Le 31 mars dernier, l’indication géographique protégée « Kiwi de Corse » a été officiellement enregistrée par la Commission européenne. Un soulagement pour les producteurs insulaires qui, pour certains, redoutaient la disparition de la filière dans l’île.
« Sans cette indication géographique protégée, en Corse, la filière du kiwi serait morte », lance, catégorique, Sylvie Ceccoli, arboricultrice à San Giuliano.
Alors, le 31 mars dernier, lorsqu’elle apprend que la Commission européenne vient d’accorder l’IGP à la production corse, c’est « le soulagement ». « On ne se différenciait pas des autres kiwis français, avec ce label et le bio, ça va peut-être nous sauver, on vient un peu d’obtenir notre Saint Graal », continue-t-elle.
L'IGP kiwi de Corse a été obtenue! Elle a été enregistree aujourd'hui au Journal Officiel de l'UE. Une bonne nouvelle pour cette filière dans un contexte agricole difficile! Bravo à l'Aprodec et aux producteurs engagés dans la démarche ?
— MP Bianchini (@mpb_Corsica) March 31, 2020
Une production en perdition
Jean-Paul Mancel, président de l’association de promotion de la clémentine corse (Aprodec), est à l’origine de la démarche. « C’est une grande satisfaction parce que c’est la première fois que notre cahier des charges [établi avec l’Institut national de l'origine et de la qualité et l’office du développement agricole et rural de Corse] était confronté à d’autres déjà existants, comme le kiwi de l’Adour ou italien. Cela montre que nous sommes capables de produire des fruits de qualité », se félicite-t-il.
Le but est de relancer une production « en perdition » et de mettre en valeur un savoir-faire vieux de presque 40 ans. « Les plantations de kiwis sont présentent sur le territoire insulaire depuis les années 1980, nous étions alors un des premiers producteurs français et les terrains étaient très importants. Puis, faute d’une vraie mise en valeur tout s’est effondré », explique Jean-Paul Mancel.
Actuellement, la production annuelle s’élève à 3.800 tonnes réparties sur 25 productions regroupées au sein de la démarche initiée par Jean-Paul Mancel. « Mais il y a aussi d’autres personnes qui font du kiwi, avec de la vente bord champs, je pense qu’ils doivent être une vingtaine avec une production qui doit approcher les 2.000 tonnes », précise le président de l’Aprodec.
Connaître le même succès que la clémentine
Cultivé dans 39 communes de Haute-Corse, principalement en plaine orientale, le kiwi insulaire possède de nombreux avantages. Le fruit est récolté à la main dans des vergers de petite taille, la production est très limitée et tardive, ce qui rend la chaire plus sucrée, l’usage de la fertilisation est raisonnée, et particularité, il est très acidulé.
Des points forts, que la filière pourra valoriser grâce à l’IGP. « On sera reconnaissable en grande surface, maintenant tout est contrôlé, et surtout cela est gage de qualité », soutient Jean-Paul Mancel.
Du côté des producteurs, il faudra aussi investir. « L’IGP va nous obliger à conditionner sur la Corse, donc il va falloir acheter des frigos. Mais l’Odarc doit nous aider », explique Patrick Bergman, arboriculteur à San Nicolao, en bio depuis 1990.
Si pour Sylvie Ceccoli la filière reste à reconstruire, l’arboricultrice rêve d’un succès comparable à celui obtenu par l’IGP clémentines de Corse. Décrochée en 2007, la distinction a permis de booster la filière qui représente aujourd’hui 98 % de la production en France.
Qu'est-ce qu'une IGP ?
L’Indication géographique protégée (IGP) identifie un produit agricole, brut ou transformé, dont la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées à son origine géographique.L’IGP s’applique aux secteurs agricoles, agroalimentaires et viticoles.
Pour prétendre à l’obtention de ce signe officiel lié à la qualité et à l’origine (SIQO), une étape au moins parmi la production, la transformation ou l’élaboration de ce produit doit avoir lieu dans cette aire géographique délimitée.