Denis Ledogar, l'aumônier qui célèbre la vie au chevet des mourants

Aumônier d'hôpital à Strasbourg, le père Denis Ledogar côtoie la mort au quotidien depuis plus de 30 ans. Pour cet ancien infirmier, parfois critique face aux positions de son Eglise, soulager la souffrance est un engagement qui dépasse le seul cadre religieux.

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"Ce qui est sacré, c'est l'être humain! Il passe avant toute règle, fût-elle religieuse ou ecclésiastique", proclame ce "passionné du Christ" de 57 ans, chaleureux et souriant, qui se définit comme un "homme de coeur avant d'être un homme de culte". Vêtu le plus souvent du pyjama vert du personnel soignant, Denis Ledogar tente "d'instiller un goutte-à-goutte d'amour" aux malades, par son écoute, une prière, un rituel ou un geste de tendresse. A travers cette mission "entre l'affectif et le spirituel", il noue des relations souvent très profondes avec des patients pas forcément pratiquants, voire non croyants.Cet "humaniste" ne revêt ses habits sacerdotaux que pour célébrer la messe, dans la chapelle de l'immense hôpital de Strasbourg-Hautepierre. Mais il confie être incapable de "s'enfermer trois heures dans une chapelle pour prier". "Ma prière, c'est de rencontrer les gens, de soulager la souffrance", résume l'ancien infirmier, qui a créé il y a 20 ans une association, Semeurs d'étoiles, pour aider matériellement les familles des enfants malades.

"De ceux qui savent écouter"

Dès les années 1980, à une époque où le sida faisait des ravages dans son hôpital, il a prôné l'usage du préservatif. "J'écoute ce que dit ma hiérarchie, mais je me sens libre de m'exprimer si je ne suis pas d'accord. Je ne recrache pas le discours officiel", expose calmement le prêtre. "L'hôpital, il est tombé dedans quand il était petit ! Cela fait de lui quelqu'un d'unique", confie Jean-François Lanot, le directeur général adjoint des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. "Il est de ceux qui savent écouter, tout le monde n'a pas cette qualité", poursuit le dirigeant. De son enfance dans une famille très pauvre mais aimante, marquée par la maladie de sa mère et l'alcoolisme de son père, Denis Ledogar confie avoir tiré une "hypersensibilité à la souffrance des autres". Dès 8 ans, il veut devenir prêtre. ll le sera à 29 ans, en même temps qu'aumônier, après plusieurs années passées à l'hôpital comme infirmier anesthésiste: tout en étudiant la théologie, il travaillait alors dans un SAMU et un service de chirurgie cardio-vasculaire. "Dans mon équipe, c'est toujours à moi qu'on demandait d'annoncer un décès à la famille. Mes collègues avaient compris que je ne me dérobais pas, que je savais tenir des propos simples et humains".

"Se préparer au grand départ"

De cette confrontation permanente avec la maladie et la mort, le père Ledogar a tiré plusieurs livres, et la matière de nombreuses conférences. "C'est un peu la star du diocèse", glisse-t-on, avec une pointe d'agacement, dans les couloirs de l'archevêché de Strasbourg. Dans ses interventions publiques, l'aumônier fait part de sa révolte face à la souffrance, qui "n'est pas rédemptrice et n'a pas de sens". De sa conviction qu'"il faut oser parler de la mort", que "mourir ne doit jamais être un voyage solitaire, privé d'humanité et d'amour". Et que chacun peut "se préparer au grand départ", notamment en pratiquant une relecture positive de sa vie, "car on a tous envie de sortir proprement de ce monde". Il évoque aussi l'euthanasie, en termes nuancés: "dans des cas où la souffrance physique ne peut être soulagée, je peux comprendre qu'un patient en situation incurable demande qu'on l'aide à partir", explique-t-il. Tout en estimant qu'il serait "peut-être dangereux de légiférer sur ce point, d'écrire dans une loi qu'on peut donner la mort". Après toutes ces années, le père Ledogar avoue qu'il "ne connaît pas la mort" et "n'a pas de certitudes". Il se contente d'aller "jusqu'au bout de ce côté, celui de la vie". Et sait que "Dieu ne se laisse pas enfermer dans des formules toutes faites".

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