Le Grand Est est la région de France la plus touchée par les chenilles processionnaires. Les préfectures prennent des mesures pour limiter leur prolifération, notamment pour celle du pin, qui a fait son apparition en Alsace ces dernières années.
Classées espèces nuisibles, les chenilles processionnaires du chêne et du pin sont régulièrement dans la ligne de mire des préfectures et des ARS, agences régionales de santé. Car ces deux espèces se révèlent néfastes pour l'Homme et les animaux. Elles vivent en grandes colonies et peuvent se mettre à pulluler brutalement.
Au printemps, en avril, sévit la chenille processionnaire du chêne, (la plus répandue dans le Grand Est, pour cause de présence de nombreux chênes) et en fin d'année, celle du pin fait des ravages. Le 31 juillet 2023, la préfecture du Haut-Rhin a publié un arrêté de lutte contre ces dernières. Objectif, sensibiliser et informer le plus grand nombre, pour éviter leur prolifération dans les milieux urbains.
Sur le terrain, c'est l'organisme à vocation sanitaire, Fredon, qui est chargé par l'Etat d'organiser la préservation des végétaux, de la santé publique et de la protection de l’environnement. L'organisme informe et forme les collectivités, associations, producteurs agricoles et particuliers.
Louis Audren, est chargé d’études en agro-environnement à Fredon, il précise qu'il n’est pas question d'éradiquer ces espèces, qui ont leur rôle à jouer dans la biodiversité, mais de limiter leur prolifération et impact sanitaire.
La chenille processionnaire du pin arrivée en Alsace par accident
Officiellement, en Alsace, nous ne devrions pas encore subir de démangeaisons, allergies, irritations oculaires ou maux de gorge, à cause des chenilles du pin. Car leur migration est lente. Elles viennent du sud de la France où elles sont installées depuis longtemps, et sont encore loin.
Mais voilà, elles peuvent aussi être importées par accident. C'est le cas dans la ville d'Obernai (Bas-Rhin), où elles sont arrivées sous forme de larves, nichées dans les mottes de terre autour de pins importés. Depuis, elles élargissent doucement leur périmètre d'action.
Il est facile de les reconnaître, "elles font des petits nids, en forme de boules soyeuses, au bout des branches de pin" explique le spécialiste de Fredon.
Parmi les conseils de prévention des spécialistes, "il faut veiller à ne planter des arbres sans avoir vérifié leur état de santé, motte incluse. Ne pas implanter des arbres susceptibles d'être touchés par le ravageur, quand on sait que l'espèce est déjà touchée dans une zone géographique. Par exemple, vous n'implantez pas de chêne dans la cour d'une école dans une zone infestée par la chenille processionnaire du chêne, sinon vous risquez d'être obligé de le couper au bout de quelques années."
Que faire si vous repérez des chenilles processionnaires ou un nid
Ne pas les toucher et ne pas chercher à les détruire soi-même, mais les signaler à l'Observatoire des chenilles processionnaires. Ultérieurement, a priori à partir de 2024, une plateforme nationale de signalement sera ouverte. Elle traitera et recoupera les informations de toute la France.
Selon les lieux, surtout dans le sud de l'Hexagone, où le phénomène existe depuis des décennies, il existe des entreprises avec des professionnels formés pour les détruire.
À Obernai, dans les ronds-points routiers où les premières chenilles sont apparues il y a quelques années, les insectes étaient arrivés dans des pins noirs d'Autriche. Depuis, ils continuent à s'installer dans les jardins publics où des pièges sont installés sur les troncs, pour éviter que les chenilles ne s'enfouissent dans le sol.
La mairie surveille la situation, mais indique qu'aucune prolifération n'a été constatée pour l'instant. "L'état est stationnaire, nous ne sommes pas envahis, mais nous restons vigilants et invitons toute personne à nous signaler la présence de nid, que ce soit sur la voie publique, dans un parc ou chez un particulier."
Plus les hivers sont doux, plus les chenilles du pin survivent bien et peuvent se développer. Si la barre fatidique des -16 degrés n'est pas atteinte, elles se développent. L'espèce s'attaque aux feuilles, et si la défoliation est importante, elle fragilise la résistance de l'arbre qui luttera moins bien contre les autres insectes et notamment les rayons du soleil. Des attaques répétées peuvent mener à la mort de l'arbre.
Il y a aussi un foyer sur la commune de Bischoffsheim, ville attenante. Car une fois la chenille métamorphosée en papillon, il vole.