Des enfants handicapés privés de transport : "mon fils doit attendre jusqu’à 1h30 pour que je vienne le chercher à l'école"

Depuis le 2 septembre, certains parents d’enfants handicapés se sont retrouvés sans solution de transport pour leur enfant. Le trajet maison-école est devenu une vraie source de stress pour la majorité d’entre eux. En Alsace, 63 familles sont toujours en attente de solution faute de chauffeurs disponibles.

"Malgré tous nos efforts, le transport de votre enfant ne pourra être mis en place pour la rentrée du 4 septembre." Voici le message que certaines familles, dont l’enfant est porteur de handicap, ont reçu le 2 septembre. Un message reçu deux jours à peine avant la rentrée des classes.

Emilie Giannotti fait partie de ces familles. Du jour au lendemain, elle s’est retrouvée sans solution pour amener son enfant à l’école. Son fils de 14 ans est autiste Asperger. Il est impossible pour lui d’aller à l’école par ses propres moyens. Désorientation, angoisse, perte de repères, il a besoin d’accompagnement, d’autant que là où il habite à Koestlach (Haut-Rhin), aucun transport en commun n’existe.

"Je travaille à Mulhouse toute la journée, je n’ai pas de famille dans le coin et je ne peux pas me démultiplier, parfois mon fils doit attendre une heure et demie pour que je vienne le chercher à l'école", nous confie Emilie.

63 familles en attente 

Agacée et surtout inquiète, la mère de famille attend des réponses concrètes. "Nous n’avons pas d’informations, pas d’explications. La semaine prochaine, on rentrera dans la quatrième semaine sans transport pour mon fils" ajoute-t-elle.  

Comme elle, 63 autres familles sont en attente de solution dont 53 dans le Haut-Rhin et 10 dans le Bas-Rhin. Pour faire en sorte que les choses bougent, Emilie a décidé de monter un collectif avec d’autres familles du secteur d’Altkirch. Même chose pour Céline Weissrock, habitante d’Ebersheim (Bas-Rhin) qui, elle, a créé une page facebook.

Dans le cas de Céline, le transport existe, mais il n’est pas vraiment fiable selon elle. Sa fille, Justine, 12 ans, a des troubles neurologiques. Elle aussi a besoin d’un chauffeur pour l’amener à l’école. Mais depuis le changement de prestataire cette année, rien ne va plus.

"L’année dernière, lorsque la CEA traitait avec l’entreprise de transport de Fegersheim, tout allait bien. Mais depuis le nouvel appel d’offres, perdu par l’entreprise alsacienne, nous nous sommes retrouvés avec une entreprise parisienne qui semble embaucher un peu n’importe qui pour transporter nos enfants", explique Céline Weissrock.

"Avant elle partait avec le sourire, là je vois qu’elle est perturbée"

Céline Weissrock, mère d'une enfant porteuse de handicap

"J’ai demandé au nouveau chauffeur s’il était formé aux premiers secours et sa réponse était floue, je ne peux pas l’accepter. J’ai besoin d’avoir confiance en la personne à qui je confie ma fille", explique Céline. Depuis, elle a interpellé les institutions compétentes et un nouveau chauffeur lui a été attribué pour sa fille. Mais la maman regrette le manque de stabilité pour ces enfants qui en ont cruellement besoin : "Avant, elle partait avec le sourire, là je vois qu’elle est perturbée", ajoute la mère de famille.

La CEA en appelle aux taxis privés

C’est à la Collectivité européenne d'Alsace (CEA) que revient la responsabilité du transport des enfants en situation de handicap. En Alsace, 1799 enfants ont besoin de chauffeurs pour les amener à l’école. Cette année, la CEA a donc fait un nouvel appel d’offres. "Nous avions des critères bien précis, nous souhaitions des chauffeurs en CDI pour assurer une continuité, qu’ils soient formés aussi pour ce type de transport, le tout à des prix corrects, ça ne rend pas la tâche facile", nous explique Karine Pagliarulo, chargée du handicap à la collectivité.

Seulement voilà, au niveau national, il y a une pénurie de chauffeurs à tous niveaux. Une pénurie qui se fait d’autant ressentir dans certains secteurs comme le Sundgau où "les chauffeurs sont tous déjà occupés avec le transport de malades qu’ils emmènent vers les établissements de santé", ajoute-t-elle.

"Nous comprenons la détresse de ces familles, nous aussi, avons été mis devant le fait accompli. Nous mettons tout en œuvre pour trouver des solutions au plus vite"

Karine Pagliarulo

Vice-présidente de la CEA en charge de l'accompagnement des personnes handicapées

"Nous comprenons la détresse de ces familles. Nous aussi avons été mis devant le fait accompli le 2 septembre. Nous avons très peu de temps pour trouver une solution et mettons tout en œuvre pour que cela se fasse au plus vite", indique Karine Pagliarulo.

Face au manque de chauffeurs spécialisés, la CEA en appelle maintenant aux compagnies de taxis privés. Une vingtaine manque toujours à l’appel pour que les 63 enfants, sans transport actuellement, puissent se rendre à l’école sereinement. En attendant, la CEA affirme prendre en charge les frais de déplacements des familles concernées. 

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