Sud a officiellement pris ses fonctions lundi 7 mars. Lors de sa première prise de parole, il est revenu sur les nombreuses mobilisations de soutien à Yvan Colonna. Amaury de Saint-Quentin assure "comprendre la douleur" et "vouloir rétablir le dialogue".
Nommé officiellement le 15 février dernier, Amaury de Saint-Quentin a officiellement pris ses fonctions de préfet de Corse et de Corse-du-Sud ce lundi 7 mars.
Une prise de fonctions qui intervient dans un contexte tendu sur l'île depuis la tentative d'assassinat d'Yvan Colonna, le 2 mars dernier, par un codétenu de la maison centrale d'Arles. Depuis cette date, les mobilisations de soutien au militant nationaliste, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en février 1998, se multiplient. La dernière, dimanche à Corte, a rassemblé environ 10.000 personnes (15.000 selon les organisateurs, 4.200 selon la police) et a été marquée par des violences. Les autorités ont dénombré 28 blessés légers dont 24 manifestants et quatre gendarmes.
"Je veux être un facilitateur, je veux rétablir le dialogue"
Ainsi, Amaury de Saint-Quentin qui occupe en Corse son 5e poste de préfet assure vouloir "gérer ces événements par le dialogue et l'apaisement." "Je veux être un facilitateur, je veux rétablir le dialogue par rapport aux tensions. Je n'ai pas d'inquiétudes fortes quant à la suite des événements, mais je ressens une colère et une douleur. Je ne veux pas bunkériser l'île, il n'y aura pas de renforts supplémentaires de services de sécurité", affirme le nouveau préfet de l'île.
Porté par cette volonté de rétablir le dialogue, Amaury de Saint-Quentin indique, dans le même temps, "avoir échangé deux fois, au téléphone, avec Gilles Simeoni, [président du conseil exécutif de Corse ndlr.], et une fois avec Marie-Antoine Maupertuis, [présidente de l'Assemblée de Corse ndlr.]. Une rencontre est prévue bientôt."
Assemblée de Corse, Corsica Ferries
Cette prise de parole a également été l'occasion d'aborder les dernières polémiques qui ont ponctué l'actualité insulaire. Sur le règlement intérieur de l'Assemblée de Corse, il réaffirme que l'usage de la langue corse n'est pas possible dans les assemblées délibérantes.
Dans le cadre du litige opposant la Corsica Ferries à la collectivité de Corse (CdC), le préfet a été interrogé sur les 50 millions d'euros promis par l'État à la CdC. Amaury de Saint-Quentin répond : "Je vais en discuter avec Monsieur Simeoni, notamment pour savoir comment ils seront utilisés." Pour rappel, dans cette affaire, la CdC a été définitivement condamnée par le Conseil d'Etat à verser 86,3 millions d'euros à la compagnie maritime, en réparation du préjudice lié au "subventionnement illégal" de sa concurrente, l'ex SNCM [Société nationale Corse méditerranée], sur la période 2007-2013.
Indemnité dont la Collectivité a longtemps refusé de s'acquitter, estimant une responsabilité "politique et juridique totale" de l'Etat dans cette affaire, et réclamant de fait une participation du gouvernement. Une position qui avait intensifié le bras de fer entre la majorité territoriale et le préfet, ce dernier sommant mi-novembre 2021 la CDC de budgéter le montant de l'indemnisation, sans quoi il procéderait "au mandatement d'office de la somme correspondante". Ce dernier, d'une somme de 9.2 millions d'euros, a été effectué le 15 février dernier.
Amaury de Saint-Quentin succède à Pascal Lelarge qui a effectué une mission de 19 mois en Corse. Suite à la future élection présidentielle, le nouveau préfet entrera en période de réserve à compter du 18 mars prochain.