Colmar : Laurent Roeckel, auteur d'incendies racistes, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle en appel

Laurent Roeckel a été condamné vendredi en appel à Colmar à 10 ans de réclusion criminelle pour des incendies à caractère raciste visant des familles turques, soit deux ans de moins que la peine infligée en première instance.

L'avocat général, Jacques Dorémieux, avait demandé aux jurés de la cour d'assises du Haut-Rhin de confirmer le verdict de mars dernier, ou en tout cas d'infliger une peine "qui ne soit pas inférieure à 10 ans", car sinon "on considère comme des délits" des faits qui "sont par nature des crimes". Laurent Roeckel "n'avait pas l'intention de tuer, mais son intention était clairement de brûler des maisons dans lesquelles il savait qu'il faisait courir un péril majeur pour la vie des personnes présentes", a dit le représentant du parquet.

A trois reprises, le jeune homme avait mis le feu à des poubelles qu'il avait placées devant des logements à Vendenheim, près de Strasbourg, provoquant des incendies. Réveillées en pleine nuit, les familles avaient quitté leurs logements en urgence, mais personne n'avait été blessé. Dans l'un des cas, des croix gammées avaient été tracées sur un muret.



Pour la défense, Me Dominique Bergmann avait dit sa "foi en l'humain" pour exhorter les jurés à croire en une possible "évolution" de son client et les convaincre de la sincérité de ses remords. L'accusé, qui lors de son premier procès à Strasbourg s'est revendiqué de l'extrême droite "identitaire", ne nie pas les faits ni leur caractère raciste, mais il affirme avoir voulu simplement effrayer ses victimes. Le jeune homme solitaire, sans diplôme et sans emploi, les avait choisies dans l'annuaire en fonction de la consonance de leur nom.

Vendredi matin, une experte psychologue a affirmé devant la cour qu'elle ne croyait pas aux remords exprimés par M. Roeckel. S'il regrettait, "il accepterait de s'expliquer". "Il adhère toujours aux thèses racistes, contrairement à ce qu'il prétend", a dit l'experte, Corinne Acker. Pour la psychologue, le racisme permet à l'accusé de "se raccrocher à quelque chose et se mettre en avant". "Je ne vois pas pourquoi il laisserait tomber ça, car il se retrouverait sans rien. Il a un problème d'identité, c'est le vide à l'intérieur", a-t-elle dit.

Jeudi, l'accusé a raconté que, à l'époque des faits, il se "définissait comme raciste", c'est-à-dire qu'il "trouvait qu'il y avait trop d'étrangers d'origine turque" en Alsace. Mais il a nié être un habitué des sites internet néo-nazis. "J'assume ce que j'ai fait, je le regrette", a-t-il dit. "Pour moi tout ça c'est du passé", a-t-il affirmé, ajoutant n'avoir plus "qu'une idée en tête, c'est de sortir, trouver du travail, trouver un logement". Lors de ce procès en appel, l'accusé s'est montré moins arrogant que lors de sa première comparution. Il a cependant continué à afficher pendant les débats un "sourire de mépris", a fustigé l'avocate de SOS Racisme, Me Carole Aubel-Tourette. 

"Il a retrouvé un petit équilibre en étant transféré à la prison de Besançon, il a évolué", a affirmé son avocat Me Bergmann. M. Roeckel a ainsi raconté qu'il avait sollicité une formation professionnelle dans le domaine de la restauration, disant que l'idée lui était venue en regardant des émissions télévisées consacrées à la cuisine.





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