Avec le changement climatique, le melon d'Alsace est-il un fruit d'avenir?

Peu gourmand en eau et s'épanouissant volontiers dans nos étés de plus en plus chauds et secs, le melon se plaît en Alsace. Certains agriculteurs s'y lancent timidement, et à Saessolsheim, Martin Wilt y croit même franchement : il a mis en terre 10.000 plants pour sa 2e année de production.

A première vue, il a tout des plus grands : la couleur, le calibre. Dès qu'il est cueilli, son odeur douce et sucrée appelle à le goûter. Et aussitôt, les saveurs s'en mêlent, achevant de convaincre que oui, le melon d'Alsace est bon, très bon. "Attention, précise Véronique Steinmetz, directrice de la coopérative de Hoerdt, les "Jardins du Ried", il faut bien que les consommateurs sachent que ce ne sont pas les mêmes melons que les charentais ou les Cavaillon : le melon d'Alsace est plus ferme, il a ses propres subtilités de saveurs, il est bien de notre terroir. Il ne faut pas chercher à comparer."
 


Avis d'une spécialiste, venue ce jour-là visiter le plus gros producteur du secteur, voire de la région. C'est que Martin Wilt aime les défis. L'an dernier, il s'est lancé, dans son exploitation de Saessolsheim, avec le soutien de la chambre d'agriculture, dans une phase d'expérimentation : 26 variétés de melons plantées, "pour voir ce que ça donne... et ça a été l'euphorie! Tout le monde a voulu goûter, tout le monde a aimé et en a voulu davantage."
 

De 50 à 60.000 fruits récoltés d'ici fin août

L'agriculteur de 56 ans est donc récompensé d'être un précurseur. Cette année, il continue de tester de nouvelles variétés, de pastèques, des melons jaunes... mais il a surtout décidé de passer à la vitesse supérieure sur celles qui ont particulièrement bien donné lors du premier été : quatre variétés, 10.000 plants mis en terre avec l'espoir de récolter entre 50 et 60.000 fruits. 30 à 40% seront vendus directement dans sa ferme, le reste commercialisé chez des grossistes et dans des grandes surfaces, via la coopérative de Hoerdt.
 

"Il faut que nous nous adaptions, soutient Véronique Steinmetz. Dans quelques années, nous ne serons peut-être plus capables de produire certains de nos fruits et légumes, à cause du changement climatique, des épisodes de sécheresse... Alors il faut essayer de nouvelles choses."
 

Comment bien choisir son melon?

"Le melon s'adapte très bien ici, renchérit Martin Wilt. Il n'a pas besoin de beaucoup d'eau, ça fait déjà trois semaines qu'on n'arrose plus du tout". En début de saison, il leur apporte de l'eau au goutte-à-goutte, grâce à un système de tuyaux percés de petits trous, à même le sol, et ça suffit. Ensuite, plus d'eau du tout, simplement la rosée de la nuit. "Il aime nos nuits un peu plus fraîches et ne craint pas la chaleur, bien au contraire".
 

Une production qui complète ainsi son année, après les asperges, la rhubarbe, avec les tomates, les courgettes, et avant les choux, notamment, "un complément de revenus", mais surtout une bonne réponse à son désir d'innover. Lui et son équipe sont aux petits soins de cette nouvelle culture, observant son évolution, adaptant ses pratiques. "Tout a été planté à la main, le terrain biné... Il n'y a absolument aucun produit chimique dans ce champ, tout est naturel. Ça prend du temps, mais quand je vois le résultat, c'est pas mal du tout..."
 
Cette année, la récolte a pris huit jours de retard, car le printemps a été maussade. Mais les plants donnent désormais bien et la saison va s'étaler sur trois semaines. Des melons par milliers... mâles et femelles, qu'il faut distinguer pour choisir le plus sucré, petit secret confié par notre producteur : "les aréoles, au cul du melon, sont plus larges lorsque ce sont des femelles, assure-t-il. Et les femelles sont les plus sucrées..." Ne reste plus qu'à déguster...
 
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