Dans son discours prononcé dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, jeudi 28 septembre, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à une "autonomie à la Corse". Pour plusieurs syndicats insulaires, cette annonce reste à préciser.
"On attend que les annonces soient transformées." Pour les syndicats insulaires, après les annonces d’Emmanuel Macron sur l’autonomie de la Corse, tout reste à construire.
Désormais, c’est du concret qu’ils attendent de la part des acteurs politiques. "L’idée est que la transformation institutionnelle se retrouve dans le quotidien de chacun, qu’il y ait des avancées positives", appuie Marie-Josée Salvatori, secrétaire régionale de la CFDT.
Et pour y parvenir, la représentante syndicale se dit prête à apporter sa pierre à l’édifice. "Le Président a dit : « c’est une main tendue ». C’est un chemin, nous voulons bien le parcourir et participer à ce processus. Le point de vigilance c’est de savoir quelles compétences et quels moyens surtout car c’est le nerf de la guerre."
Car pour Marie-Josée Salvatori, l’autonomie ne doit pas être synonyme de "régression sociale". Un point que les partis de gauche insulaires avaient, eux aussi, soulevé.
"Ce qui nous intéresse, c’est le sort qui va être fait concernant le Code du travail et les salariés."
Marcel Santini, Force Ouvrière
Cette même inquiétude se retrouve du côté de Force Ouvrière.
"En tant que syndicaliste, je n’ai rien à dire sur le projet d’autonomie, indique Marcel Santini. Ce qui nous intéresse, c’est le sort qui va être fait concernant le Code du travail et les salariés."
Un point le préoccupe tout particulièrement. "Dans le projet de délibération du 5 juillet, il est écrit que tous les droits français seront mis en situation de supplétivité une fois que les textes corses seront rédigés. Nous sommes assez perplexes devant cette perspective."
Pour l'instant, le syndicaliste estime disposer de peu d'éléments de réponse. "Les choses ne sont pas très précises. On attend des garanties et de l’Etat et de la Collectivité de Corse."
"Nécessaire que chacun apporte sa contribution, a fortiori le monde économique"
Le Medef de Corse attend également des précisions.
"Nous ne connaissons pas encore de façon précise et définitive les contours de la démarche institutionnelle initiée il y a déjà 18 mois", rappelle son président Jean-Louis Albertini, qui relève toutefois "une volonté marquée d’aboutir à un statut d’autonomie".
"Au stade du débat actuel, des interrogations qu’il suscite et des obstacles qu’il reste à franchir, il apparaît être grandement nécessaire que chacun y apporte sa contribution a fortiori le monde économique. Le Medef de Corse s’impliquera totalement dans cette démarche", assure-t-il.
Propositions
Le syndicat patronal indique qu’il apportera son analyse et qu’il fera "des propositions conjoncturelles et structurelles afin d’aider le tissu entrepreneurial à se protéger, se renforcer, se développer, mais aussi et surtout l’adapter aux transformations nécessaires pour le diversifier et ainsi le transmettre dans des conditions optimales".
"Nous le ferons plus encore dans le cadre d’une évolution à venir, car celle-ci va demander des adaptations supplémentaires et surtout une impérieuse obligation pour les entreprises insulaires d’être fortes, compétitives et structurées", analyse-t-il.
Et d'ajouter : "Nous souhaitons continuer de positionner les entreprises insulaires comme des créateurs de richesses collectives, d’emplois stables et qualifiés à forte valeur ajoutée mais nous ne pourrons aborder cette étape en position de fragilité car cela conduirait à un échec collectif."
"Charge à tous les acteurs d’être sur un modèle de société qui permet la réduction des inégalités sociales."
Patrice Bossart, CGT
Secrétaire général de la CGT de Corse-du-Sud Corse, Patrice Bossart, lui aussi, souhaite être associé au dialogue.
"Il y a une fenêtre qui s’ouvre, charge à tous les acteurs d’être sur un modèle de société qui permet la réduction des inégalités sociales et la prise en compte des handicaps naturels de notre territoire, ce qui n’a pas été fait jusqu’à présent de manière satisfaisante par les gouvernements successifs."
Pour le représentant syndical, l’autonomie n’a de sens que si elle est "un réel facteur de recul de la pauvreté sur le territoire".
Méthodologie
Le rythme des réunions de concertation sur le projet d’autonomie devrait reprendre, selon le syndicaliste. D'ici six mois, un projet de texte "constitutionnel et organique" devra, en effet, voir le jour. "Reste à voir quelle méthodologie va être mise en place pour les axes prioritaires et quels seront ces axes au niveau social", précise-t-il.
"Je ne préjuge en rien d’un satisfecit, ou pas, sur ce processus. II y a juste un cadrage, maintenant il faut écrire l’histoire", conclut Patrice Bossart.