Corsica Libera dénonce "la volonté de l'Etat de réprimer" son action politique

Dans une conférence de presse tenue ce mardi 13 décembre, le parti indépendantiste est une nouvelle fois revenu sur l'interpellation et la mise en examen de plusieurs de ses militants, dont trois membres de son bureau exécutif. Le mouvement déplore des opérations relevant de "la police des idées et du délit d'opinion".

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Cherche-t-on, depuis Paris, à faire taire Corsica Libera ? Le parti indépendantiste en est convaincu : ses membres sont depuis plusieurs semaines maintenant la cible d'une volonté du gouvernement français de "réprimer [leur] action politique et d'en museler l'expression".

Des accusations détaillées par le parti lors d'une conférence de presse tenue dans ses locaux de Lupinu, à Bastia, ce mardi 13 décembre. Assis aux côtés des cadres de l'exécutif, notamment, les représentants du collectif Patriotti et de l'association Sulidarità.

Le choix du lieu n'est pas anodin : une semaine plus tôt, la permanence était perquisitionnée par les hommes de la sous-direction anti-terroriste, dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment du chef "d’association de malfaiteurs terroriste".

L'enquête, pour rappel, porterait sur un attentat perpétré contre une résidence secondaire construite illégalement à Capo di Feno, et une conférence de presse clandestine remontant à septembre 2021.

Cette perquisition, peste Petru Antone Tomasi, porte-parole de Corsica Libera, a été menée "sans fondement", et révèle ainsi "les dérives de l'appareil d'Etat français, qui a entendu mener une opération relevant clairement de la police des idées et du délit d'opinion."

La volonté de "réprimer" le parti

La récente interpellation de huit hommes, dont sept membres de Corsica Libera - parmi lesquels trois élu au bureau exécutif -, pointe les mêmes conclusions, poursuit-il. Interpellés tôt dans la matinée du 5 décembre, tous ont été transférés à Paris dans le courant de la même journée, et maintenus là-bas 96h, soit la limite légale, en garde à vue.

"Les auditions menées dans le cadre d'une commission rogatoire dite "antiterroriste" ont concerné exclusivement les motivations de l'action politique de nos militants ainsi que l'organisation et le fonctionnement du parti auxquels ils appartiennent", dénonce Petru Antone Tomasi. Et c'est ainsi sur cet unique point, reprend-il, que tous ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs". 

Il n'y a pas de doutes à avoir sur le caractère totalement vide de cette opération, et le fait que les poursuites ne se justifiaient pas.

Me Marc-Antoine Luca

Six ont été laissés libres sous un strict contrôle judiciaire. Seul incarcéré : Charles Pieri, également mis en examen pour "détention d'armes en lien avec une entreprise terroriste", détenu depuis vendredi au centre de détention de Fleury-Mérogis. Figure historique du mouvement, et désormais âgé de 72 ans, son état de santé ne permet pourtant pas aujourd'hui une pareille décision, affirment les militants. 

"C'est une personne âgée gravement atteinte d'un point de vue de santé. Il y a un risque évident d'accident mettant en danger sa vie", confirme François Benedetti, son médecin - et ancien conseiller territorial Corsica Libera -. Lui dénonce des conditions d'interpellation et de détention "scandaleuses", symboliques du "mépris de l'Etat" pour le militant et pour sa santé.

Egalement présent, Me Marc-Antoine Luca, conseil du septuagénaire, indique entendre mettre en place des actions pour démontrer l'incompatibilité entre la détention et l'état de santé de son client. 

"Il n'y a pas de doutes à avoir sur le caractère totalement vide de cette opération, et le fait que les poursuites ne se justifiaient pas", insiste-t-il, lui aussi.

Une stratégie de "division du mouvement national"

"La stratégie de Paris à l'égard de la Corse et du mouvement national est donc aujourd'hui limpide", tranche Corsica Libera. Accepter de discuter avec certains, et criminaliser, dans le même temps, le parti indépendantiste, désigné comme mouton noir du mouvement nationaliste par l'Etat, estiment les militants.

Une stratégie de "division du mouvement national afin de réduire au silence toute démarche de résistance face à la disparition programmée de notre peuple."

Et des actions contre lesquelles le parti entend bien continuer de se dresser, promettant que "si d'aventure le gouvernement français venait à mettre à exécution ses velléités d'illégalisation de Corsica Libera, comme ce fut le cas par le passé, notre combat politique se poursuivra avec sérénité et détermination."

Politique de répression et délit d'opinion

Aux côtés de l'exécutif de Corsica Libera pour cette conférence, Jean-Philippe Antolini, porte-parole du collectif de défense des prisonniers politiques Patriotti, regrette la politique appliquée par le gouvernement en Corse, "politique de type colonial, ultra répressive, dévastatrice pour notre société, sous l'impulsion de son bras armé, le parquet antiterroriste."

Nous sommes revenus aux heures les plus sombres de l'Histoire de la Corse

Jean-Philippe Antolini, collectif Patriotti

"Nous sommes revenus aux heures les plus sombres de l'Histoire récente du nationalisme corse, mais également aux heures les plus sombres de l'Histoire de la Corse", déplore-t-il. Jean-Philippe Antolini voit dans les interpellations des militants nationalistes un délit d'opinion, car visés "non pas pour ce qu'ils auraient éventuellement pu faire, mais uniquement pour ce qu'ils représentent". 

Par leur mise en examen, "le gouvernement français signifie clairement que la seule réponse aujourd'hui d'actualité aux légitimes revendications du peuple corse est la répression. Et de surcroît, une répression qui vise une partie du mouvement national seulement, en espérant ainsi surfer sur les antagonismes."

Une situation "inacceptable", contre laquelle le collectif Patriotti appelle "le peuple corse, à travers toutes ses composantes et à travers tous les moyens de communication, à se positionner et à faire face [...] avant qu'il ne soit trop tard". 

Un soutien "constant" au FLNC

Une conférence qui aura aussi été l'occasion pour Corsica Libera, questionné à ce sujet par les journalistes, de réitérer sa solidarité avec les actions du FLNC.

Un positionnement qui n'a "jamais dévié, constant à toutes les périodes", rappellent les cadres.

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