Colmar : l'association Flames ouvre un café-bistrot et propose des activités pour lutter contre l'isolement

Rund Um. Côté pile, Flames est un café-bistrot colmarien qui vient d'ouvrir. Côté face, c'est une association qui fourmille de projets, pour favoriser l'inclusion et les contacts humains, et combattre la solitude et la précarité.

A première vue, le café-bistrot Flames, ouvert depuis le 18 novembre dernier au centre-ville de Colmar, n'a rien de particulier. Sauf, peut-être, sa décoration très réussie et la chaleur de son accueil. Mais celle ou celui qui en franchit le seuil y perçoit rapidement une ambiance particulière. Un petit quelque chose en plus.

Car l'endroit, et l'association éponyme qui le fait vivre, ont pour vocation de favoriser le contact humain et de lutter contre l'isolement. En outre, les locaux adjacents, qui accueillent pour l'instant un petit marché de Noël, permettront à l'association de développer d'autres activités. Toujours dans le but de recréer du lien social.

Un café-bistrot pour tous

Un sapin près de la porte, et de larges vitrines joliment décorées. D'emblée, le nouveau café-bistrot du 6 rue de la Grenouillère, à Colmar, donne envie de s'y arrêter. Chacun est le bienvenu : touriste de passage, Colmarien de souche, groupe d'amis en quête d'un lieu sympa où boire un verre, personne isolée en manque de contact, ou personne à très faibles revenus… Qu'importe.

A l'intérieur, des tables dépareillées et des canapés invitent à la détente. Au mur, des étagères de livres, à lire sur place ou à emporter. Le service est assuré par deux salariés, secondés par une quinzaine de bénévoles qui se relaient. Pour le nouveau venu, impossible de savoir qui est qui. Mais chaque membre de l'équipe sait repérer les clients qui viennent pour autre chose que déguster un petit noir.

On commence à discuter avec elle, et rapidement, la personne s'ouvre, car c'est ce qu'elle attendait.  

Suzi Tridemy, salariée

"Si les clients viennent à deux ou trois, on les laisse tranquilles" explique Suzi Tridemy, l'une des deux salariés. Mais une personne solitaire, en recherche de contact, "on la perçoit. On voit qu'elle se sent un peu perdue. Alors on commence à discuter un peu avec elle. Et rapidement, la personne s'ouvre, car c'est ce qu'elle voulait."

Le dialogue s'instaure, l'échange redevient profondément humain. Pour le plaisir des deux parties. "Nous aussi, on se sent bien. On sent qu'on est utiles, vraiment utiles, et ça fait du bien" reconnaît Suzi Tridemy. "C'est vraiment une joie de venir" renchérit Marie-Paule Gallippi, bénévole et secrétaire de l'association. "Ici, j'ai déjà rencontré des gens tellement intéressants. C'est notre café, il est si convivial que je m'y sens comme chez moi."

Christian, un autre bénévole, est du même avis : "On a trouvé une super petite association. C'est magnifique, de créer ce lien social qui commence à disparaître dans la société."

La nouvelle association de l'ancien président d'Espoir

L'association Flames est née en janvier 2021, sous l'impulsion de l'ancien président de l'association Espoir, Bernard Rodenstein. Son but : "Favoriser le vivre-ensemble" ("Zàmmelääwe"). "A début de la crise du covid, beaucoup de personnes isolées se plaignaient de n'avoir plus personne" se souvient Bernard Rodenstein. "Puis j'ai appris que deux membres d'Espoir s'occupaient régulièrement de personnes seules ou malades, leur rendaient visite, leur faisaient des courses et prenaient le temps de discuter avec elles."

C'est notre café, je m'y sens comme chez moi.

Marie-Paule Gallippi, bénévole

"Donc, si deux personnes peuvent le faire, on peut réaliser bien davantage à l'échelle d'une association." D'où l'idée de créer Flames, "pour donner une plus grande dimension à ce travail de solidarité."

Le lieu s'est imposé de lui-même

Immédiatement, les membres de l'association ont rêvé d'un endroit convivial, café ou petit restaurant, où ils pourraient "donner du temps aux gens" et se rendre disponibles pour ceux qui ont "envie de parler". Mais encore fallait-il trouver un lieu adéquat, pas trop excentré.

