Au lendemain de l'attaque qui a fait trois morts dans le 10e arrondissement de Paris le 23 décembre 2022, la communauté appelle à manifester en milieu d'après-midi.
Moins de 24 heures après l'attaque à proximité d'un centre culturel kurde du 10e arrondissement de Paris, les Kurdes de France ne veulent pas rester sans voix. À Strasbourg, une manifestation est prévue ce samedi 24 décembre, à 16h.
Il est midi passé le 23 décembre 2022 quand la rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris, devient le théâtre d'une attaque qui aura fait trois morts et trois blessés. Un homme âgé de 69 ans est suspecté d’en être l’auteur, et d’avoir ciblé le centre culturel kurde Ahmet-Kaya.
La communauté kurde de France s'apprêtait à commémorer les dix ans de l'attentat qui avait coûté la vie à trois militantes kurdes en janvier 2013 : "Si cette nouvelle attaque a lieu à cette date, ce n'est pas un hasard, évidemment que c'est un acte politique", assène Hélène Dersim, une réfugiée politique kurde qui vit à Strasbourg depuis une vingtaine d'années.
Je ne parle pas avec mes sentiments. Le président Erdogan et son entourage sont derrière tout ça.
Hélène DersimRéfugiée politique franco-kurde
Si pour le moment, aucun élément ne lie l'auteur présumé des faits à l'état turc, Hélène Dersim est persuadée de l'inverse : "Je ne parle pas avec mes sentiments. Le président Erdogan et son entourage sont derrière tout ça. Ils ont peur qu'ils perdent le pouvoir, et que toutes leurs saletés de dictateur soient révélées au grand jour."
Selon elle, ce qu'il s'est passé à Paris est un écho à ce que vivent les Kurdes en Turquie et aux frontières du pays. Cette minorité, depuis longtemps réprimée, est la cible de bombardements dans le nord-est de la Syrie en représailles de l'attentat qui a coûté la vie à six personnes à Istanbul le 13 novembre 2022. Le président tient le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour responsable, ce que le parti réfute. Le tout à quelques mois de l'élection présidentielle.
Le profil de l'assaillant présumé fait réagir
"Erdogan attaque les Kurdes en dehors de ses frontières, résume Hélène Dersim. Mais il n'est pas le seul responsable dans cet acte odieux. La France a également son lot de responsabilités, quand on connaît le passif de l'auteur des faits." En effet, le suspect est connu des services de police pour des faits de violence par le passé. Jusqu'au 12 décembre, il était placé en détention provisoire dans le cadre d'une information judiciaire, après avoir attaqué un an plus tôt un camp de migrants parisien au sabre. Libéré, il était sous contrôle judiciaire au moment des faits.
"Avoir cet homme dehors, c'est impensable ! On ne relâche pas dans la nature une personne déjà connue pour des faits aussi graves. Je me demande qui il a croisé en prison, parce que c'est une évidence que cette attaque a été commanditée", poursuit la réfugiée politique. Au lendemain de l'attaque, l'assaillant présumé a indiqué en garde à vue avoir agi parce qu'il était "raciste", d'après l'AFP.
Une manifestation sera organisée ce samedi 24 décembre, en soutien à la communauté kurde : "Notre position est claire, on demande la paix et la démocratie dans le monde. Ce n'est pas parce que nous sommes attaqués que nous allons attaquer. Nous ne fonctionnons pas comme ça", conclue Hélène Dersim. Marché de Noël oblige, le rassemblement se tiendra sur la place de la gare de Strasbourg, à 16h.