Il n'y aura pas d'union sacrée pour la "Voie sacrée" : avec une proposition de loi UMP pour réaffirmer le caractère national de cette route symbole de la bataille de Verdun en 1916, une vieille polémique meusienne s'invite jeudi 20 février 2014 à l'Assemblée nationale.
Jugeant qu'il s'agissait d'une "mascarade" digne de "Clochemerle", les députés PS ont l'intention jeudi 20 février 2014, de boycotter le débat dans l'hémicycle sur la proposition de loi UMP, signée par 78 parlementaires, visant à garantir "l'appellation intangible de Voie sacrée nationale", alors que cette cette route historique depuis 1916, qui relie Bar-le-Duc à Verdun (Meuse), est devenue une départementale en 2004.
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Le maire de Verdun, Arsène Lux (DVD), qui milite depuis dix ans pour l'appellation nationale, a écrit à François Hollande pour qu'il empêche ce boycott, une "ignominie qui déshonorerait le Parlement et au-delà, notre pays tout entier, au moment même où s'engagent les commémorations du centenaire de la Grande Guerre", selon lui.
Dans le cadre de ces commémorations, le Tour de France 2014 empruntera d'ailleurs la Voie sacrée, le vendredi 11 juillet, pour célébrer le rôle primordial de cette route de 55 km comme artère logistique vitale de la place de Verdun.
Un peu d'Histoire
Les principales lignes de chemin de fer de la Meuse étant exposées au feu allemand, le ravitaillement des troupes françaises était devenu très difficile. C'est par cette route que furent ainsi acheminées armement, vivres et matériel, dans une noria de camions, camionnettes et tracteurs d'artillerie lourde. Pendant la bataille de Verdun, de février à octobre 1916, 50.000 tonnes de matériel y ont été acheminées chéque semaine par près de 9.000 véhicules, jour et nuit.L'écrivain Maurice Barrès la surnomma dès 1916 la "Route Sacrée", en référence à l'antique voie sacrée romaine qu'empruntaient les généraux victorieux. L'appellation Voie sacrée s'imposa rapidement après la guerre et fut gravée sur des bornes kilométriques rouges et blanches, coiffées d'un casque de poilu et de palmes en bronze, qui jalonnent toujours la route.
En 1923 le Parlement avait voté "à l'unanimité" le classement de la Voie sacrée dans le réseau routier national, au nom de la "reconnaissance" de la Nation tout entière pour les services rendus, rappelle M. Lux. "Cette reconnaissance ne peut pas être reprise", insiste-t-il.
"Gesticulation politique"
Pour Christian Namy, sénateur UDI de la Meuse et président du conseil général, avec lequel M. Lux est en conflit depuis des années, il s'agit toutefois d'un "faux débat", car "l'appellation originale c'est celle de Voie sacrée, point terminé". Et cela n'a "rien à voir" avec son statut administratif de route nationale ou départementale, qui d'ailleurs n'apparaît pas sur son tracé, souligne-t-il.En outre, en 2004, M. Lux, qui était à l'époque également conseiller général de la Meuse, avait voté pour le statut départemental de la Voie sacrée, rappelle M. Namy.
"Je n'ai jamais voté cela comme ça", rétorque le maire de Verdun. "Mais je ne demande pas un retour dans le réseau routier national, peu importe
que cela soit départemental, à condition que la symbolique nationale soit pérenne et définitive", précise-t-il.
"Il n'y a pas lieu à délibérer, la loi de 1923 existe toujours (...), la Voie sacrée est bien au-delà d'une route nationale ou départementale, elle est simplement dans la mémoire universelle", fait valoir Jean-Louis Dumont, député PS de la Meuse et ancien maire de Verdun.
Jérôme Nicolas, le président de l'association du musée de la Voie sacrée à Souilly (Meuse), ne voit dans tout cela rien d'autre que "de la gesticulation politique" qui "n'a rien à voir avec le respect que l'on doit avoir pour le devoir de mémoire". "Le caractère national de la Voie sacrée n'a jamais été perdu du seul fait d'une gestion départementale. A titre de comparaison, devrait-on nationaliser la ville de Verdun au seul prétexte du caractère indubitablement national de la bataille de Verdun?" ironise-t-il.
Bonus vidéo : la Voie Sacrée
La Voie Sacrée par memoirarchives