Interpellé dans le cadre d'une enquête diligentée par le parquet national antiterroriste concernant un attentat perpétré par le FLNC en septembre 2021 à Capo di Feno, Richard Bouza-Fernandez a été mis en examen mercredi soir. Il a été placé en détention provisoire à la prison de la Santé.
Selon une information révélée par nos confrères de Corse-Matin, Richard Bouza-Fernandez a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste par un juge d'instruction antiterroriste de Paris.
Âgé de 58 ans, ce cuisinier de profession a été placé en détention provisoire mercredi 7 décembre à Paris, à la prison de la Santé. Une décision "injustifiée" selon ses avocats.
"Cette mise en examen est une surprise, a réagi Maître Laura Maria Poli qui défend Richard Bouza-Fernandez avec sa consoeur Amale Kenbib. Notre client a quasiment 60 ans. C’est un travailleur. C'est une personne handicapée à plus de 80%, qui a en plus attrapé le Covid en garde à vue. Elle est totalement inconnue des services de police et de gendarmerie. En l'état actuel et vu le peu d'information dont nous disposons, il s’agit pour nous d'une "incarcération pression". Cette mesure n'est pas du tout justifiée en l’état actuel du dossier."
Enquête du Pnat
Cette mise en examen s'inscrit dans le cadre d'une information judiciaire ouverte par le Parquet national antiterroriste de Paris (Pnat). Cette enquête concerne principalement un attentat perpétré par le FLNC le 1er septembre 2021 sur une résidence secondaire construite illégalement à Capo di Feno, ainsi qu’une conférence de presse clandestine organisée le lendemain. L'attentat avait quant à lui été revendiqué fin septembre dans un tract signé du FLNC.
C'est donc dans le cadre de cette procédure pilotée par le Pnat que Richard Bouza-Fernandez avait été interpellé le 1er décembre dernier à Ajaccio avec deux autres militants indépendantistes. Ces derniers, parmi lesquels figurait Pierre Paoli, étaient sortis libres de garde à vue sans aucune poursuite à leur encontre.
Un mandat d'amener avait été en revanche prononcé à l'encontre de Richard Bouza-Fernandez. Il avait ensuite été transféré à Paris en vue de sa présentation au juge d'instruction.
À la suite de sa mise en examen prononcée mercredi soir, ses avocats ont indiqué qu'ils allaient "formuler à la fois un appel devant la chambre de l'instruction et un référé liberté".
"Ce référé sera audiencé rapidement, soit demain (vendredi) soit en début de semaine prochaine, précise Maître Poli. Nous allons notamment faire valoir le fait que son état de santé est, selon nous, totalement incompatible avec son incarcération."
D'autres personnes auditionnées
Toujours dans le cadre de cette enquête visant des actions du FLNC, sept personnes ont également été arrêtées dans l'île le 5 décembre. Parmi elles figurent des militants historiques de Corsica Libera - dont Charles Pieri - ainsi que des membres de l'exécutif du parti indépendantiste.
Transférés rapidement à Paris, ces derniers sont toujours entendus dans les locaux de la sous-direction antiterroriste (SDAT). À cette heure, on ignore s'ils vont être présentés, à l'issue de leurs auditions, au magistrat instructeur en vue d’une mise en examen.
Dans l'île, cette vague d’interpellations a provoqué de nombreuses réactions. Corsica Libera a notamment dénoncé "une manoeuvre politique".
Depuis une semaine, des rassemblements se sont déroulés dans plusieurs villes de Corse pour réclamer la libération des militants. Jeudi soir, une soixantaine de personnes s'est réunie devant le Palais de justice de Bastia.