Dimanche 5 novembre, le Golu a envahi les plaines de Lucciana et Vescovato, causant des dégâts sur des exploitations agricoles. Certains agriculteurs mettent en cause la responsabilité d'EDF.
Une exploitation d’artichauts transformée en champ boueux.
50 à 60 % de la production serait perdue, mais les dégâts pourraient être plus importants, car l’eau et l’humidité en excès continuent à abîmer les feuilles et les fruits.
Suite aux intempéries de ces derniers jours, le Golu a envahi la plaine de Lucciana avant de se jeter à la mer.
Crue soudaine
"Le Golu a débordé et il y a eu un débordement dans les parcelles, dans les terres agricoles avec l'entraînement de l'eau, de la boue, des détritus", témoigne Paul-André Santini, agriculteur à Lucciana.
Alors qu’il n’a pas plu en Casinca dimanche 5 novembre, la crue du Golu a été soudaine et violente, arrachant sur son passage des cultures comme des plants de maïs, désormais imbriqués aux pieds d'avocatiers.
"Dans la plantation, il y a des arbres arrachés, des piquets couchés, sans parler de la hauteur d'eau qu'il y avait sur les exploitations", décrit Marcel Luciani-Giamarchi, agriculteur.
L'eau a atteint un mètre vingt, les racines des arbres risquent de pourrir.
Délestage ?
L'agriculteur avance une explication et pose la question : EDF aurait-elle mal géré le volume d’eau au barrage de Calacuccia ?
"Ils pourront jouer sur les mots, mais c'est la vérité, affirme-t-il. Vous pouvez demander à tous les agriculteurs du coin qui connaissent l'endroit. On sait très bien qu'il y a eu des délestages."
Les interrogations des agriculteurs sont légitimes : sur une vidéo prise dimanche 5 novembre, on constate que l’eau du barrage du Calacuccia se déverse bien dans le Golu.
"Situation de déversement"
Explications d’EDF, c’est un déversement ou un débordement naturel. Le terme de délestage, acte qui serait volontaire, est réfuté.
"Le barrage était plein et donc on était en situation de déversement, c'est-à-dire que les apports qui rentraient dans l'aménagement sortaient, on n'augmentait absolument pas le débit sortant en vidant le barrage, comme cela peut être sous-entendu.", soutient Amandine Bono, responsable du service gestion du système électrique chez EDF.
Alerte
Lors de la première tempête, Ciaran, une alerte avait été mentionnée dans un communiqué de la préfecture, indiquant que le barrage pouvait être soumis à un risque de débordement, entraînant une élévation du Golu. Le document citait les communes qui pouvaient être touchées.
Une telle alerte n'a pas été mise en œuvre pour le passage de Domingos.
Dans la phase préalable à l'arrivée de cette deuxième tempête, le niveau du barrage aurait-il dû ou pu être abaissé en prévision de ces précipitations ?
Aujourd’hui, les agriculteurs espèrent surtout que leurs pertes seront remboursées grâce au classement de leurs territoires en "catastrophe naturelle".
Le reportage de Solange Graziani et Typhaine Urtizverea :