Journée des droits des femmes : des violences conjugales en hausse en Corse, après les confinements

Davantage de faits de violences conjugales ont été recensés en 2020, au niveau national. Cette hausse est notamment due aux confinements liés au Covid-19. La Corse, où moins de cas sont dénombrés, est également concernée.

Ce dimanche, des rassemblements à Bastia, ce lundi, des ateliers de sensibilisation. Cette journée internationale des droits des femmes, permet une fois de plus de mettre en lumière les progrès faits et à faire sur l'égalité entre les hommes et les femmes. La date est aussi l'occasion d'évoquer les violences conjugales, deux ans après la mise en place d'un grenelle.

En Corse, en 2019, les forces de sécurité ont enregistré une victime de violences conjugales pour 1.000 habitants. Les chiffres de 2020 sont encore en train d'être réunis, mais selon la vice-procureure générale Charlotte Beluet : "Nous avons observé une augmentation de 10 à 15 %  des faits dont la justice a eu connaissance, en 2020 par rapport à l'année précédente, en Corse-du-Sud."

"Il n'y a pas eu d'explosion des violences en Corse, mais des faits ont été remarqués, notamment lors du premier confinement. Mais, cela n'a pas atteint les proportions observées sur le continent", fait remarquer le procureur général, Jean-Jacques Fagni : "Le cas de Julie Douib, un féminicide qui a eu lieu en 2019 et dont le procès va s'ouvrir en juin, démontre que la Corse est toujours concernée par ces problèmes." Sur l'île, deux féminicides ont eu lieu ces deux dernières années.

Durant le deuxième confinement, les signalements pour violences sexuelles ou sexistes ont augmenté de 60 %, au niveau national, contre 36 % au printemps. Pour Charlotte Beluet : "L'effet confinement n'est pas étranger à cette hausse des violences. Mais, il y a aussi une meilleure prise en compte de la parole qui peut pousser les victimes à enclencher des démarches."

En Corse, des centaines de personnes reçues par an

Selon Jean-Jacques Fagni, deux éléments permettent d'expliquer des chiffres moins importants en Corse que sur le continent : "Le contrôle social et familial est plus rapproché ici. Il pourrait y avoir moins de faits grâce à la vie en communauté. On peut parler, dans certains cas, de micro-sociétés en Corse. Mais, l'explication inverse serait que ce contrôle social et familial soit si étroit que l'on souhaite cacher ce qu'il se passe dans les cercles rapprochés. Que l'on empêche l'intervention extérieur. Comme celle de la justice."

"Je n'ai pas d'explication privilégiée", admet Jean-Jacques Fagni. Interrogée fin 2020, Francine Grilli, directrice du centre d'information sur le droit des femmes et des familles (Cidff) de Haute-Corse, a son avis sur ces chiffres inférieurs à la moyenne nationale : "Ça ne veut rien dire et ça ne représente pas la réalité du terrain."

Les équipes du Cidff reçoivent entre 500 à 600 personnes par an. Le Cidff, sous l'égide du ministère du Travail, reçoit, écoute, conseille et accompagne les victimes de conflit familial. Se diriger vers le Cidff ou une autre association est un des recours possibles pour lutter contre ces violences.

D'autres moyens de lutte

Des moyens sont mis en place pour éviter ces violences et empêcher les récidives. Le dernier en date est le bracelet anti-rapprochement. Depuis 2020, ce dispositif électronique aide à assurer le contrôle à distance des conjoints ou ex-conjoints violents.

La mise en place d'un "téléphone grave danger", l'interdiction au conjoint de se présenter au domicile familial, sanctions pénales... Les réponses aux violences sont multiples.

En Corse, à l'issue du Grenelle contre les violences faites aux femmes, 25 places d’hébergement supplémentaires ont été créées (10 en Haute Corse, 15 en Corse du Sud).

Face à la peur de certaines victimes de s'exprimer, le procureur général tient à faire savoir que "tous les moyens sont mis en oeuvre pour les aider, les épauler à travers le travail des associtions et les modes opératoires mis en place par les tribunaux".

Les victimes de violences peuvent également appeler le numéro vert régional : 0.800.400.235. Pour celles ne pouvant téléphoner, il est possible de faire un signalement sur le site arretonslesviolences.gouv.fr. Une fois le code postal renseigné, la personne est directement mise en lien avec la gendarmerie la plus proche de son domicile.

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