Très rapidement, une jeune femme est venue les trouver. "Elle avait exploité ici un café-librairie durant dix ans, et avait envie de faire autre chose" raconte Bernard Rodenstein. Ayant entendu parler des projets de Flames, elle "est venue nous proposer son local." Un petit miracle.

Une bonne partie de la décoration est restée inchangée, il n'y avait même pas besoin de refaire les peintures. Au printemps prochain, quelques transformations seront nécessaires, principalement l'agrandissement de la cuisine et l'installation d'une hotte d'évacuation réglementaire. Histoire de pouvoir proposer de vrais repas chauds.

En attendant, les clients dégustent des soupes et des assiettes froides, et ne semblent pas s'en plaindre. Marylène Saupin, touriste de Valence, est déjà venue à deux reprises. "C'est très agréable, et convivial" sourit-elle. "Le décor est très joli, ils sont tous très sympas, c'est vraiment quelque chose de réussi."

Le contact, mais aussi la solidarité

De nombreux clients prennent le temps de lire le petit tract posé sur les tables, qui présente l'association et ses objectifs. Souvent, ils veulent en savoir davantage, et posent des questions aux bénévoles présents. Et en partant, certains règlent, en plus de leur propre consommation, un repas ou un café "suspendu".

"Je paie davantage. Ainsi, celui qui ne peut pas payer recevra un repas gratuit" explique Jean-Paul Brunstein, un client qui vient ainsi de passer à la caisse. Il précise ses motivations : "Actuellement, beaucoup de personnes n'ont plus assez d'argent. Pour moi, qui ai la chance d'en avoir suffisamment, il est normal de les soutenir un peu de cette manière."

Car le nom Flames est un acronyme pour : Fraternité, Liens d'Amitié, Mutualisation, Entraide et Solidarité. Et cette dernière notion englobe aussi, si nécessaire, une aide matérielle. Une personne qui a envie d'un repas ou d'un café, mais a des difficultés payer, peut se signaler discrètement en prenant l'une des petites pinces à linge disposées sur le comptoir. Pince à linge qu'elle rendra ensuite à la caisse, en lieu et place de son règlement.

Pour l'instant, ce système fonctionne principalement par le bouche à oreille. Il arrive aussi que des bénévoles de l'association amènent des personnes qui peuvent en bénéficier, mais n'oseraient pas venir d'elles-mêmes. Dans certains cas, si nécessaire, des dépannages sous forme de petits colis alimentaires sont également possibles.

De futures activités à inventer

Juste derrière le café-bistrot (il suffit de passer sous le porche à gauche), Flames dispose encore d'un second local de la même dimension. A nouveau, une opportunité et une coïncidence à peine croyables. Car à peine quelques jours après s'être vu proposer le café, Bernard Rodenstein a découvert, en passant, que ce local, occupé jusque-là par une auto-école, était également mis en location. Et pour l'instant, un généreux sponsor permet à l'association de payer les loyers. 

Dans l'immédiat, ce second espace abrite un petit marché de Noël. Mais dès la nouvelle année, il sera destiné à d'autres usages : "Ce sera notre salle pour les réunions de l'association" détaille Bernard Rodenstein. "Et elle nous offrira la possibilité d'accueillir des gens pour des entretiens."

Deux magistrats retraités se proposent comme "écrivains publics spécialisés dans les affaires juridiques". Une bénévole "qui gère une ludothèque est prête à animer des ateliers de jeux de société." Et au sous-sol, "on aménage un atelier de création artistique."  

D'une certaine manière, ce lieu, tout comme l'association, est encore en construction. Toute personne bénévole qui aurait une activité à proposer et un peu de temps à partager est la bienvenue. L'association Flames grandira et évoluera en fonction des idées et de l'énergie de ses membres, et des besoins de ses bénéficiaires.

La solitude est aussi une forme de pauvreté. 

Bernard Rodenstein, président de Flames

Cependant, l'ancien président d'Espoir tient à le repréciser, Flames ne s'adresse "pas uniquement à des personnes en situation précaire. Mais avant tout à des personnes isolées, qui cherchent un lieu où elles peuvent faire des activités avec d'autres." Car, ajoute-t-il, "on n'est pas forcément pauvre quand on est seul. Mais en soi, la solitude est aussi une forme de pauvreté."

Et pour le 24 décembre, veillée de Noël, les membres de l'association invitent les personnes isolées dès 19 heures au café, pour un repas de fête offert et une soirée musicale.

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