Depuis le mois de septembre, la pluviométrie est très faible dans la plaine d’Alsace. Une sécheresse de surface est déjà en train de se profiler. Du jamais vu depuis les années 1960. Analyse avec un prévisionniste.
Les parapluies n’ont pas été beaucoup de sortie ces derniers mois. Si l’été 2021 a été humide en Alsace, l’automne puis l’hiver ont été plutôt cléments. Et secs. Trop secs. D’après les relevés de l’association Météo Suivi Alsace, le cumul des précipitations entre les mois de septembre 2021 et mars 2022 a été inférieur de 43% par rapport à la moyenne des quarante dernières années sur la même période.
Cette anomalie climatique concerne essentiellement la plaine d’Alsace. "Le secteur autour de Colmar est particulièrement concerné, les indices d’humidité des sols frôlent les records", remarque le prévisionniste Jonathan Krommenacker.
Cet hiver a-t-il été particulièrement sec ?
Météo Suivi Alsace indique qu’entre les mois de septembre et de mars, le cumul des précipitations relevées à la station de Strasbourg-Entzheim atteint 188mm. Il s'élevait en moyenne à 331,5mm entre les années 1981 et 2010. "On retrouve les mêmes scenarios climatiques qu’avant les années 1980, quand les hivers en Alsace étaient beaucoup plus froids, et donc plus secs", constate Jonathan Krommenacker. Sauf que les étés sont désormais souvent plus chauds et plus secs qu’au siècle dernier.
Un déficit pluviométrique historique pour la période ?
Le mois de mars 2022 est actuellement en seconde position des mois de mars les plus secs depuis 1923 à Strasbourg. "S’il ne pleut pas beaucoup dans les prochaines semaines, on pourrait connaître la même situation qu'en 1976", met en garde le prévisionniste. Cette année-là, considérée comme historique au plan climatique, le déficit pluvieux s’était alors étalé de décembre 75 à août 76, avec un printemps et un été très chauds.
Quelles conséquences ?
A la faveur d’un été très pluvieux l’an dernier, le niveau de la nappe alsacienne est dans la moyenne en cette fin mars, mais une tendance à la baisse continue est observée depuis plusieurs semaines, selon les données de l’Aprona, l'observatoire de la nappe d'Alsace. "Une sécheresse de surface est déjà présente, de plus en plus visible. Et elle risque de gagner du terrain, avertit Jonathan Krommenacker. Elle pourrait s’étendre au massif vosgien mais aussi s’aggraver."
L’arrivée du printemps pourrait en effet renforcer le phénomène avec l’éveil de la végétation qui puise beaucoup d’eau dans le sol et accélère l’assèchement en profondeur. "Les sécheresses d’automne et d‘hiver sont plus préoccupantes que celles qui surviennent l’été, car les pluies sont plus efficaces pour reconstituer les nappes phréatiques quand la végétation est au repos", constate-t-il.
D’après les relevés de Météo Suivi Alsace, la pluie n’est pas au programme des prochains jours en Alsace. Mais quelques signaux humides se profileraient pour le mois d’avril.