Les promesses du Premier ministre aux agriculteurs n'ont pas éteint leur colère, loin de là. Dans le Bas-Rhin, ils préparent une nouvelle manifestation pour mardi 30 janvier 2024, sur le modèle de la semaine passée. Et dans le Haut-Rhin, un nouveau blocage devrait suivre en fin de semaine.
"On est très, très mécontents. On nous a fait de beaux discours, mais il n'y a rien de concret. Rien sur les prix, rien sur les perspectives pour les éleveurs, rien sur les normes, rien sur notre compétitivité, c'est du vent (…) Notre syndicat national, la FNSEA a fait 120 propositions concrètes, et Gabriel Attal ne les a pas reprises."
Franck Sander, le président de la FDSEA 67, est extrêmement remonté depuis les annonces du Premier ministre, vendredi 26 janvier dernier, qui étaient pourtant censées calmer la colère des agriculteurs. Et assure que dans le Bas-Rhin, les membres de son syndicat sont déterminés à poursuivre la lutte. Aussi longtemps qu'il le faudra, jusqu'à ce que le gouvernement les écoute vraiment.
"Ils veulent jouer, nous, on ne joue pas" martèle-t-il. "Gabriel Attal n'a pas pris la mesure de notre détresse. Quand des milliers d'agriculteurs sont dans la rue, il faut se poser les bonnes questions. "On attend des actes, et les actes ne sont pas au rendez-vous. "
Un nouveau blocage à Strasbourg, mardi 30 janvier
Pour la semaine qui vient, la FDSEA 67 prévoit donc un nouveau blocage de l'autoroute M35 dès mardi 30 janvier dans l'après-midi, dans le secteur de Cronenbourg, à Strasbourg, sur le même modèle de celui de mercredi et jeudi dernier.
"Les tracteurs convergeront mardi en fin de matinée vers Strasbourg. L'objectif est de se retrouver à 15h sur la M35 et de s'installer pour une durée de 30 heures. Il y aura autant de tracteurs, ou un peu moins, mais le double du monde sur place, assure Franck Sander. Là, maintenant, on connaît les lieux, donc les agriculteurs vont pouvoir se relayer, le père, le fils, le voisin… Il y aura de la relève."
Le syndicat des Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin est totalement partie prenante de cette action. Et confirme que son "réseau est assez remonté, même plus que la semaine dernière."
… et peut-être aussi les semaines à venir
Comme précédemment, l'idée est de pouvoir tenir un peu plus de 24 heures sur place. Mais surtout, à plus long terme, de répéter l'opération aussi longtemps que nécessaire pour se faire entendre.
"Pour ne pas nous faire avoir, on s'organisera pour revenir régulièrement, assure Franck Sander. "On sera en capacité de maintenir la pression, ce n'est pas le moment de céder. Et on fera différemment, s'il le faut."
Diverses manifestations dans le Haut-Rhin
Dans le Haut-Rhin, la branche départementale du syndicat se laisse encore un petit temps de réflexion pour mieux dégainer. "Demain soir, on décide des actions pour le reste de la semaine" explique Pascal Wittmann, président de la FDSEA 68.
Il évoque "sans doute des actions coup de poing sur certains lieux, et un grand blocage fin de semaine. Mais rien n'est encore décidé." Seule certitude : FDSEA 67 et FDSEA 68 continueront à se coordonner, pour des actions non pas simultanées, mais consécutives, afin d'en amplifier l'impact.
Une mobilisation citoyenne mardi 30 janvier à Sélestat
De son côté, le syndicat de la Confédération paysanne d'Alsace appelle à une mobilisation citoyenne de 16h à 21h, mardi 30 janvier, devant la gare de Sélestat. Là, il n'est pas question d'un blocage, mais d'un temps convivial, avec de la musique, de la soupe offerte et des animaux que les enfants pourront câliner.
"Ce sera un moment de partage, explique Romain Deiberg, secrétaire général de la Confédération paysanne d'Alsace. Un rassemblement citoyen et paysan, bien sûr (…) A notre niveau, on insiste beaucoup sur ce travail de construction d'un monde agricole différent, mais avec les citoyens. Dans le but de reprendre conscience de ce qui se passe dans nos assiettes."
Peut-être par la suite des Alsaciens à Paris
Dans un premier temps, les agriculteurs alsaciens ne prévoient pas de se joindre à leurs collègues qui vont converger dès ce lundi 28 janvier vers la capitale. "Pour l'instant, on est focalisés sur Strasbourg, précise Franck Sander. Mais par la suite, s'il faut les soutenir, il n'est pas impossible que certains d'entre nous les rejoignent. On est assez structurés pour ça."
Car selon ses informations, le projet, là-bas, n'est pas d'entrer dans Paris, afin d'éviter de "se faire piéger", mais d'encercler la ville. Et de pouvoir ainsi assurer un blocage qui pourrait durer bien plus longtemps qu'un ou deux jours.