Ça ne vous a pas échappé: cet été en Alsace, il pleut. Les précipitations sont mêmes historiquement abondantes, de quoi plomber le moral des touristes et des locaux. Mais cette météo fait du bien à certains agriculteurs et aux professionnels de la culture.
Que d'eau, que d'eau ! Depuis plusieurs semaines en Alsace, un ciel de plomb et une pluie continue douchent nos espoirs d'un été chaud et chatoyant. Et ce n'est pas qu'une impression... Selon les données de Météo-France, jamais la région n'avait atteint une telle pluviométrie depuis 1959 sur les mois de juin et de juillet. Au cumulé, le précédent record, datant de 1987, a été battu avec 261,3 mm cette année contre 260,5 mm à l'époque.
Une météo pourrie qui désespère tout le monde. Vraiment tout le monde ? Non. Une poignée de secteurs résistent encore et toujours à la sinistrose. L'agriculture et la culture s'accommodent même plutôt bien de la situation. A la Cité du train à Mulhouse par exemple, "une mauvaise météo va induire une hausse de la fréquentation", affirme Sylvain Vernerey, le directeur du site qui accueille, hors covid, jusqu'à 2.000 visiteurs par jour lorsqu'il pleut contre 700 à 800 les jours de beau temps.
Entre du ciel bleu et un jour de pluie, on peut facilement multiplier par trois le nombre de spectateurs
"On le remarque dès l'accueil, au niveau de la queue, ajoute-t-il. Ça se joue surtout au niveau des touristes: plutôt que d'aller se faire mouiller au Marsktein ou dans les villages du vignoble, ils choisissent de passer une journée à l'abri. Un contexte pluvieux qui permet de mettre un peu de beurre dans les épinards à l'heure du pass sanitaire et d'une pandémie qui n'en finit pas. "On a eu deux fois plus de public en juillet 2021 qu'en juillet 2020, preuve que la météo joue un rôle important malgré les contraintes qui restent fortes."
Pass sanitaire vs météo maussade
A Mulhouse, le constat est le même du côté du cinéma Kinepolis. "Depuis l'instauration du pass sanitaire, on sent un léger fléchissement mais on a atteint de très bons taux de fréquentation en juin et la première quinzaine de juillet. Entre du ciel bleu et un jour de pluie, on peut facilement multiplier par trois le nombre de spectateurs", constate Anne-Sophie Le Guiader, directrice des ventes de Kinepolis France.
Sur le versant alsacien des Vosges, où les nuages grisâtres s'accrochent aux cimes, il y a en revanche un peu de moins de monde que d'habitude. Nichée sur les hauteurs du Petit Ballon, la ferme-auberge du Kahlenwasen accueille surtout des fidèles, à défaut des randonneurs découragés. Pourtant, le moral est au beau fixe. Si dans le vignoble alsacien, les feuilles sont attaquées par le mildiou, un champignon, en montagne, abondance d'eau ne nuit pas. "Tout est en train de renaître après cinq années de sécheresse, observe Guy Lochert, propriétaire des lieux et vice-président des fermes-auberges du Haut-Rhin. Les arbres sont plus verts, il y a plus de fleurs dans les pâturages. Les vaches sont au paradis."
Une nature en pleine régénération, du meilleur fromage
Et ceux qui dégustent le munster le sont également: "Le fromage a plus de goût et de saveur grâce à cette diversité, et on a plus de lait parce qu'il y a plus à manger pour les bêtes", explique l'agriculteur. La nature se régénère également en plaine, d'après Daniel Reininger, pilote du réseau eau pour Natura 2000. "Il n'y a pas trop d'eau, ça non, sourit-il. Pour les forêts et les sols qui ont souffert de graves déficits ces derniers étés, c'est une très bonne chose."
La nappe phréatique, elle, est quasiment à son maximum, "sauf dans le sud de l'Alsace où elle est plus profonde et où l'infiltration prend plus de temps". "Les cours d'eau présentent également un meilleur débit et des températures plus basses et donc plus adaptées à la faune piscicole. Le Rhin est par exemple à 20-21 degrés contre 25-26 les années précédentes. Pour les saumons, c'est mieux", analyse Daniel Reininger.
Quelques bonnes nouvelles malgré tout qui, à défaut de vous innonder de bonheur, atténueront peut-être un peu votre ras-le-bol...