Nouveaux doutes à propos de la fermeture promise de Fessenheim

Le président de la commission du développement durable de l'Assemblée nationale, Jean-Paul Chanteguet (PS), a appelé jeudi le gouvernement à "imposer" à EDF d'engager la fermeture de la centrale de Fessenheim, faisant écho aux doutes émis sur la réalisation de la promesse de François Hollande.

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Au dernier jour du Débat sur la transition énergétique après six mois de travaux, M. Chanteguet a fustigé "ceux qui cherchent à gagner du temps" au sujet de la question du nucléaire, comme le président d'EDF, Henri Proglio. Ce dernier n'est "pas pressé de mettre en oeuvre l'engagement" de François Hollande de "fermer Fessenheim d'ici la fin de son mandat, alors que l'ensemble du processus dure 4 à 5 ans". Il "se fait fort d'obtenir une prolongation à 50 puis 60 ans de ses réacteurs", écrit-il dans un communiqué.
"N'est-il pas temps pour le pouvoir exécutif, marquant en cela le retour du politique, d'imposer, en tant qu'actionnaire très majoritaire, au président d' EDF d'engager la procédure de fermeture de la centrale de Fessenheim, un acte de responsabilité susceptible de tisser une relation de confiance avec
les citoyens?", demande-t-il.
La faisabilité de la mise à l'arrêt définitive de Fessenheim d'ici la fin du mandat de M. Hollande, et non pas seulement l'arrêt effectif de ses deux réacteurs nucléaires, est régulièrement mise en doute. Pour l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), la mise à l'arrêt de la doyenne des centrales françaises dans le Haut-Rhin nécessitera "environ 5 ans" en raison de la lourdeur des procédures. Ce délai est évalué à quatre ans par le haut fonctionnaire chargé de préparer la fermeture de la centrale, Françis Rol-Tanguy.
L'Elysée a affirmé en janvier que, malgré les difficultés judiriques et économiques, l'engagement serait tenu d'ici "fin 2016" ou "début 2017". Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déclaré en mai que "la mise à l'arrêt définitif" serait inscrite, dans le projet de loi sur la transition énergétique déposé à l'automne au Parlement.
Toutefois, le Premier ministre avait insisté sur "l'importance de la mobilisation des différents acteurs, notamment de l'entreprise EDF", ajoutant. "Le respect de ce calendrier impliqu(ait) d'engager effectivement les travaux techniques", dit-il.
Actuellement, l'Etat ne peut imposer la fermeture d'une centrale que pour des motifs de sûreté. Parmi les 15 "enjeux majeurs" annoncés jeudi au terme du Débat national sur la transition énergétique, est évoquée la possibilité d'intégrer dans la loi un pouvoir de l'Etat de fermer des centrales pour des raisons de politique énergétique.
Interrogée par l'AFP sur les accusations de M. Chanteguet, et sur la date à laquelle EDF entendait engager les travaux en question, l'entreprise a refusé de répondre, se contentant d'un "sans commentaire".
La fermeture de Fessenheim pourrait coûter cher à la France. Plusieurs groupes allemands et suisses (EnBW, Alpiq, Axpo et BKW), qui financent
la centrale à hauteur de 32,5%, pourraient demander des compensations en échange d'une part équivalente de sa production de courant électrique.
Le site de Fessenheim (2 réacteurs de 900 MW) est le seule des 19 centrales françaises (et 58 réacteurs) dont la fermeture a été annoncée par le président François Hollande. Celui-ci s'est engagé à réduire la part du nucléaire de 75% à 50% de la production électrique d'ici 2025.

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